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11/03/2010

La pauvreté augmente de nouveauLe dernier rapport de l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale reconnaît officiellement l’échec

Le dernier rapport de l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale reconnaît officiellement l’échec du gouvernement à réduire la pauvreté. La récession y est évidemment pour quelque chose...Une analyse de Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités. Extrait du magazine Alternatives Economiques.

L’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (Onpes) vient de remettre son rapport annuel. Il dresse un état des lieux complet de la pauvreté en France. L’observatoire livre une batterie particulièrement riche de données qui permet de comprendre la pauvreté notamment via 11 indicateurs phares, du taux de pauvreté à la part des demandeurs d’emploi non indemnisés en passant par les inégalités de revenus. Mais ces données, publiées début 2010, posent problème : elles portent en effet au mieux sur l’année 2007 pour la plupart des indicateurs. Ce qui signifie qu’elles ne prennent pas en compte l’effet du retournement économique majeur intervenu depuis deux ans.

Malgré tout, l’Observatoire de la pauvreté ne peut se désintéresser de l’impact de la crise et porte une appréciation sur ses effets probables. Il s’appuie notamment pour cela sur les travaux réalisés par l’Observatoire français des conjonctures économiques (OCFE). Selon cet organisme, la récession devrait avoir pour effet une hausse de 240 000 du nombre de personnes pauvres au seuil de 60 % du revenu médian et une élévation du taux de 0,3 points du taux de pauvreté de 13,4 à 13,7 %. L’Observatoire reconnaît au passage que, dans ce contexte, les objectifs gouvernementaux de réduction d’un tiers de la pauvreté d’ici 2012 ne seront pas tenus : « l’indicateur n’évoluera pas spontanément de façon favorable » (sic).

A l’évidence pourtant, on ne saurait faire porter à Martin Hirsch - le haut commissaire aux solidarités actives - et à Nicolas Sarkozy l’entière responsabilité de cet échec. Un certain nombre de mesures prises depuis 2007, n’étaient pas favorables, comme le développement des heures supplémentaires via des incitations financières... Mais l’effet de la récession joue évidemment un rôle déterminant dans cette évolution négative.

Que ce se serait-il passé si le gouvernement avait bénéficié d’une phase de forte croissance ? La pauvreté se serait réduite et l’ensemble des commentateurs aurait salué l’action du haut commissaire et du président. Pour autant, ils n’auraient pas davantage été les artisans de cette baisse...

Cette situation doit amener à s’interroger sur le caractère en partie artificiel des évaluations de politiques réalisées à partir de critères quantitatifs qui évoluent de façon relativement indépendante des politiques menées... On ne sait pas en réalité attribuer avec précision la responsabilité de l’évolution de la pauvreté. Il en est exactement de même pour l’insécurité : les cambriolages explosent, les coups et blessures augmentent, mais le président de la République et son ministre de l’intérieur n’en sont pas pour autant directement responsables...

Dans un domaine pourtant, une telle évaluation est possible. On peut déterminer de façon très nette l’impact des diminutions d’impôts intervenues depuis 2000 sur la hausse des inégalités. L’écart de revenus entre les plus riches et les plus pauvres s’est creusé de 4 850 euros entre 1996 et 2007 (voir encadré). Une partie de cet écart résulte directement des cadeaux fiscaux aux plus aisés. La mise en place de la prime pour l’emploi ou du revenu de solidarité active (RSA) ne change rien en particulier à la situation de ceux qui ne travaillent pas. Comme le remarque l’Onpes, depuis 1990 le pouvoir d’achat des minimas sociaux stagne. Le RMI, qui représentait 48,7 % du Smic en 1990 n’en pèse plus désormais que 43,7 %.

Mesure des inégalités : un pas en avant
L’Onpes a réalisé dans son dernier rapport un pas en avant conceptuel : pour la première en France, une institution publique s’intéresse non plus seulement aux inégalités relatives de revenus (le rapport entre le niveau de vie des plus riches et celui des plus pauvres), mais aussi absolues (l’écart entre ces grandeurs). Comme le note l’Onpes, entre 1996 et 2007 l’écart entre le seuil du revenu minimum des 10 % les plus riches et les seuil supérieur des 10 % les plus pauvres s’est creusé de 4 850 euros. Ce faisant, il reprend en fait, sans les citer, les éléments publiés par l’Observatoire des inégalités et Alternatives Economiques depuis plusieurs années. Le plus souvent, on se contente de présenter le rapport entre ces deux types de revenus.
Aucune des deux mesures n’est meilleure que l’autre. La mesure relative est fondée sur l’idée qu’un euro gagné par un millionnaire lui rend moins service qu’un euro touché par un rmiste (c’est d’ailleurs pour cela que le premier peut être taxé davantage...). Mais entre revenus proches, on se compare bien en euros, et c’est avec des euros, et non des pourcentages, qu’on fait ses courses ou qu’on se loge.

Article du 4 mars 2010 extrait du site du magazine Alternatives Economiques.

http://www.inegalites.fr/spip.php?article1216&id_mot=30

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