Suspendue le 19 février après le recours en référé contre le lock-out organisé dans l’usine Philips de Dreux (Eure-et-Loir), la procédure d’information-consultation des représentants du personnel a redémarré hier matin à l’occasion d’un comité central d’entreprise (CCE). Presque comme si de rien n’était. Dans son ordonnance de référé, le tribunal de grande instance de Chartres avait relevé un certain nombre de manquements de la direction : alors que les syndicats contestent depuis le départ l’extraction de leur usine de la branche – bénéficiaire – du groupe dédiée à l’électronique grand public, doublée de son placement dans une unité économique créée pour l’occasion et présentée comme déficitaire, la direction de Philips refuse de leur communiquer les éléments financiers globaux qui leur permettraient de contester le « motif économique » de la fermeture et de leurs licenciements. Pour Philips, quoi qu’en dise la justice, il s’agit de fermer, et vite ! « Philips est la seule marque restée aussi longtemps en Europe de l’Ouest à produire des téléviseurs, s’est vanté, hier, un porte-parole de la firme. Nous avons orienté la production sur des écrans haut de gamme, mais même sur ces produits, les marges se sont réduites ces dernières années. » Côté syndical, on ne cache pas sa colère. « Le processus a repris, Philips ne revient pas sur sa décision de fermer l’usine, la direction nous a donné un certain nombre d’éléments comptables et nous avons mandaté un expert », explique Jean-Amar Arrar, délégué central FO. Après avoir à la mi-février envoyé à la plupart de ses 212 salariés de Dreux des propositions de reclassement à 450 euros par mois dans son usine hongroise, la direction propose, en guise de « mesures d’accompagnement », une enveloppe de vingt-quatre mois d’indemnités de licenciement et un an de reclassement. « Il y a clairement un désengagement de Philips en Europe de l’Ouest et, comparé à Total, on n’a pas de solution en interne proposée », regrette encore le syndicaliste FO. Pour Manuel Georget, délégué syndical CGT de l’usine de Dreux, « Philips ne change pas d’un iota sa position et nous repropose un plan social qu’ils ont eux-mêmes clôturé ». Selon le syndicat, qui n’exclut pas de retourner devant la justice, la direction ne respecte toujours pas ses obligations. « Tant qu’ils ne nous présentent pas une procédure réintégrant Dreux dans sa branche d’origine qui est largement bénéficiaire, ils seront hors sujet, reprend Manuel Georget. Jusqu’ici, ils ont tout fait pour nous fermer, mais nous avons démontré que c’était injustifié ! »
Thomas Lemahieu
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