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13/11/2009

« Même des cadres frappent à notre porte... »

Le Secours populaire, en congrès national à Nantes, est débordé par les demandes de secours. En France, 2 millions d'enfants ne mangent pas à leur faim, rappelle son président.

Entretien avec Julien Lauprêtre, président national du Secours populaire.

Les enfants au coeur du congrès. « Il y a 20 ans, l'Onu décrétait les droits des enfants : droit de s'alimenter, de se vêtir, de se loger, droit aux loisirs... Dans la réalité, il y a loin de la coupe aux lèvres. Deux millions d'enfants ne mangent pas à leur faim dans notre pays. Un tiers des enfants ne part jamais en vacances, n'accède par à la culture et aux loisirs. Le Secours populaire a décidé, non pas de souffler les 20 bougies de la convention internationale, mais de développer la solidarité populaire, avec et pour les enfants. À Nantes, pendant ces états généraux populaires de la solidarité pour les droits de l'enfant, on ne va pas philosopher sur leurs droits, mais regarder comment augmenter les secours aux enfants. Cent mômes, élus dans les congrès départementaux, seront présents ; et 50 viennent témoigner depuis les cinq continents. »

Gare aux émeutes de la faim. « L'an dernier, nous avons distribué 82 millions de repas, autant que nos amis des Restos du coeur. Une anecdote illustre l'ampleur du drame. À des enfants envoyés en vacances dans des familles, nous avons demandé ce qui les avait marqués. Ce n'était pas le ciel bleu, mais les trois repas par jour. Nous sommes débordés par les demandes d'aliments. Si ça continue, notre pays connaîtra des émeutes de la faim ».

Trouver de nouveaux moyens. « Début novembre, nous avions déjà dépassé le nombre de personnes passées l'an dernier dans nos permanences. Dans le même temps, nos donateurs ont moins de moyens financiers. Faut-il diminuer les secours dans certains départements, faire la chasse à d'éventuels tricheurs ? Je ne connais personne qui soit mort d'indigestion parce qu'il sera allé aux Restos du coeur, au Secours populaire ou ailleurs. En revanche, des gens meurent de faim. Face à ce raz-de-marée de la misère, il est de notre responsabilité de recueillir davantage de fonds, trouver des moyens plus importants, de nouveaux partenaires dans le monde alimentaire, commercial, financier. Et ça marche. Ainsi, des entreprises nous mettent du personnel à disposition un ou deux jours par semaine. On dira qu'elles se donnent bonne conscience, n'empêche le résultat est là ».

Ceux qui n'osent pas venir. « On voit arriver des demandes de secours de petits commerçants, d'artisans, et même de cadres. Mais ils ont encore plus de mal à venir demander. Les travailleurs pauvres, c'est pareil. Le travailleur pauvre, c'est quelqu'un qui part au boulot tous les matins, mais le 12 ou le 15 du mois, il est chez nous. À condition d'oser venir demander. Lui, il se dit que le Secours populaire, c'est pour le gars au RSA. D'où l'idée que je vais développer au congrès : nous devons aller à la recherche des misères cachées. Car il y a tous ces gens qui viennent, et tous ceux qui n'osent pas venir ».

Recueilli par Marc LE DUC.

Les états générauxse déroulent ces vendredi, samedi et dimanche, à la Cité des congrès de Nantes. 800 bénévoles sont attendus. Le public est invité à visiter le Village des droits de l'enfant, participer à de nombreuses animations, découvrir la librairie animée avec des séances de dédicaces, profiter du grand marché des Pères Noël Verts.

Ouest-France - 13.11.09

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