À procura de textos e pretextos, e dos seus contextos.

13/03/2010

Capital-travail  : le cas d’école de Fralib

En grève depuis lundi, les salariés de cette usine, près de Marseille, réclament une augmentation de salaire de 200 euros. La CGT a mené l’enquête sur l’évolution du coût du travail depuis vingt ans. Édifiant  !

Marseille, correspondant régional. Depuis lundi, l’usine Fralib, de Gémenos, est en grève. Les salariés qui produisent du thé (Lipton et Éléphant) réclament une augmentation de salaires d’un montant de 200 euros. Suivi à 80 %, le mouvement a été reconduit hier en assemblée générale. « Le ras-le-bol est général, assure Olivier Leberquier, délégué syndical CGT. En cette période électorale, il faut entendre le message de ces salariés dont les groupes font d’énormes bénéfices et dont les rémunérations sont toujours tirées vers le bas. » L’explication avancée par la direction renvoie toujours au problème de « coût ». « Dans mon entreprise, je ne compte plus le nombre de fois ou je les ai entendus tenir ce discours pour justifier les fermetures de sites, une restructuration ou simplement pour entretenir la peur des salariés de perdre leur emploi afin de les exploiter au maximum », dénonce le syndicaliste. Alors, à l’approche des premières réunions pour les négociations annuelles obligatoires (NAO), il a regardé de plus près l’évolution de l’entreprise depuis vingt ans. Constat édifiant que nous décrypte Olivier Leberquier.

Les effectifs. « En 1989, le thé Lipton était produit sur deux sites, Le Havre et Marseille, comptant 286 salariés et donc des “coûts de structures”, comme ils disent, multipliés par 2. Aujourd’hui, il n’y a plus qu’un site, celui de Gémenos, et nous sommes 183 salariés. Ils font donc l’économie de coûts de structure d’un site et de 103 salariés. » La productivité du travail. « En 1989, les deux sites produisaient 1,580 milliard de sachets/an. En 2009, Gémenos, seul site, a produit 1,530 milliard. La production était donc de 5,525 millions de sachets/an et par salarié en 1989. Elle est aujourd’hui de 8,270 millions sachets, soit 2,745 millions de sachets en plus par salarié et par an. En vingt ans, la productivité et l’exploitation par salarié a donc augmenté de 50 %. » Les salaires. « Dans le même temps, le salarié qui était payé 46 % au-dessus du SMIC n’est plus payé que 3,5 % au-dessus du smic. » Le syndicaliste détaille  : « En 1989, le smic mensuel dans notre entreprise (référence horaire mensuelle de 163 h 13) était de 740 euros. Le 1er coefficient 135, utilisé pour le calcul d’un certain nombre de primes, c’est aussi, dans certains cas, le salaire des intérimaires qui était de 971 euros, soit 31 % au-dessus du smic. Le 1er coefficient utilisé pour un opérateur est le 170. Il était de 1 082 euros, soit 46 % au-dessus du SMIC. Aujourd’hui, le smic mensuel dans notre entreprise est de 1 046 euros (référence horaire mensuelle de 163 h 13). C’est devenu le salaire mensuel du coefficient 135, mais aussi celui du 145. Les deux premiers coefficients de notre grille sont donc maintenant au même niveau que le smic. Un coefficient moyen est le 200. En 1989, il était à 1 240 euros et se situait à 68 % au-dessus du smic, il est aujourd’hui à 1 708 euros et plus qu’à 16 % au-dessus du smic. »

Les profits. Le groupe Unilever a reversé, en 2008, 750 millions d’euros de dividendes contre 300 millions en 2007.

Résultat  : « Sur une boîte de 25 sachets de thé ou d’infusion que vous trouvez dans le commerce entre 1,65 et 2,60 euros, la totalité de nos salaires, y compris ceux de nos dirigeants, avec les cotisations sociales salariales et patronales incluses ne représentent que 17 centimes d’euro. » Les salariés en arrivent donc à la conclusion qu’« une augmentation de salaire immédiatement de 200 euros pour tous est possible par une réelle répartition des richesses ». CQFD.

Christophe Deroubaix

http://www.humanite.fr/Capital-travail-le-cas-d-ecole-de-Fralib

Sem comentários:

Related Posts with Thumbnails