Pour notre émission de rentrée, j'étais avec Jean-Loup Amselle, éthnologue, professeur à l'EHESS, pour son ouvrage "L"Ethnicisation de la France" aux éditions Lignes. Comment analyser cette accumulation de polémiques et de sujets nauséabonds depuis quelques années (voile, burqa, roms, ministère de l'immigration et de l'identité nationale, ...) ?
Outre la progression indéniable d'un racisme d'état, JL Amselle met évidence cette éthnicisation qui résulte de la ringardisation de la lutte des classes au profit de la lutte des cultures ou des groupes ethniques.
Les sorties nauséabondes des Sarkozy, Hortefeux, Besson, divisent la gauche, entre la gauche républicaine et la gauche multi-culturaliste qui reconnait les différences.
En utilisant habilement l'exemple de l'alimentation (faut-il des repas Hallal et Casher dans les cantines ?), l'auteur montre dans quelle situations inextricables on se met lorsque l'on souhaite prendre en compte les particularités.
Pire que cela : la stigmatisation de certaines minorités aboutit au renforcement des revendications ethniques. De même, l'affirmation de l'origine blanche et catholique de l'Europe aura pour conséquence de renforcer la réaffirmation des identités minoritaires. C'est le coté performatif du particularisme.
En résumé, le message de l'auteur : arrêtons de nous crisper sur nos différences (notamment sous la houlette de notre gouvernement qui nous y incite bien ...) et tout se passera mieux ! Exit les statistiques ethniques !
D'ailleurs, il commence son livre par un beau message : le comportement d’un individu ne découle pas de son origine ethnique ou géographique (contrairement à la thèse défendue par H Lagrange dans son fameux ouvrage le déni des cultures). L’identité se construit, est le résultat d’une histoire, d’une somme d’actes, elle ne se déduit pas d’un groupe d’appartenance. La culture n'est pas la cause, elle est le résultat. Le résultat d'une construction.
Voir aussi l'émission :
Sem comentários:
Enviar um comentário