La surconsommation d’antibiotiques en Europe favorise l’émergence et la multiplication des résistances aux bactéries. Et à terme, condamne certains traitements pourtant vitaux comme les poses de prothèses de hanche, les soins intensifs pour prématurés et certaines chimiothérapies…
La "totalité de la médecine moderne" est menacée parce que les bactéries deviennent résistantes aux antibiotiques, ce qui ôte toute utilité à ces médicaments, affirme un membre du Centre Européen de Prévention et de Contrôle des maladies (ECDC).
Dominique Monnet tire la sonnette d’alarme : "si cette vague de résistance aux antibiotiques nous submerge, nous ne serons plus capables" de proposer certains gestes vitaux, comme de greffer des organes, poser des prothèses de hanche, administrer des chimiothérapies contre le cancer ou réanimer des bébés prématurés.
Dans tous les hôpitaux du monde, la multiplication des germes devenus insensibles aux antibiotiques pose des problèmes croissants. A titre d’exemple, les staphylocoques dorés ont notamment développé des résistances et le Staphylococcus aureus résistant à la méticilline représente l’une des principales causes d’infections nosocomiales.
25.000 décès par an en Europe
Les six bactéries devenues totalement insensibles aux différentes familles d’antibiotiques sont responsables de quelque 400.000 infections par an en Europe, et pèsent 2,5 millions de journées d’hospitalisation. Elles tuent directement 25.000 Européens et 19.000 Américains chaque année.
Si l’on en croit l’ECDC, ces résistances aux antibiotiques pèsent déjà très lourd dans les budgets Santé des Etats : 1,5 milliard d’euros par an pour les hôpitaux européens en frais d’hospitalisation et perte de productivité.
La France a lancé dès 2002 une vaste campagne de communication sur le thème "Les antibiotiques, c’est pas automatique", qui s’est soldée par une baisse de la prescription d’antibiotiques de plus de 23% sur cinq ans. L’agence européenne a donc décidé de renouveler cette campagne de sensibilisation à partir de la semaine prochaine, face à ce qui représente "une menace majeure pour la santé publique".
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