La crise budgétaire grecque est un symptôme des déséquilibres qui mèneront à la dislocation de la zone Euro, selon Albert Edwards, l’un des analystes les plus réputés de la Société Générale; Martin Feldstein, professeur à l’Université de Harvard, a déclaré que l’union monétaire « ne fonctionne pas dans sa forme actuelle »
Les pays d’Europe du Sud sont piégés par une monnaie surévaluée, et étouffés par trop peu de compétitivité, écrit aujourd’hui dans un rapport le fameux Edwards. Au micro de Bloomberg Radio, Feldstein a dit qu’une politique monétaire à taille unique a généré de gros déficits car les contextes monétaires des pays sont trop différents.
Pour des pays comme le Portugal, l’Espagne et la Grèce, le problème “est que des années de taux d’intérêts bas, inappropriés ont conduit à une surchauffe et à une inflation rapide”, dixit Edwards. Même si les gouvernements “ réduisaient radicalement leurs déficits budgétaires, le manque de compétitivité à l’intérieur de la zone euro nécessiterait des années de déflation relative (et sans doute absolue vu le contexte global). Toute aide à la Grèce ne fera que repousser la dislocation inévitable de la zone euro.”
L’Euro a décroché de 9,9% par rapport au dollar depuis novembre; les pays concernés dont la Grèce vont devoir lutter pour réduire leurs déficits budgétaires. La monnaie commune et les actions étaient à la baisse hier quand les dirigeants européens serraient les rangs pour défendre la Grèce, selon un plan que les investisseurs ont trouvé imprécis.
Baisses de l’Euro
L’euro a baissé pendant trois jours de suite par rapport au dollar, jusqu’à 1,3626 dollar à 17h à Londres. La reprise en Europe a patiné au quatrième trimestre, et dans les 16 pays de la zone euro le PIB a cru d’un petit 0,1% par rapport au troisième trimestre - vient de communiquer l’office des statistiques de l’Union Européenne basé au Luxembourg.
C’est la Banque Centrale Européenne qui fixe les taux d’intérêt pour les 16 pays de la zone euro, mais jusqu’à présent chacun doit gouverner son économie, et réguler ses impôts et son budget.
“Ils ont une seule politique monétaire, mais chaque pays peut fixer sa propre politique fiscale et budgétaire,” dit Feldstein, 70 ans. “Il y a pour ces pays une trop grande tentation d’accroître leurs déficits sans conséquence, jusqu’à la crise,” ajoute-t’il.
Tommaso Padoa-Schioppa, un ancien membre du comité éxécutif de la Banque Centrale Européenne et Ministre des finances italien, vient de déclarer qu’il n’y avait pas de possibilité de partition de la zone euro.
Padoa-Schioppa:
“Je ne crois pas qu’il y ait de candidat pour cette éventualité, et je crois qu’il ne rime pas à grand chose d’en parler,” a-t’il dit dans un interview à la Bloomberg Television.
Edwards a été nommé deuxième meilleur stratège européen au palmarès 2009 de l’étude de Thomson Extel après son collègue de l’époque James Montier; il est connu pour ses vues baissières du marché actions. En 1996 il a mis en émoi les gouvernements d’Asie du sud-est en prédisant la fusion monétaire qui a frappé la région un an après. L’enquête a également nommé la Société Générale “la firme ayant la meilleure approche économique, financière et stratégique..”
Feldstein a écrit dans un article de 1997 que, s’il est impossible de prédire que des conflits politiques vont mener à une guerre, “il y a vraiment une possibilité de pondérer les effets potentiels” des unions monétaires et politiques.
Après un long plongeon de trois mois des valeurs grecques harcelées par la spéculation, il fallait faire face à cette menace de faillite: hier les leaders de la zone euro ont demandé fermement à ce pays de réduire son déficit budgétaire et ont prévenu les investisseurs qu’ils feraient bien de défendre le pays contre les attaques spéculatives en cas de besoin.
Valeurs portugaises et espagnoles
Les valeurs portugaises et espagnoles ont baissé au début du mois; c’est lié au fait que ces pays devraient aussi faire des coupes dans leur budget.
La tentative du premier Ministre George Papandreou de mettre sous contrôle ce budget toujours plus conséquent est mise en cause par les grèves d’élèves, des hôpitaux et des employés des compagnies aériennes.
“Contrairement au Japon ou aux U.S.A., l’Europe a une tendance malheureuse à l’instabilité sociale en cas de problème économique sévère” a écrit Edwards. Faire subir à ces pays d’Europe du sud aux finances trop faibles “une période de déflation prolongée, c’est sans doute imposer un test trop sévère à ces nations.”
La crise budgétaire en Grèce peut évoluer comme la chute des devises asiatiques en 1997, qui a ouvert la porte en 1998 à la crise financière russe et à la faillite du Long-Term Capital Management LP (ndt: un hedge fund), précisa Edwards.
C’est “un chapitre différent du même livre,” dit-il et il ajoute que le besoin de resserrer les déficits est “une préoccupation particulière pour les U.S.A. et U.K.” “Il y aura d’autres crises après la Grèce, à l’intérieur comme à l’extérieur de la zone euro.”
Sem comentários:
Enviar um comentário