À procura de textos e pretextos, e dos seus contextos.

13/10/2011

(Auto-)dérision

Alain Accardo

Notre monde est désormais un vaste salon où l’on cause, le règne du débat permanent. On débat à deux, à cent, à dix mille, en face-à-face ou par médias interposés ; on parle de tout, de rien, pour un oui, pour un non, on dit une chose et son contraire, on noie le poisson, on subtilise, on alambique, on quintessencie, on sophistique, on nuance, on dialectise, on disserte et on dissèque, on jargonne, on charabiase, on pilpoulise, on escobarde et on babélise, à l’infini, à perte d’haleine, à perte de sens, on parle pour parler, on parle pour se faire voir plus encore que pour se faire entendre, on parle surtout parce qu’on n’a rien à dire, pour éviter de penser, pour éviter qu’il y ait « un blanc » pendant lequel, qui sait, on pourrait se remettre à réfléchir. On parle pour différer indéfiniment le moment d’agir. - Texte
Alain Accardo, « (Auto-)dérision », revue Agone, 41-42 | 2009, [En ligne], mis en ligne le 13 octobre 2011. URL : http://revueagone.revues.org/753. Consulté le 13 octobre 2011.

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