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13/07/2011

La tentation d’une dérive autoritaire

Face à la crise de l’euro qui s’envenime, des voix plaident la cause du fédéralisme, comme recours à un pouvoir européen fort, seul capable de « discipliner » les peuples.
La tentation du recours à un pouvoir européen fort et centralisé pour imposer les disciplines de fer « attendues » des États membres de la zone euro émerge en même temps que s’aiguise la crise. Le pacte pour l’euro plus est lui-même déjà imprégné par cette démarche puisqu’il entend placer les États sous surveillance, jusqu’à brandir une panoplie de sanctions contre ceux qui ne réduiraient pas suffisamment leur endettement en rechignant à trop trancher dans leurs dépenses publiques.
Le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, veut aller plus loin encore. Début juin, recevant le prix Charlemagne à Aix-la-Chapelle, il a souhaité la création d’un poste de super ministre des Finances européens. Celui-ci, a-t-il insisté, devrait s’assurer que chacun respecte bien les règles dictées par l’Union européenne (UE). Et si ce n’est pas le cas, il aurait « des moyens d’intervention ». Autrement dit : il serait autorisé à imposer d’autres choix que ceux des élus nationaux. Pas de quoi, on en conviendra, réduire le trop fameux « déficit démocratique » dont souffre l’UE et que dénoncent à juste titre aujourd’hui tous les Indignés d’Europe.
Mais Trichet a fait des émules. Depuis quelques jours, de la droite au centre-gauche des échiquiers politiques, se dessine une véritable offensive qui vise à présenter le fédéralisme comme la seule porte de sortie possible face à la crise de l’euro qui s’envenime. « L’avenir de l’Europe c’est à court terme, la faillite ou le fédéralisme », assène ainsi Nicolas Demorand dans l’édition du 21 juin de Libération.
L’unique chemin conduisant au salut passerait par un consensus autour de l’édification d’une « gouvernance économique de la zone euro ». Celle-ci se verrait accorder des moyens centralisés et autoritaires pour agir contre tous ceux qui prendraient des décisions ne cadrant pas avec les dogmes monétaristes qui font l’euro tel qu’il fonctionne aujourd’hui.
Dans la panoplie fédéraliste invoquée, on trouve aussi en bonne place le recours à la création d’euro-obligations. Il s’agirait de permettre aux États de souscrire à un pot commun d’emprunts européens, dont les taux d’intérêt seraient généralement moins élevés que ceux des actuels emprunts nationaux. Jean-Claude Juncker, président de l’Eurogroupe, qui est aussi l’un des plus chauds partisans de ces euro-obligations, expliquait cependant, lors du conseil européen de décembre dernier, qu’il faudrait en rester aux taux élevés des emprunts nationaux au-delà du seuil d’endettement dépassant les 60 % du PIB. Autrement dit : la discipline et les moyens de coercition pour la faire respecter seraient encore renforcés. Quant à cette création massive d’euro-obligations, elle constituerait une nouvelle aubaine pour les marchés dont la capacité à soumettre l’économie européenne ou à spéculer pour ou contre la monnaie unique serait décuplée. L’euro en crise n’a guère besoin de cette vraie fausse alternative.
B. O.

http://www.humanite.fr/22_06_2011-la-tentation-d%E2%80%99une-d%C3%A9rive-autoritaire-474895

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