Des étudiants et des retraités qui passent après les marchés pour récupérer les fruits et légumes devenus trop chers, un rituel de plus en plus courant et qui ne concerne pas seulement les plus pauvres.
La pratique est ancienne. Dans le temps, les glaneurs ramassaient dans les champs les épis qui avaient échappé aux moissonneurs. Aujourd'hui, le terme désigne les personnes aux revenus modestes qui viennent récupérer les produits invendus dans les bennes des supermarchés ou après les marchés.
Des pratiques loin d'être exceptionnelles sur lesquelles le Haut commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté, Martin Hirsch, a fait rédiger un rapport résumé sur ce forum. L'étude répertorie tous les modes de récupération alimentaire et révèle que les personnes ayant recours à ce système D viennent d'horizons beaucoup plus variés que ce qu'on pourrait imaginer. Les conclusions de ce rapport ont été transmises aux principales associations d'aide alimentaire et à la Fédération des entreprises du commerce afin de réfléchir aux moyens de faciliter la mise à disposition des invendus.
Si certains, adeptes de la décroissance, ont choisi le glanage comme un mode de vie, ils sont nombreux à y venir par nécessité. Un glaneur régulier nous raconte son parcours.
"Grâce à la récupération, j’arrive à vivre avec 90 euros par mois"
Triskel est un glaneur d'Aix-en-Provence. Il a lancé une communauté en ligne de "Freegan" (gratuivore) en France, un mode de vie alternatif dont le but est de limiter sa participation au circuit économique.
Maintenant, c'est un mode de vie, je récupère de tout. On apprend vite à vivre exclusivement avec ce qu'on a récupéré. Par exemple, quand on a besoin d'un lit, il suffit qu'on trouve un canapé dans la rue et ça devient son lit. J'arrive à vivre avec 90 euros par mois - c'est ce que je gagne en revendant quelques-uns de mes produits de récup'.
Je vais glaner au marché quand je suis réveillé la journée. Ça nous permet de faire des soupes. Et puis c'est moins compliqué que dans les grandes surfaces, les vendeurs nous laissent faire. On y va à trois, on se met à fouiller dans les cageots dès qu'ils commencent à remballer. Faut se dépêcher avant que les éboueurs arrivent, mais même les éboueurs ont l'habitude et ils nous laissent les cageots pleins.
Les clochards ne sont pas les premiers à glaner sur les marchés. Mais même si certains préfèrent nous regarder en buvant des bières, on leur donne toujours une part de butin. Ils nous aident à écouler nos récoltes qu'on ne pourrait de toute façon pas porter bien longtemps avec trois paires de bras.
La plupart des glaneurs ont des logements. Je vois surtout des étudiants, des retraités, mais aussi des mères de famille maghrébines. Au début, ce n'est pas facile de supporter le regard des autres, mais entre glaneurs on se parle un peu et on s'échange des produits. On s'entraide, quand il y en a un qui a trouvé un gros cageot de choux fleurs, il en propose aux autres. Et parfois ce sont les vendeurs qui nous donnent des caisses. Les plus cools sont les petits producteurs. Avec les négociants, c'est plus compliqué."
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