Scandaleuse évacuation du piquet de grève d'Adec

Bernard Rondeau

Il est 7 heures du matin. Les travailleurs sans papiers d'ADEC en grève finissent leur nuit dans le dortoir improvisé sur le chantier de la rue Lapérouse qu'ils occupent depuis 3 mois. Le réveil est brutal, plusieurs dizaines de gendarmes mobiles envahissent les lieux. Un huissier leur demande de préparer leurs affaires, ils ont une demie-heure pour quitter les lieux.

Mr Doucouré, délégué des grévistes aura beau demander à plusieurs reprise la décision de justice qui assure la légalité de cette évacuation, rien ne lui sera montré. Une représentante de la préfecture nous dira que l'opération de police est réalisé dans les règles, mais là aussi, aucun document officiel ne nous sera présenté. Les soixante grévistes rassemblent leurs affaires et sortent un à un sous bon escorte. Regroupés dans la rue Lapérouse, encerclés par les gendarmes, ils attendront dans le froid et sous la pluie que Mr Doucouré, retenu à l'intérieur du bâtiment pour cause d'inventaire, ne les rejoigne. Entre-temps, Hervé Goix militant de l'UD CGT de Paris tente vainement de rejoindre les camarades d'ADEC avec une dizaine de grévistes des travaux publics. Ils sont violemment pris à partie par les forces de l'ordre, jetés à terre et roués de coups. Un gréviste perd plusieurs dents dans la bousculade, Modi Dembele est interpellé, Hervé est finalement dégagé de la brutalité policière par d'autres camarades. Le triste cortège prend alors la direction du métro Boissiére. Scènes de rafles d'ouvriers en grève qui rappellent les images d'un autre siècle ou les mineurs devaient quitter le carreau occupé sous escortes de l'armée. Les grévistes dénoncent par leurs cris ces méthodes indignes du pays des Droits de l'Homme, traînant sous la pluie froide leurs affaires dans des sacs plastique. Les gendarmes mobiles, trouvant l'évacuation trop lente, accélèrent le mouvement à coups de boucliers. Arrivés à Boissière, les travailleurs sans papiers d'Adec éviteront de peu d'être jetés dans la bouche de métro par l'intervention d'Hervé Bégué, secrétaire de la section PCF du 14 éme arrondissement, présent depuis le début de l'évacuation. Hervé Goix, perclus de douleur, prend alors la parole quelques minutes, dénonçant la violence de l'intervention des forces de l'ordre, avant de s'écrouler, victime d'un malaise. Il est 9 heures, devant le chantier de la rue Lapérouse, les déménageurs finissent de charger les matelas et le matériel saisi dans les camions. Les équipes de Bouygues pourront reprendre dans les prochains jours la transformation de l'ancien centre de conférences des affaires étrangères en hôtel de luxe. L'inauguration est prévue pour 2011.

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