Les dernières décennies ont vu s’accomplir de nombreuses mutations de la société : augmentation du nombre de femmes sur le marché du travail (elles représentent désormais 46,9 % des actifs), développement de la précarité de l’emploi, des temps partiels (un tiers des femmes sont à temps partiel) et des horaires atypiques (63 % des salariés sont dans ce cas). La famille a elle aussi évolué à travers de nouvelles formes d’union, l’instabilité plus grande des couples et l’augmentation des familles monoparentales.
L’Institut national démographique (Ined) a mené une vaste enquête (10 000 personnes ont été interrogées, et 2 700 entreprises ont été consultées par questionnaire) sur l’articulation vie familiale-vie professionnelle dont les conclusions figurent dans l’ouvrage "Entre famille et travail. Des arrangements de couples aux pratiques des employeurs". A travers de nombreuses contributions analysant en profondeur tant les organisations des familles, que les mesures prises par les employeurs et les effets des politiques publiques, l’ouvrage montre que l’équilibre entre la vie familiale et professionnelle n’est pas encore réalisé et que de fortes inégalités de genre demeurent.
Chaque année, notent les auteures de l’étude, 380 000 personnes - presque toujours des femmes - cessent leur activité pour prendre en charge leur enfant de moins de 3 ans. Or la moitié d’entre elles aurait souhaité continuer à travailler. Le système de garde actuel (crèches, assistantes maternelles et gardes à domicile) n’accueille que 38 % des enfants. Les autres sont gardés par leur mère dans 36 % des cas ou par une autre personne de la famille.
Du côté des entreprises, les auteures soulignent le poids de l’organisation du travail. Un tiers des salariés ont des horaires longs ou atypiques et 14 % des horaires variables, qui rendent l’organisation familiale très complexe. Et les choses ne s’améliorent guère. Les entreprises affichent leur bonne volonté (avec notamment un nouvel Observatoire de la parentalité), mais, en pratique, elles réclament surtout plus de flexibilité. Depuis des années, les pouvoirs publics indiquent financer des places de crèches introuvables, et le développement envisagé du travail le dimanche n’ira pas dans le bon sens.
Observatoire des Inégalités
Sem comentários:
Enviar um comentário