BNP Paribas se félicite de ses très bons résultats en 2009, mais reste discrète sur une autre augmentation : celle des bonus de ses traders. Ils ne souffriront pas de la taxe de 50% imposée par le gouvernement. Les patrons de la banque, à la diète pendant un an, seront aussi à la fête.
Selon un porte-parole de BNP Paribas, la banque versera 500 millions d'euros au total à ses 4 000 « opérateurs de marchés », soit une moyenne de 125 000 euros par personne. Une moyenne qui ne reflète pas les forts écarts entre les salariés les plus performants et les autres.
La hausse des bonus est en tout cas très nette. Il suffit de s'intéresser aux frais de gestion du pôle « Corporate and investment banking » (CIB), des frais liés pour l'essentiel aux rémunérations des traders :
- Frais de gestion en 2008 : 3,711 milliards d'euros
- Frais de gestion en 2009 : 5,453 milliards d'euros
- Hausse en un an : 1,742 milliard, soit près de 47%
C'est mieux qu'un retour à la normale. En 2007, les frais de gestion du pôle ne s'élevaient qu'à 4,473 milliards d'euros. C'était pourtant une année de résultats records : seuls les pessimistes chroniques prédisaient une crise, et Bernard Madoff n'était pas encore une star mondiale.
La hausse des bonus pour 2009 n'est pas vraiment une surprise. L'été dernier, BNP Paribas avait admis qu'elle avait provisionné un milliard de plus qu'en 2008 pour rémunérer ses traders.
Une hausse pour compenser la taxe de 50% sur les bonus
Au final, la hausse est largement supérieure au milliard prévu cet été. La différence permettra de compenser les mesures douloureuses prises par l'État et de préserver le pouvoir d'achat des traders.
BNP Paribas le précise elle-même dans son communiqué. D'abord, ces frais de gestion prennent en compte les nouvelles règles imposées par le G20 : désormais, les traders seront davantage rémunérés en fonction de leurs résultats réels, et les versements seront étalés dans le temps.
La hausse prend aussi en compte une autre mesure, plus sévère : suivant l'exemple britannique, la France a décidé de taxer à 50% les bonus des traders en 2009.
Selon BNP Paribas, l'évolution des frais de gestion n'est pas significative : il ne faut pas seulement prendre en compte ce que les traders ont coûté, mais aussi ce qu'ils ont rapporté.
La banque assure que son « ratio de rémunérations » est « parmi les plus bas du secteur au niveau mondial ». Ce ratio, c'est le rapport entre les rémunérations versées et les résultats du pôle CIB. Il aurait été de 27,7% pour 2009, contre « aux alentours de 40% » jusqu'ici.
Les patrons de BNP Paribas vont retrouver leurs bonus
Les dirigeants de BNP Paribas vont aussi profiter des bons résultats de 2009, puisqu'ils ont à nouveau le droit de toucher des bonus. Ils avaient dû s'en priver pendant un an, en contrepartie d'une aide financière d'urgence de l'État.
Les montants doivent encore être fixés par le conseil d'administration. Les bonus étant indexés sur les résultats de la banque, ils s'annoncent confortables. Notamment pour le directeur général, Baudouin Prot : le conseil d'administration prévoit une prime spéciale pour le récompenser de son coup de maître, avoir profité de la crise pour s'emparer de la banque belge Fortis.
http://eco.rue89.com/2010/02/17/bnp-paribas-pour-les-bonus-des-traders-la-crise-est-finie-138974
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