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04/07/2010

Comment taxer les spéculations financières?

Plusieurs pistes sont en débat au G20 et en Europe. Elles laissent entière la question d’une alternative à la financiarisation de l’économie.
Les vingt grands argentiers du monde se sont réunis le week-end dernier. La création d’une taxe bancaire, comme palliatif d’une prochaine crise financière, était au menu des discussions mais a finalement été écartée en raison du désaccord de plusieurs pays. Dans les couloirs de Bruxelles, cette nouvelle taxe, qui reposerait sur le principe du pollueur payeur, est en discussion. « Cette taxe, pour être efficace, doit absolument être proportionnelle au risque systémique pris par les banques », analyse Augustin Landier, professeur à la Toulouse School of Economics, dans l’Expansion. Les banques ont à plusieurs reprises fait barrage à cette éventualité qui, selon le président de la Fédération bancaire française (FBF), Baudouin Prot, pénaliserait le financement de l’économie et la croissance.

Ce prélèvement serait-il calculé sur le bilan, la part de marché, le chiffre d’affaires, les bénéfices ? Rien n’est précisé. Le FMI estime que le rendement devrait atteindre 2 à 4% du PIB soit, au niveau de l’Union européenne, 200 à 400 milliards d’euros. Un montant qui, pour le FMI, ne devrait en aucun cas être versé dans les budgets nationaux afin que les fonds ne soient pas détournés de leur objet. C’est justement l’objet qui pose problème puisqu’il s’agirait, nous dit-on, de constituer un « fonds de résolution des défaillances bancaires ». En clair, une réserve dans laquelle il serait possible de puiser en cas de nouvelle crise bancaire. Les activités risquées ne seraient pas remises en question. De plus, en ne l’appliquant qu’aux seuls établissements bancaires, les États se priveraient de sanctionner les fonds spéculatifs.

Une autre piste est débattue en Europe : l’institution d’une taxe portant sur toutes les transactions financières (pas seulement celles des banques), souvent comparée au projet de taxe Tobin. En mai, un regroupement d’organisations syndicales, dont la CGT et la CFDT, de mouvements écologiques, d’associations de solidarité internationale et citoyennes ont lancé une pétition en faveur d’une telle taxe, à l’échelle mondiale, au bénéfice d’actions contre la pauvreté, les pandémies et le changement climatique. « Chaque jour, 6 000 milliards de dollars s’échangent sur les marchés financiers : même à un faible taux, la taxation de ces transactions dégagerait chaque année des centaines de milliards de revenus à redistribuer et contribuerait à dissuader les comportements les plus spéculatifs », indiquait leur communiqué. Début avril, la Commission de Bruxelles a publié une étude montrant qu’une telle taxe pourrait « générer des revenus substantiels » allant jusqu’à plus de 50 milliards d’euros.

Clotilde Mathieu

http://www.humanite.fr/2010-06-08_Politique-_-Social-Economie_Comment-taxer-les-speculations-financieres

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