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04/07/2009

Violence de banlieue et politisation juvénile

Angelina Peralva

On a pu dire, suite à la grande mutation qui a marqué l'infléchissement de la société industrielle et du monde ouvrier, que la scène urbaine était désorganisée et vide. Aujourd'hui, malgré une grande absence de travaux de terrain susceptibles de rendre compte de la diversité des significations de la violence juvénile, il serait difficile de continuer à soutenir une telle affirmation. La scène urbaine n'est pas vide : elle est remplie d'un mélange inextricable de révolte et de délinquance banale se prêtant aux interprétations les plus disparates. Dans les représentations courantes, l'idée de violence se distingue mal d'une délinquance sans cesse croissante, pratiquée par des jeunes très jeunes, des adolescents à peine sortis de l'enfance. Dans les banlieues, les quartiers dits « sensibles », on a de plus en plus tendance à classer dans le registre de la violence une série de conduites juvéniles, autrefois tolérées, et qui sont aujourd'hui perçues comme non maîtrisables, en fonction de la disparition d'un certain nombre de mécanismes régulateurs. Cette violence met en jeu une crise dans les rapports entre les générations, elle est davantage expressive qu’instrumentale et elle relève plus d’un processus difficile de politisation de la jeunesse populaire, défini par la sous-constitution du sens de sa protestation dans le cadre d’une société en mutation.

Angelina Peralva, « Violence de banlieue et politisation juvénile », Cultures & Conflits, 18, été 1995, [En ligne], mis en ligne le 04 mars 2005. URL : http://www.conflits.org/index451.html. Consulté le 04 juillet 2009.

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