Sonia Tebbakh
La transmission de la mémoire migratoire est un processus difficile à cerner et il l’est d’autant plus en milieu maghrébin. Ceci tout d’abord, parce que cette mémoire renferme une expérience de l’exil complexe et parfois douloureuse. Ensuite, le fonctionnement de la famille immigrée et les relations existantes entre les parents porteurs de mémoire et les descendants héritiers de celle-ci créent des conditions de transferts mémoriels originales. Malgré cela, l’histoire migratoire circule, se diffuse, dans des conditions parfois compromises mais jamais impossibles; et la mémoire migratoire (re)construite est alors une mémoire référentielle et participe ainsi à la reproduction des manières d’être plus qu’à la survivance d’un récit des origines. Incomplets, fragmentaires, les souvenirs permettent aussi d’engager une démarche de réflexivité sur le passé, de mieux appréhender le présent et de ne pas reproduire les erreurs d’hier. Alors que la France s’est engagée récemment dans un bouillonnement mémoriel autour du passé colonial, le discours des descendants d’immigrés maghrébins montrent effectivement que si l’histoire migratoire connaît quelques difficultés à se reconstruire et se transmettre, elle existe et ses effets traumatiques ne sont pas systématiques. Les individus récepteurs de cette mémoire en appellent davantage à une reconnaissance publique de la mémoire migratoire afin de ne pas reproduire la relégation, l’exclusion et le racisme vécus par les parents.
Sonia Tebbakh, « Une transmission discrète et fragmentaire. De l’histoire migratoire dans les familles maghrébines », Temporalités [En ligne], 6/7 | 2007, mis en ligne le 08 juillet 2009, Consulté le 13 juillet 2009. URL : http://temporalites.revues.org/index200.html
À procura de textos e pretextos, e dos seus contextos.
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