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02/02/2011

Violentes agressions de journalistes par les pro-Moubarak

Selon l'envoyé spécial du Nouvel Obs au Caire, Jean-Paul Mari, plusieurs journalistes étrangers ont été la cible de partisans du président égyptien.

Plusieurs journalistes étrangers qui couvrent la révolte égyptienne, ont été la cible mercredi 2 février d'intimidations de la part des partisans du président Hosni Moubarak. Selon, l'envoyé spécial du Nouvel Observateur, Jean-Paul Mari, deux journalistes norvégiens ont été sévèrement battus place Tahrir par des pro-Moubarak, dont l'un a été laissé au sol.

Des équipes de la BBC, de CNN et d'Al-Arabiya ont été agressés physiquement et un journaliste d'Al-Jazeera a été poignardé, selon plusieurs autres journalistes présent sur la place, devenu l'épicentre des manifestations. Plusieurs autres journalistes racontent qu'ils ne doivent leur salut qu'à leur fuite.
A l'hôtel Marriott, quatre personnes se présentant comme des officiers, sont allés jusqu'à fouiller la chambre d'un journaliste norvégien. Ces hommes l'ont probablement suivi depuis la rue. L'hôtel est pourtant sécurisé, il est impossible de s'introduire dans les étages sans pass.
Par ailleurs, les slogans anti-étrangers ont été nombreux dans le camp des pro-Moubarak. Ils accusent les étrangers d'être responsables de la crise qui secoue le pays et crient dans les rues "les étrangers dehors".

Un journaliste belge arrêté
Le ministre belge des Affaires étrangères, Steven Vanackere, a demandé la "libération immédiate" du journaliste belge Serge Dumont, molesté et arrêté alors qu'il couvrait une manifestation au Caire plus tôt dans la journée. "Au cours des troubles de cet après-midi au Caire, le journaliste belge Serge Dumont a été maltraité et arrêté", indique Steven Vanackere dans un communiqué, confirmant une information du quotidien Le Soir, pour lequel travaille Serge Dumont.
Le journaliste, qui couvre également le Proche-Orient pour le journal suisse Le Temps et le quotidien régional français la Voix du Nord, "a été arrêté par les forces de l'ordre égyptiennes après avoir été agressé alors qu'il suivait les manifestations en cours en tant que journaliste", ajoute le chef de la diplomatie belge.
Selon le communiqué, l'ambassade de Belgique au Caire a eu un contact téléphonique avec Serge Dumont après son arrestation.
"Notre ambassade demande aux autorités égyptiennes d'assurer la sécurité du reporter belge et de faire tout ce qui est nécessaire pour pouvoir le localiser", explique le ministre, en réclamant sa "libération immédiate".

"Musclé et violent"
La rédaction du Soir a également pu parler brièvement avec son correspondant et a publié ses propos sur son site internet: "C'était musclé, violent. J'ai reçu une volée de coups à la figure. Ils prétendaient que j'étais un pro-Baradei (Mohamed ElBaradei). J'ai ensuite été emmené chez les militaires, dans l'une des casernes à la sortie de la ville".
"J'ai reçu un verre d'eau, du Nil, m'ont-ils dit, pour que j'attrape la diarrhée. Je suis sous la garde de deux militaires, avec kalachnikovs et baïonnettes. Ils disent que je vais être emmené auprès des services secrets. Ils me reprochent d'être un espion", a-t-il ajouté.
Serge Dumont était présent à une manifestation pro-Moubarak dans le quartier Choubra, dans le centre de la capitale égyptienne, lorsqu'il a été pris à partie, selon Le Soir.
Les trois journaux "ont immédiatement informé les autorités compétentes de leurs pays respectifs", ainsi que des organisations de défense de la liberté de la presse telles que Reporters sans frontières et Human Rights Watch, ajoute le journal.

Des Suédois menacés
Par ailleurs, deux journalistes suédois du quotidien Aftonbladet ont été pris à partie par la foule au cours d'un reportage dans un quartier pauvre du Caire avant d'être arrêtés puis relâchés quelques heures plus tard par un militaire venu sur place, a rapporté leur journal.
La journaliste et le photographe du tabloïd, accompagnés d'une interprète et d'un chauffeur, faisaient un reportage dans un quartier non précisé sur la façon dont les Egyptiens les plus pauvres trouvaient à manger alors que se profile le risque de pénurie alimentaire dans le pays en pleine révolte.
Lorsqu'ils sont descendus de leur voiture pour demander à deux femmes fouillant des poubelles s'ils pouvaient les filmer, les journalistes ont provoqué un attroupement qui a rapidement dégénéré, selon Aftonbladet.
"La foule s'est emparée des clés de la voiture, de la carte SIM du téléphone du chauffeur, a placé des pierres devant les roues et on nous a craché au visage" en accusant l'équipe d'être du Mossad, les services secrets israéliens, raconte la journaliste.
Un soldat est alors intervenu pour les tirer de là, mais l'équipe de journalistes affirme avoir été ensuite menacée.
"Il nous a dit que s'il nous tuait maintenant personne ne nous trouverait, en nous ordonnant de rester dans la voiture", poursuit la journaliste qui précise que le militaire les a finalement laissés partir un peu après.
(L'équipe du Nouvelobs.com avec l'envoyé spécial du Nouvel Observateur, Jean-Paul Mari)

http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/monde/20110202.OBS7369/violentes-agressions-de-journalistes-par-les-pro-moubarak.html

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