Dans son édition de jeudi, Libération a lâché une bombe. La veille, Nicolas Sarkozy recevait des parlementaires de toutes tendances pour un dîner à l'Elysée. Le chef de l'Etat y a violemment critiqué ses homologues étrangers : Obama, limite incompétent ; Barroso, "totalement absent" ; Zapatero, "peut-être pas très intelligent"...
Selon Libération, qui cite plusieurs élus présents lors de la petite sauterie, Nicolas Sarkozy s'était livré à un festival de "moi je" lors d'un retour d'expérience sur le G20 qui a rapidement viré à la critique généralisée de ses homologues internationaux. Des propos tenus en privé mais devant des parlementaires, Nicolas Sarkozy savait parfaitement qu'ils seraient rapportés à la presse. Tout le monde en a pris pour son grade.
Barack Obama : "un esprit subtil, très intelligent et très charismatique. Mais il est élu depuis deux mois et n'a jamais géré un ministère de sa vie. Il y a un certain nombre de choses sur lesquelles il n'a pas de position [...] il n'est pas toujours au niveau de décision et d'efficience". José Manuel Barroso : "totalement absent du G20". Angela Merkel, simple suiveuse : "Quand elle s'est rendu compte de l'état de ses banques et de son industrie automobile, elle n'a pas eu d'autre choix que de se rallier à ma position". Jose Luis Zapatero : "Il n'est peut-être pas très intelligent. Moi j'en connais qui étaient très intelligents et qui n'ont pas été au second tour de la présidentielle [...] L'important dans la démocratie, c'est d'être réélu. Regardez Berlusconi, il a été réélu trois fois". En fait, deux fois, mais c'est un détail.
"Stupide, immature, hors de propos"
La presse internationale s'est immédiatement saisie de l'affaire, comme un seul homme. Bien obligé, l'Elysée a mollement démenti... au sujet de Zapatero, qu'il doit rencontrer dans 10 jours. Pour le reste, silence radio.
"Stupide, immature, hors de propos : le jugement de Sarkozy sur ses homologues" titre en Une The Guardian, incendiant littéralement Nicolas Sarkozy, qui avait "déjà irrité ses homologues avec sa vantardise, les avait épuisé avec son hyperactivité et offensé avec sa tendance à envoyer des textos lors des réunions", mais cette fois-ci, note le quotidien britannique, il s'est "surpassé". En l'espace d'un déjeuner, "le président français s'est débrouillé pour rabaisser Barack Obama, traiter Angela Merkel avec condescendance et insulter" le premier ministre espagnol conclut le quotidien.
"Nicolas Sarkozy insulte les leaders mondiaux"
"Nicolas Sarkozy insulte les leaders mondiaux autour d'un déjeuner" titre le Telegraph, pour qui "Sarkozy n'est pas connu pour son tact" mais plutôt pour sa "réputation de personne grossière". Le Times note que pour Nicolas Sarkozy, "le président Obama est faible, inexpérimenté et mal informé sur le changement climatique" et décrète la "fin de la brève lune de miel franco-américaine". Le New-York Times, incisif, décrit un Nicolas Sarkozy toujours prompt à "se vanter et descendre ses homologues". "Dans le monde de Sarko, le président Obama est faible, inexpérimenté et mal conseillé, Angela Merkel n'a pas compris les problèmes économiques de son pays..." résume le quotidien.
L'Espagne polémique
Côté espagnol, la polémique a rapidement pris de l'ampleur. El Pais reste sceptique quant aux démentis de l'Elysée et cite la réaction de responsables politiques nationaux qui prennent la défense de leur premier ministre. Même Esteban González Pons, vice-secrétaire de la communication du Parti populaire (opposition), a exprimé sa "gêne". "Je ne me réjouis pas de ces déclarations, même s'il a parfois raison. Zapatero est notre chef d'Etat, c'est comme ça, s'il est attaqué, nous devons le défendre" a-t-il déclaré. Le Diario de Noticias titre que "Sarkozy ridiculise les autres leaders". Et ABC (de droite) insiste sur "le complexe de supériorité" du dirigeant français.
Une déclaration de guerre à quelques semaines des commémorations du débarquement... Bienvenue en Sarkozye.
Les mots ont un sens - 18.04.09
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