Les salariés du parfumeur ont entamé, hier, une grève pour obliger la direction à verser 80 euros et une prime de 1 000 euros, après une excellente année 2010.
«L’an dernier, Chanel a versé 300 millions de dividendes à ses actionnaires. Les résultats 2010 s’annoncent exceptionnels et la direction nous propose une hausse de salaire de 2,7 %, soit 48,60 euros, C’est une véritable provocation », s’insurge
Patrice Auger, délégué syndical CGT Chanel, en tête d’une délégation de salariés, postée devant l’entrée de l’usine de Compiègne. Hier, une centaine de grévistes, soit 90 % du personnel de production, ont répondu à l’appel de la CGT. Leurs revendications : un talon (revalorisation minimale) de 80 euros pour tout le monde et une prime de 1 000 euros en fonction du résultat, en plus des 2,7 % d’augmentation collective.
Très en colère, le personnel dénonce cette gabegie. À l’image de cette ouvrière, trente ans de boîte, ne souhaitant pas communiquer son nom par peur des représailles, qui se dit consternée par sa feuille de paie. « Les actionnaires, c’est toujours plus, plus d’euros, et nous, c’est toujours plus, plus, plus… de charge de travail », scande-t-elle, au rythme des cadences qui s’accélèrent. Elle se dit d’autant plus indignée, que la tendance aux bas salaires s’accompagne d’une forte dégradation des conditions de travail. « Aujourd’hui, sur les chaînes, nous ne sommes plus que deux anciennes sur cinq. On passe notre temps à former les intérimaires, à fournir beaucoup plus pour pouvoir répondre aux objectifs. Sans compter les machines qui tombent toujours en panne. Chanel, c’est comme cette usine, c’est beau, mais il faut voir à l’intérieur. »
La pression à la production est intense. « Une fois, le chef m’a suivi jusqu’aux toilettes », confie un salarié. « Dès qu’on exprime notre souffrance, on nous fait comprendre qu’il faut circuler », renchérit une autre ouvrière. Sur les 330 salariés de l’usine, chaque jour, 25 personnes sont en arrêt de travail, confie Patrice Auger. Delphine, selon le pseudo que lui ont donné ses collègues, s’est vu imposer un changement de poste. Auparavant ouvrière sur la ligne de 8 heures à 17 heures, elle se retrouve sur celle de 6 heures à 20 heures Mère isolée avec deux enfants à charge, elle doit confier ses bambins à une nounou la nuit. « La totalité de ma prime y passe. Du coup, il ne me reste plus que 1 100 euros. Je leur ai expliqué ma situation, à croire qu’ils n’ont aucune humanité. C’est rageant, d’autant qu’il y a plein de jeunes célibataires qui demandent à passer sur cette ligne. »
Loin d’être un simple coup de sang, le mouvement va se poursuivre sous des formes multiples, « qui limiteront la casse sur les salaires mais perturberont la production », affirme Patrice Auger.
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