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10/03/2010

Grèce : Papandreou annonce des coupes budgétaires encore plus sévères

Stefan Steinberg - Mondialisation.ca, Le 9 mars 2010

S'inclinant face à l'intense pression exercée par les banques internationales et l'Union européenne (UE), le gouvernement grec dirigé par le premier ministre George Papandreou du parti social-démocrate PASOK a accepté un deuxième paquet fiscal d'augmentation des impôts et de coupes budgétaires d'un montant total de 4,6 milliards d'euros (6,5 milliards de dollars ; 4,4 milliards de livres sterling). Pour justifier les dernières mesures d'austérité de son gouvernement, Papandreou a comparé la crise économique de la Grèce à une « situation de guerre. »

« Ces décisions sont nécessaires à la survie du pays et de l'économie », a dit Papandreou aux journalistes, « pour que la Grèce puisse sortir du tourbillon des spéculateurs et de la diffamation et pouvoir reprendre son souffle et continuer à se battre. »

Papandreou est venu au pouvoir en octobre dernier en appelant à la colère de la population contre la politique d'austérité droitière de son prédécesseur, Kostas Karamanlis. Aujourd'hui, à peine six mois plus tard, Papandreou a présenté les grandes lignes des attaques les plus vastes contre le niveau de vie de la classe ouvrière.

Les mesures introduites mercredi par le gouvernement comprennent une augmentation de la TVA (taxe à la valeur ajoutée) de 19 à 21 pour cent, une réduction de 10 pour cent du salaire des fonctionnaires du public, une augmentation de la taxe sur le carburant, du prix des cigarettes et de l'alcool, un gel des retraites et une réduction des primes de vacances versées aux fonctionnaires.

Ces mesures auront des conséquences tout particulièrement dévastatrices pour les travailleurs à bas salaires, les chômeurs, les familles et les retraités.

En commentant le nouveau plan d'austérité grec, Jose Manuel Barroso, président de la Commission européenne, a déclaré que le plan a confirmé que le gouvernement grec était déterminé à « prendre toutes les mesures nécessaires » pour réduire son déficit.

Après des semaines de baisse constante de sa valeur, l'euro a à nouveau rebondi face au dollar suite à l'annonce des nouvelles mesures. Les grandes institutions financières ont aussi donné une approbation réservée au plan d'austérité. L'agence de notation Standard & Poor's a publié un communiqué disant que les marchés avaient eu une vision trop pessimiste de la situation d'endettement d'Athènes.

D'un autre côté, le cours des valeurs a enregistré des baisses légères à la bourse grecque, les investisseurs craignant les conséquences des coupes budgétaires sur les entreprises.

La nouvelle tournée de coupes budgétaires du gouvernement Papandreou fait suite à une campagne orchestrée par l'UE, les banques et les gouvernements européens menés par l'Allemagne pour presser Athènes de rapidement accepter des mesures d'austérité supplémentaires.

Lundi, le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, déclarait après des entretiens à Athènes que la Grèce était confrontée « à un moment crucial de l'avenir de son pays. Aucun membre de la zone euro ne peut vivre de façon permanente au-dessus de ses moyens. » Dans un entretien en tête à tête, Rehn a critiqué le gouvernement de ne pas avoir pris l'initiative plus vite de convaincre les marchés financiers de la bonne volonté de la Grèce de réduire son déficit et de rembourser ses dettes.

Les commentaires de Rehn ont immédiatement été salués à Berlin. « La balle est dans le camp de la Grèce à présent, » a dit un porte-parole du gouvernement allemand.

La chancelière allemande, Angela Merkel, a organisé mardi soir une réunion ministérielle dans le but d'obtenir un accord pour un éventuel plan de sauvetage d'urgence de la Grèce. Tout en niant officiellement que le gouvernement allemand viendrait à l'aide de la Grèce, les ministres et les banquiers européens sont engagés en coulisse dans d'intenses négociations concernant précisément un tel plan d'urgence.

