Différentes prévisions tablent sur une augmentation moyenne des salaires particulièrement faible en 2009. Or l'austérité salariale pourrait encore s'accentuer l'année prochaine. Reste à savoir qui est le plus touché. Les avis divergent.
2009 sera une mauvaise année pour les augmentations de salaires. Le cabinet de conseil Hewitt, à partir de données recueillies auprès de 94 sociétés françaises, table sur une augmentation globale des salaires de 2,8 % en 2009 contre 3,3 % en 2008. Le cabinet Mercer, qui a réalisé une enquête sur 313 entreprises françaises, ne communique pas de moyenne mais prévoit une même tendance à la sobriété: pour 50% des cadres, les salaires augmenteront de moins de 1,3% et pour 50% des ouvriers, les salaires augmenteront de moins de 1,6%. Seuls 25% des salariés français verront leur salaire augmenter de plus de 3% en 2009.
Difficile de comparer deux prévisions qui n'offrent pas les mêmes indicateurs. "On trouvera toujours autant d'estimations différentes que d'études", commente Eric Heyer, économiste à l'OFCE. "Il faut observer les chiffres du chômage pour avoir de bonnes prévisions sur l'évolution des salaires", avance l'économiste, se référant à la courbe de Phillips selon laquelle il existe une relation inverse entre le taux de chômage et le taux d'augmentation des salaires. "La progression du chômage a été très forte en 2009, ce qui explique la faiblesse des taux d'augmentation des salaires par rapport à 2008". L'OFCE est encore plus pessimiste qu'Hewitt ou Mercer pour l'année 2009: elle prévoit une augmentation des salaires de 2,5% seulement.
Qui est le plus touché ? Là-dessus, les études divergent. Pour le cabinet de conseil Mercer, les cadres sont les plus touchés, et de loin : 50% des entreprises ont gelé le salaire des hauts dirigeants en 2009 alors que seules 35% des entreprises ont gelé le salaire des ouvriers. Les résultats de l'étude Hewitt sont différents : les cadres supérieurs et les dirigeants auraient été préservés. Ils enregistreraient respectivement des augmentations salariales de 2,9% et 3,3% en 2009, alors que les ouvriers, moins favorisés, n'enregistreraient qu'une augmentation de 2,6%. Quant à Eric Heyer, il note que les cadres sont souvent les plus protégés en matière d'augmentation de salaires. "Si on a l'impression que les cadres sont les plus touchés, c'est sûrement parcequ'une partie élevée des salaires des cadres est distribuée en prime. Avec la crise, les primes sautent souvent, mais les salaires fixes continuent d'augmenter. Dès que la situation des salaires va s'améliorer, ce sera en faveur des cadres."
Quelles prévisions pour 2010 ?Selon Mercer, la situation va s'améliorer légèrement en 2010. Seules 22% des entreprises pratiqueront un gel des salaires contre 38% en 2009. Eric Heyer doute que la situation des salaires s'améliore, car "les entreprises seront en position de force dans les négociations de salaires tant que le chômage sera en hausse. Avec la crise, les entreprises enregistrent des activités en forte baisse et se voient obligées de faire des ajustements sur les salaires et l'emploi. Ces ajustements ne sont pas finis car les taux de productivités sont encore extrêmement bas. En 2010, il y aura encore moins de revenus à distribuer et les revenus augmenteront encore moins vite." C'est pourquoi l'OFCE est très pessimiste dans ses prévisions pour 2010 : elle prévoit un taux d'augmentation des salaires de 2,2% seulement, contre 2,5% pour 2009. L'étude Hewitt perçoit la même tendance que l'OFCE mais se montre légérement plus optimiste: elle prévoit une augmentation des salaires de 2,6% en 2010, contre 2,8% en 2009 et 3,3% en 2008. Cela dit, pour l'OFCE comme pour Hewitt, la hausse des salaires en France l'année prochaine sera la plus faible depuis 30 ans.
l'expansion.com - 05/10/2009
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