Ce sondage est publié alors que le premier ministre britannique Gordon Brown a annoncé, la semaine dernière, son intention d'envoyer 500 militaires supplémentaires en Afghanistan, ce qui porterait leur nombre à 9 000, et que 231 soldats britanniques sont morts sur le terrain depuis 2001. Dans le même temps, l'armée britannique envisagerait une nouvelle stratégie, affirme The Times. Elle supposerait un retrait des bases avancées dans les provinces vers quelques zones précises, comme la province de Helmand.
"Il est impossible de gagner la guerre en Afghanistan" affirment 64 % des personnes interrogées lors de ce sondage, soit 6 % de plus que lors d'un sondage réalisé par le même institut en juillet. Seul 27 % croient en la victoire. 63 % jugent que les troupes britanniques devraient se retirer dès que possible contre 31 % qui estiment le contraire. 54 % indiquent qu'ils "comprennent bien la mission de la Grande-Bretagne en Afghanistan" tandis que 42 % disent ne pas la comprendre.
"Le résultat du sondage laisse à penser que la guerre devrait avoir un impact sur l'appui au Parti travailliste, parce que ce sont les sympathisants de ce parti qui y sont le plus opposés", souligne le directeur de l'institut ComRes, Andrew Hawkins. Pour 52 % des personnes interrogées, "le niveau de corruption révélé lors de la récente élection présidentielle montre qu'il ne vaut pas la peine de combattre en Afghanistan". Un sondage de l'institut YouGov indiquait jeudi dernier que 57 % des Britanniques ne croyaient pas en la victoire en Afghanistan, 35 % souhaitant un retrait immédiat des troupes et 38 % un retrait "rapide".
PAS DE PERSPECTIVE DE RETRAIT
Le ministre des affaires étrangères, David Miliband, reconnaît dans le Mail on Sunday que "la menace est difficile à voir et encore plus compliquée à comprendre" mais "cette guerre est en tous points une guerre nécessaire". S'exprimant avant la cérémonie de commémoration à Londres en présence de la reine Elizabeth II, le ministre de la défense a relevé sur la chaîne Sky News que le Royaume-Uni devait "persévérer, nous devons faire preuve de fermeté".
Le chef d'état-major interarmes britanniques, Jock Stirrup, estime pour sa part que les forces afghanes ne devraient être en mesure d'assurer seules la sécurité du pays que vers... 2014. "Nous sommes là-bas pour assurer la sécurité afin que des solutions politiques soient mises en place mais nous n'assurons la sécurité que jusqu'à ce que les Afghans soient capables de le faire eux-mêmes", a déclaré Sir Jock Stirrup dimanche sur la BBC. "Je pense que ce sera vers 2014", a-t-il ajouté, jugeant "un peu optimiste" l'estimation du commandant en chef de la Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf) et des troupes américaines en Afghanistan, le général américain Stanley McChrystal qui a indiqué "que ce ne sera pas avant 2013", a rappelé M. Stirrup.
De son côté, le général de corps d'armée Jim Dutton, plus haut gradé britannique en Afghanistan, a déclaré dans un entretien à la BBC, le 5 novembre : "Nous pouvons atteindre d'ici trois à quatre ans un niveau de sécurité qui permette aux Afghans de prendre la relève". "Cela vaut la peine que des soldats doivent mourir à cette fin parce que les conséquences d'un échec sont bien plus importantes", a-t-il ajouté.
Les deux gradés reconnaissnet que des efforts sont nécessaires pour faire comprendre au grand public les raisons de la présence en Afghanistan, de plus en plus controversée au Royaume-Uni, et montrer que des progrès sont effectués."Il faut démontrer que sur le long terme, c'est faisable", a indiqué M. Stirrup. "C'est douloureux et c'est lent et c'est par à-coups mais nous sommes dans la bonne direction", a-t-il poursuivi.
Le Monde - 08.11.09
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