Les politiciens de l'UE tout comme les politiciens allemands s'inquiètent de savoir si les mesures introduites par le gouvernement Papandreou suffiront à éviter tout risque de faillite. Ils redoutent que toute défaillance du gouvernement grec de rembourser ses dettes à temps puisse à son tour entraîner la faillite d'une série d'autres Etats européens à risque. Un tel développement menacerait non seulement la monnaie unique européenne, l'euro, mais aussi l'UE elle-même.

Par ailleurs, l'UE et l'Allemagne hésitent à annoncer publiquement tout plan de sauvetage parce qu'ils craignent que ceci ne relâche la pression sur la Grèce d'appliquer de façon conséquente les coupes drastiques exigées par les banques. De plus, suite aux plans de renflouement massifs accordés aux banques européennes, tout plan de sauvetage pour le paiement de la dette grecque encourue des suites de la crise financière serait profondément impopulaire, aussi bien auprès de l'électorat européen que de l'électorat allemand. Par conséquent, le gouvernement allemand tient les pourparlers qu'il mène pour l'organisation d'un tel plan de sauvetage à l'écart des feux de rampe.

Selon un analyste financier influent, les réductions budgétaires mises en avant par le gouvernement grec « ont donné un élan aux marchés parce qu'elles laissent supposer que la Grèce a sérieusement l'intention de réduire son déficit. Elles permettent aussi aux autres pays de la zone euro d'offrir une aide financière tout en étant en mesure de dire à leurs contribuables qu'Athènes a pris les mesures que l'UE lui avait demandées. »

Dans le même temps, il existe de profondes divisions quant à la nature du plan de sauvetage - notamment s'il doit être mis sur pied uniquement par l'UE et les pays européens ou bien sur la base des ressources du Fonds monétaire international (FMI) dominé par les Etats-Unis - ce qui permettrait en fait à Washington de jouer un rôle dans les affaires de l'euro.

Aucune décision finale n'a été prise sur le plan mardi, mais un plan de sauvetage purement européen semblerait être le scénario le plus vraisemblable, selon le Financial Times.

Mercredi, Merkel a expressément salué les réductions annoncées par Papandreou qui se rendra à Berlin vendredi afin d'entamer d'autres entretiens avec le gouvernement allemand.

Alors que les marchés et l'UE ont réagi favorablement à la dernière série de réductions annoncées à Athènes, les experts financiers sont d'avis qu'elles ne peuvent être que le début, dans un avenir proche, de coupes budgétaires bien plus sévères encore.

Papandreou ne pourrait pas se lancer dans de telles coupes drastiques sans le soutien politique des syndicats grecs. Après la grève générale de mercredi dernier, les dirigeants des deux principales fédérations syndicales grecques ont clairement fait savoir qu'elles étaient prêtes à « partager la douleur. » Les syndicats font en sorte que les travailleurs puissent décharger leur colère dans des débrayages de courte durée tout en canalisant dans des voies nationalistes leur opposition à la politique de Papandreou.

Dans une interview accordée la semaine passée au WSWS, Stathis Anestis, le porte-parole de l'organisation syndicale des Travailleurs grecs (GSEE), a souligné que « les fédérations et les syndicats affiliés ont soutenu l'élection de ce gouvernement ». Il a ajouté, « Nous ne tenons pas spécialement à faire grève. »

Dans une interview accordée mercredi à CNN, Vasileios Xenakis, le secrétaire international d'ADEDY (syndicat de la fonction publique), a qualifié les récentes coupes budgétaires de « peu équilibrées » et a mis en garde contre des problèmes sociaux si les syndicats n'étaient pas associés au processus de négociation.

Autrement dit, Yenakis et les syndicats grecs ne rejettent pas ces coupes budgétaires. Au contraire, ils offrent leurs services pour leur mise en vigueur dans le but de semer la confusion dans l'opposition sociale.

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