On peut distinguer trois façons de définir la pauvreté, que l’on peut mesurer de façon différente : par le biais des revenus, à travers le nombre de titulaires de minimas sociaux, ou les privations.
1- Les revenus : l’approche monétaire.
Quand on pense pauvreté, on pense d’abord à de faibles niveaux de revenus. Mais ces derniers doivent être définis de manière relative (par rapport à une référence donnée), car les besoins jugés "normaux" dans une société se transforment en fonction de l’élévation des niveaux de vie.
En Europe, on utilise comme référence le revenu médian. C’est celui qui partage la population en deux : la moitié gagne ce revenu ou moins, la moitié a un revenu supérieur. Le plus souvent en France, le seuil de pauvreté est ainsi fixé à la moitié du revenu médian mais en Europe on utilise plutôt la barre de 60 % de ce revenu médian (voir notre article sur les seuils de pauvreté).
Plusieurs difficultés apparaissent.
Suivant le seuil de pauvreté, la proportion de pauvres varie du simple au double ! (voir notre article). On peut considérer qu’il existe 3,6 millions ou 6,9 millions de pauvres : c’est beaucoup dans les deux cas, mais ce n’est pas la même chose...
La connaissance du revenu n’est pas non plus évidente : les statisticiens utilisent les "revenus fiscaux " qui excluent certains revenus de patrimoine. Les données n’intègrent pas dans le calcul les ménages étudiants. Il est vrai qu’ils bénéficient d’aides de leurs parents même s’ils ne vivent pas dans le même logement. Il reste que certains étudiants vivent pauvrement, même si ce n’est pas le cas de leurs parents. Sont également exclus les contribuables vivant en collectivité (foyers de jeunes travailleurs, maisons de retraite, etc.) et surtout les sans-abri, qui constituent pourtant le coeur de la pauvreté.
Le nombre de personnes dans le ménage intervient dans le calcul : une famille nombreuse vit moins bien qu’un célibataire avec le même revenu. Les statisticiens comptent le nombre "d’unités de consommation". [1]
2- Les titulaires de minimas sociaux : l’approche administrative
On compte toutes les personnes qui reçoivent des aides - les minimas sociaux - parce que leurs revenus sont en-dessous d’un niveau jugé minimum. Ces aides, essentielles pour la survie, demeurent inférieures au seuil de pauvreté, sauf dans le cas du minimum vieillesse.
Il existe en France neuf minima sociaux selon la situation, par ordre d’importance pour le nombre de bénéficiaires : le RMI (revenu minimum d’insertion), l’allocation aux adultes handicapés, l’allocation supplémentaire vieillesse, l’allocation de parent isolé, l’allocation d’invalidité (personnes âgées), l’allocation d’insertion (jeunes en difficulté), l’allocation de solidarité (chômeurs en fin de droit), l’allocation équivalent retraite-remplacement, l’allocation veuvage. Voir les chiffres
Certaines personnes en sont exclues : les jeunes qui sont considérés à la charge de leurs parents jusqu’à 25 ans, les personnes qui n’en font pas la demande ou qui n’arrivent pas à à remplir les dossiers.
3- La pauvreté des conditions de vie : l’approche sociologique
Etre pauvre, c’est être "privé de". L’approche par les revenus ou le nombre de titulaires de minimas sociaux ne permettent pas de décrire au fond la réalité sociale des plus défavorisés : le dénuement, l’impossibilité de subvenir à ses besoins essentiels (se nourrir, se loger, se vêtir). Pour la mesurer, les enquêtes demandent aux ménages : "pouvez vous ".... (maintenir votre logement à bonne température, vous acheter des vêtements, etc.) ?
En France, en 2001, 0,9 % des ménages connaissaient 12 privations ou plus, 5,5 % des ménages connaissaient 8 à 11 privations.Source : INSEE - ES 383-384-385e. A partir de quel niveau de privations peut-on considérer un ménage comme "pauvre" ? Il n’existe pas, là non plus, de manière "objective" de le déterminer.
Cette mesure pose deux types de problèmes :
Les statistiques de l’INSEE portent sur les ménages (les personnes qui habitent le même logement) et excluent les sans-domicile, mais certains études portent spécifiquement sur ces derniers.
On ne dispose pas alors réellement de taux de pauvreté, mais de part des personnes qui subissent telle ou telle privation. Le niveau de la pauvreté dépend très fortement des critères déterminés. Or les privations ne sont pas facile à définir. Parmi les privations prises en compte par les études européennes, on trouve : ne pas pouvoir acheter des vêtements et chaussures, ne pas pouvoir maintenir le logement à bonne température, ne pas pouvoir manger de la viande tous les deux jours, ne pas disposer de WC intérieur...
Les différentes pauvretés correspondent-elles aux mêmes ménages ?
Pas exactement. Le "noyau dur" de la pauvreté concerne les ménages qui sont considérés comme pauvres avec les 3 définitions (monétaire, administrative et par les conditions de vie). 1,1 % des ménages français en 2001. 4,8 % connaissent deux formes de pauvreté et 16 % une seule forme. Source : INSEE - ES 383-384-385e La pauvreté est une notion plus complexe qu’il n’y paraît.
Pour en savoir plus :
Le rapport de l’Observatoire de la pauvreté et de l’exclusion sociale
Les données de notre rubrique "pauvreté".
[1] L’échelle utilisée par l’Insee en France compte 1 le premier adulte, 0,5 les suivants (personnes de plus de 14 ans), 0,3 par enfant de moins de 14 ans. Les dépenses des ménages particuliers (notamment les familles monoparentales) sont mal prises en compte par ces échelles, car leurs dépenses ne suivent pas le modèle courant.
Observatoire des Inégalités
1 comentário:
les ménages francais sont en train de changer beaucoup, et on doit s’en féliciter, l’environnement, l’éducation…
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