Memorial98 désire rendre hommage à Irmela Mensah-Schramm, alors qu'on vient de commémorer la chute du Mur de Berlin le 9 novembre 1989, mais aussi la Nuit de Cristal le 9 novembre 1938. Depuis vingt ans, cette femme berlinoise de 63 ans, éducatrice spécialisée retraitée, « nettoie » la propagande raciste et néonazie, sillonant les rues pour effacer des graffitis et arracher des autocollants à Berlin et dans d'autres villes.
On peut ainsi la croiser, sillonnant inlassablement dans les rues de la capitale allemande, tenant à la main un grattoir et du dissolvant à ongles. (Voir la vidéo, en allemand)
Avec ses « armes », elle livre une bataille sans fin contre les jeunes néo-nazis, certains passants et, avant tout, l'indifférence.
Elle marche toute la journée, scrutant les plaques de rues et les murs. Pendant à son cou, un grand appareil photo, qui lui permet de se constituer des archives. A son bras, un sac en tissu blanc portant l'inscription « Combattez les nazis » en larges lettres blanches.
Des menaces, des poursuites judiciaires… et des tags personnalisés
Irmela Mensah-Schramm considère qu'en 23 ans, elle a enlevé plus de 80 000 autocollants comportant des slogans homophobes, antisémites ou racistes.
Son activité militante n'est pas de tout repos, puisqu'elle a subi de très nombreuses menaces, et même été poursuivie en justice suite à des démêlés avec un vigile. Elle assume les infractions qu'elle est amenée à commettre, forcée de pénétrer dans des voies privés pour y détruire certains grafittis.
Ironiquement, des nazis l'ont même menacée… par des tags.
Sa « mission » a débuté à l'été 1986 à proximité de sa maison, quand elle a découvert un autocollant qui réclamait la libération de Rudolf Hess, le criminel de guerre nazi emprisonné à Spandau et emblème des néonazis.
Révulsée, elle veut l'arracher, mais ne peut le faire, son bus étant sur le départ. Elle revient le soir même, et enlève l'autocollant. Elle n'a plus cessé cette activité depuis.
L'arrière-petit-fils de Wagner proteste contre le choix de l'opéra « Lohengrin »
Irmela Mensah-Schramm anime aussi de nombreuses conférences éducatives, et rend compte de son combat par des expositions qui montrent la propagande qu'elle a supprimée.
Pour établir un lien entre les évènements historiques commémorés le 9 novembre, nous voulons aussi donner un écho à la protestation de Gottfried Wagner contre le programme musical de la journée qui célèbrait l'anniversaire de la chute du Mur.
Cet arrière-petit-fils du compositeur Richard Wagner proteste contre l'inclusion de l'ouverture de l'opéra « Lohengrin », composé par son ancêtre, lors du concert officiel des célébrations.
Musicologue et inlassable militant antifasciste, il rappelle le nationalisme et l'antisémitisme de son aïeul, précurseur du nazisme, ainsi que le montre d'ailleurs l'œuvre choisie, dominée par la vision d'un Allemagne triomphante.
Il est surprenant que le chef d'orchestre Daniel Barenboïm se prête à cette mauvaise action contre la mémoire de la Shoah et de l'Allemagne antifasciste. Gottfried Wagner ne cesse en effet de rappeler que Hitler a fait de Richard Wagner son modèle culturel.
Photo : Irmela Mensah-Schramm (Oliver Wolters/Wikimedia Commons)
www.rue89.com - 12.11.09
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