À trois jours du scrutin régional, la statistique publiée hier par le ministère de l’Emploi est un cinglant désaveu pour le gouvernement. En 2009, la France a détruit 322 000 postes dans le secteur privé. En tout, depuis le début de la crise en octobre 2008, le solde entre les créations et les disparitions d’emplois fait apparaître une perte nette de 600 000 postes. Un record dans l’histoire économique française ! « Les pertes nettes d’emplois en 2009 sont bien supérieures à la récession du début des années 1990. Je crois que ça n’a jamais existé, sachant qu’avant-guerre on n’a pas de statistiques », a relevé le directeur des statistiques de Pôle emploi, Bernard Ernst. De son côté, l’Agence centrale des organismes de sécurité sociale (Acoss), dont le champ est un peu différent et qui publie ses propres statistiques, relève 432 000 postes supprimés sur un an. Dans l’industrie, l’hémorragie d’emplois s’est poursuivie, avec 173 000 pertes nettes sur l’ensemble de l’année (– 4,9 %). La construction affiche une baisse de 1 % au dernier trimestre, soit 14 500 postes. Sur un an, dans ce secteur, « la contraction de l’emploi (…) s’accentue », avec une baisse de 2,6 %, soit 39 000 postes de travail en moins. Dans les services (intérim inclus, même si les missions sont effectuées dans l’industrie ou la construction), premier gisement d’emplois en France, la chute des effectifs a atteint 134 700 en 2009 (– 1,2 %). L’ampleur des pertes est sans précédent, mais la ministre de l’Économie, qui décidément adopte la positive attitude prônée en son temps par Jean- Pierre Raffarin, a trouvé dans ce constat alarmant un chiffre réjouissant. Dans son communiqué, Christine Lagarde glisse : « J’observe avec satisfaction le ralentissement important des destructions d’emplois à la fin de l’année 2009. » Elle prétend y voir « un encouragement à la politique industrielle offensive du gouvernement ». Avec 20 400 emplois détruits au dernier trimestre 2009, l’hémorragie a en effet reculé par rapport au trimestre précédent (79 800 postes), mais n’est toujours pas endiguée.
2 MILLIARDS DE RECETTES PERDUES POUR LA SÉCU
Préoccupation numéro un des Français, les pertes d’emplois n’épargnent pratiquement aucune région. Sur un an, hormis la Corse (+ 0,9 %), qui enregistre une hausse, dans toutes les autres régions, l’emploi salarié reste orienté à la baisse, tout particulièrement en Picardie (– 3,8 %), Haute- Normandie (– 3,7 %), Lorraine (– 3,3 %), Centre (– 2,8 %), Poitou-Charentes et Champagne- Ardenne (– 2,7 % chacune) et Franche-Comté (– 2,6 %). Dans la même veine, la France a connu, en 2009, le premier recul (– 1,3 %) de sa masse salariale privée de toute son histoire, a annoncé, hier, l’Acoss. Selon les statistiques de l’Insee, la masse salariale n’a jamais baissé depuis 1949, date de création de l’institut de statistiques, à l’exception d’un trimestre pour faits de grève en 1968. En cause : la disparition d’emplois salariés, mais aussi la hausse du chômage partiel et la diminution des heures supplémentaires. Résultat, le déficit du régime général (salariés) de la Sécurité sociale explose, sachant que la baisse d’un point de pourcentage de la masse salariale équivaut à 2 milliards d’euros de recettes perdues pour la Sécurité sociale. En cause, le recours massif au chômage partiel. Ainsi, selon l’Insee, 211 000 personnes ont été placées en chômage partiel au premier trimestre 2009, 245 000 au deuxième, 156 000 au troisième et 144 000 au quatrième trimestre. Or, l’indemnité de chômage partie est exonérée de cotisations patronales (mais pas de la CSG), ce qui fait perdre beaucoup de recettes à la Sécu. Rattrapé par la réalité des chiffres, le bilan économique du gouvernement est sous le feu des critiques (voir ci-dessous) et va, à n’en pas douter, peser fortement dans le choix des électeurs, dimanche.
CLOTILDE MATHIEU
http://www.humanite.fr/Hemorragie-d-emplois-du-jamais-vu-depuis-60-ans
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