À procura de textos e pretextos, e dos seus contextos.

10/03/2010

Par consentement éclairé

Environ la moitié des états des Etats-Unis exigent qu’une femme qui désire se faire avorter soit informée de certaines choses avant de pouvoir procéder à l’opération. Dans le Dakota du Sud, par exemple, il y a encore quelques mois, le personnel médical devait annoncer à la femme : « l’avortement mettra fin à une vie, celle d’un être humain formé, distinct et unique » ; la femme enceinte a « un lien avec cet être humain qui n’est pas encore né, » un lien protégé par le Constitution des Etats-Unis et les lois du Dakota du Sud ; et aussi qu’un « risque médical connu » de l’avortement était « une augmentation du risque de suicide ou de pensées suicidaires ». Un juge fédéral a éliminé les deux dernières affirmations, en les qualifiant d’ « inexactes et trompeuses ». (1)

Personnellement, je contesterais même la première affirmation sur l’embryon qui est un être humain mais là n’est pas le sujet. Je voudrais souligner ici que lorsqu’un jeune homme ou une jeune femme s’engage dans l’armée, il ou elle devrait être avisé(e) de la chose suivante :

« Les Etats-Unis sont en guerre (une affirmation qui est toujours vraie). Vous serez probablement envoyé sur un champ de bataille où on exigera le meilleur de vous pour mettre fin à des vies humaines formées, distinctes et uniques, des êtres humains vivants dont vous ne savez rien et qui ne vous ont fait aucun mal, pas plus qu’à votre pays.

Au cours du processus, vous pourriez éventuellement perdre un bras ou une jambe. Ou la vie. Si vous revenez vivant et en un seul morceau, il existe une bonne probabilité que vous souffriez d’un stress post-traumatique. N’attendez pas du gouvernement qu’il vous soigne au mieux, ni même qu’il vous soigne du tout.

Quoi qu’il en soit, vous pourriez en arriver à infliger de mauvais traitements à votre conjoint et vos enfants et/ou à d’autres personnes, à tuer différents individus, à consommer des drogues et/ou de l’alcool, et par constater une augmentation du risque de suicide ou de pensées suicidaires.

Quelle que soit la gravité de votre état, le Pentagone pourrait décider de vous renvoyer en mission sur le champ de bataille. C’est ce qu’ils appellent « stopper l’hémorragie du recrutement ». Votre seule alternative sera de vous faire porter "absent sans permission". Avez-vous des amis au Canada ? (principale destination pour les "déserteurs" étatsuniens - NdT)

Surtout, ne vous avisez pas de demander à vos officiers supérieurs pourquoi vous combattez. Même les généraux n’en savent rien. En fait, ce sont surtout les généraux qui n’en savent rien. Ils n’occuperaient jamais le poste qu’ils occupent s’ils étaient capables de comprendre les choses au-delà de la propagande que l’on nous sert, cette même propagande qui fait que vous êtes là aujourd’hui dans ce bureau de recrutement. »

En considérant que pour de nombreux jeunes ces dernières années, c’est la situation économique qui est la raison principale de leur engagement dans l’armée, je les invite à réfléchir à ceci : « Vous avez été enrôlés pour aller combattre, et peut-être mourir, pour un pays qui n’est même pas capable de vous offrir un emploi décent, ni même un emploi tout court. »

« J’ai peur pour nous tous, mais j’ai surtout peur pour ceux qui sont déjà au plus bas. Jusqu’où peuvent ils encore tomber sans devenir de la chair à canon ou des candidats à la chaise électrique ou des détritus sur un trottoir ou aller remplir les prisons, ou tout simplement finir dans la solitude et le suicide ? »
Carolyn Chute, romancière, Maine, USA

(...)

William Blum
http://www.killinghope.org/bblum6/aer79.html

traduction partielle VD pour le Grand Soir

http://www.legrandsoir.info/Par-consentement-eclaire.html

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