L'épisode est digne de la série "X-Files". Depuis la mi-janvier le paranormal a envahi la vie politique roumaine. Mircea Geoana, le président du Parti social-démocrate, principale force d'opposition en Roumanie et candidat battu de peu à l'élection présidentielle du 6 décembre 2009, a une vision particulière de sa défaite. Il accuse le président Traian Basescu, qui a obtenu un deuxième mandat à cette occasion, d'avoir utilisé des experts dotés de fortes capacités paranormales pour l'emporter.
"Pendant le débat télévisé avec Traian Basescu, j'ai aperçu des gens qui travaillent dans ce domaine à droite de la caméra, a-t-il affirmé. Je les ai vus et je sais qui ils sont." Pourtant, questionné par les journalistes, le candidat malheureux n'a pas été capable de fournir l'identité de ces experts aux pouvoirs surhumains.
Le renfort est venu du côté de son épouse, Mihaela Geoana, présidente de la Croix-Rouge en Roumanie. "Mon mari a été très durement attaqué sur le plan énergétique, a-t-elle déclaré. Il n'a pas pu se concentrer pendant le débat."
La théorie des pouvoirs paranormaux du président Traian Basescu a été "confirmée" par Viorel Hrebenciuc, le stratège de la campagne de Mircea Geoana. "Le débat entre les deux candidats a eu lieu un jeudi, explique-t-il. Les spécialistes savent que c'est le jour de la flamme violette. Les hommes de Traian Basescu portaient des cravates violettes et Basescu avait un pull-over violet. Il y a sûrement une raison."
L'exemple de Mitterrand
Depuis quelques jours, "l'attaque de la flamme violette" est devenue le principal sujet de conversation en Roumanie. Du matin au soir, les radios et les chaînes de télévision dissèquent ce concept qui divise les Roumains entre ceux qui croient aux forces de l'au-delà qui ont subitement investi la politique et les autres.
Le débat aurait pu se limiter aux tabloïds, mais la fonction de Mircea Geoana lui prête une autre dimension. Président du Sénat, le deuxième personnage de l'Etat roumain se trouve piégé par son goût pour la science-fiction. Dans le camp des "pour", on martèle que des hommes politiques importants ont fait appel à la sorcellerie moderne.
Les médias roumains citent François Mitterrand et sa fréquentation d'Elisabeth Teissier ou la passion de Ronald Reagan pour l'astrologie. Dans le camp des sceptiques, on se contente de demander la démission de Mircea Geoana.
Même son mentor, l'apparatchik Ion Iliescu - qui a fait tomber le dictateur Nicolae Ceausescu - préfère prendre ses distances. "Comment peut-il croire à ces naïvetés ?, a-t-il déclaré. On ne peut plus faire du Nostradamus, on est au XXIe siècle."
Mirel Bran
http://www.lemonde.fr/europe/article/2010/01/21/en-roumanie-le-chef-de-la-gauche-battu-a-la-presidentielle-se-dit-victime-de-sorcellerie_1294849_3214.html#ens_id=1270251
À procura de textos e pretextos, e dos seus contextos.
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