Un collectif d’Acrimed
... En tout genre et à des titres divers.
Hommage, donc...
À la lucidité d’Alain Minc
Au détour d’un article par ailleurs sans grand intérêt sur Sarkozy et les journalistes, cette observation d’Alain Minc : « Un homme politique qui déconne, il est battu. Un chef d’entreprise qui prend une mauvaise décision, il fait faillite. Un journaliste qui dit une connerie, il est là vingt ans après ».
Il en va malheureusement de même de certains essayistes conseillers des princes, et convaincus de plagiat [1].
À l’unanimité des « experts »
Deux titres repérés, le 24 novembre 2010, sur Google News, dont la contradiction flagrante est un hymne aux "experts", aux agences, et aux médias qui les relaient :
- Reuters : « USA - Les stocks de brut ont augmenté moins que prévu ». Et dans le corps de la dépêche, cette précision : « Les stocks de brut ont augmenté d’un million de barils à 358,6 millions [...] Les économistes attendaient en moyenne 2,1 millions de barils de hausse ».
-AWP/AFP : « PÉTROLE/USA : hausse inattendue des stocks de brut (DoE) ». Et dans le corps de la dépêche : « Les stocks de brut ont progressé de 1,0 million de barils à 358,6 millions de barils [...] Les analystes [...] anticipaient à l’inverse un repli de 1,9 million de barils ».
Aux publicités du Figaro.fr
Après l’acquittement du gendarme qui a tué un Gitan, le figaro.fr a osé un rapprochement audacieux , mais sans doute involontaire. Il serait par conséquent malveillant de l’attribuer à son orientation éditoriale :
Capture d’écran du 17 septembre 2010 :
Aux conférences des « Echos »
« Médias 2010 » : la conférence annuelle organisée le 16 décembre 2010 par le groupe Les Echos (en partenariat avec Médiamétrie, TNS-Sofrès, etc.), invite les participants à « Monétiser les contenus et la marque ». Pour celles et ceux qui souhaiteraient y assister, c’est « 950 € HT (soit 1 136,20 € TTC) par personne ». Avec tout de même « 20% de réduction à partir de la deuxième inscription d’une même société ».
« À qui s’adresse cette conférence ? » La présentation (en .pdf) sur le site de la TNS-Sofres dresse la liste : « Présidents, présidents-directeurs généraux,, directeurs généraux, Directeurs du développement et de la stratégie, Directeurs marketing et communication, Directeurs publicité et directeurs commerciaux, Directeurs diversification et produits dérivés, FAI, Agences de publicité, Banques et sociétés d’investissement, Opérateurs télécoms, Consultants, Journalistes... Et tous ceux qui sont concernés par l’évolution du secteur des médias ».
« Tous ceux qui sont concernés » ? Aucune réduction ne semble prévue pour les précaires.
Aux lapsus non-révélateurs
- Les repères de l’Alsace
Ce titre relevé dans l’Alsace : « La mosquée, un espace de foi et un repaire ». Rappelons qu’un « repaire » est, selon le dictionnaire, un lieu qui sert de refuge à une bête sauvage ou à des individus dangereux.
Quelques heures plus tard, le titre est corrigé...
...mais demeure dans l’adresse URL :
- La « privattitude » du Monde
Un titre étrange sur le site du Monde.fr, le 24 novembre 2010 : « Les banques irlandaises en voie de privatisation ». Et nous qui croyions qu’elles étaient déjà privées !
La première phrase de l’article rétablit la vérité : « Les fonds massifs que l’Etat irlandais s’apprête à injecter dans les banques du pays grâce au plan d’aide international devraient conduire à une nationalisation quasi totale du secteur bancaire de l’ex-Tigre celtique, assure, mercredi 24 novembre, la presse irlandaise ». Mauvais réflexe ?
À France Inter, paisiblement piraté
Le lundi 1er novembre 2010, dans la séquence matinale d’Inter activ’, un auditeur se fait évacuer manu militari de l’antenne par l’animateur Bruno Duvic, au beau milieu d’une question, dont on ne saura pas la teneur exacte
- Bruno Duvic : « Allez, nous allons au standard (...) Bastien nous appelle d’Ile-de-France, Bonjour ! »
- Bastien : « Bonjour »
- Bruno Duvic : « Bienvenue sur France Inter, Sylvie Guillem et Dominique Meyer vous écoutent. »
- Bastien : « Oui, comme vous le savez c’est uniquement à son amitié avec Carla Sarkozy que Philippe Val doit sa tête, sa place à la tête de [Les derniers mots de la retranscription sont à peine audibles à l’antenne car Bastien est bruyamment interrompu par Bruno Duvic. Peut-être que Bastien voulait dire « c’est uniquement à son amitié avec Carla Sarkozy que Philippe Val doit sa place à la tête de France Inter » ?] »
- Bruno Duvic : « Ah tiens donc un appel pirate, on est ravis [au point de fermer le micro à l’auditeur], eh bé écoutez, alors, on va, on va préciser une chose, il y a un médiateur de Radio France qui intervient tous les mois sur l’antenne de France Inter et vous pouvez adresser vos messages, vos coups de gueule les plus puissants au médiateur de France Inter. Vous trouverez son adresse sur franceinter.com, il s’appelle Jérôme Bouvier et il intervient une fois par mois à l’antenne pour faire dialoguer de manière totalement paisible les auditeurs et la direction de France Inter dont je ne suis pas le porte-parole. La question pipeau que nous avait suggérée Bastien sur la fiche qui a été transmise, elle est tout de même intéressante : "Sylvie Guillem, en ces temps de crise, est-ce que vous avez des témoignages sur le thème : la culture nous fait du bien, ça nous fait du bien de venir nous, de venir vous voir sur scène ? " »
Tant il est vrai que, à ce point « ravi » d’un « appel pirate », l’animateur peut finalement trouver « intéressante » une « question pipeau »... Pour les relations entre la direction de France Inter et l’exécutif en revanche, il faudra repasser...
À l’indignation de Ségolène Royal
Souvenez-vous : Ségolène Royal, indignée, avait brandi cette couverture de Challenges en coupant le titre de cet hebdomadaire (Lire « Quelle horreur ! Ségolène Royal a découpé un confrère de France Inter)
Un correspondant, dont la mémoire n’a pas flanché, nous incite à compléter l’information. Le 29 mars 2007, Challenges offrait sa « Une » à… Ségolène Royal.
Challenges un jour, Challenges toujours !
À Renaud Revel, enquêteur en coulisses
Deux jours (d’enquête) après l’interview de Sarkozy par un trio de porte-micros triés sur le volet, Renaud Revel « spécialiste » média de L’Express, nous décrit avec éclat les « coulisses » de l’épisode. Les révélations sont fracassantes : y assistait « une brochette de professionnels de télévisions qu’entouraient les conseillers du chef de l’Etat et…Carla Bruni ». Autre surprise : « d’un avis unanime, le chef de l’Etat est apparu très content et détendu au terme de ce long entretien ». Et pour cause : « aucune questions (sic) n’avait été occultée, (à l’exception de l’attentat de Karachi, faut-il corriger, même si l’oubli est involontaire ) ». M. Revel a le sens de la « correction ».
Professionnels, conseillers, président, présidente, tous sont bien contents. Seule ombre au tableau : « Rodolphe Belmer, de son côté, a seulement regretté que David Pujadas coupe parfois la parole -et l’herbe sous le pied – à Michel Denisot. Une critique à la marge. »
Mais le véritable scoop est dans le dernier paragraphe, à savourer : « Quant à David Pujadas, il me faisait remarquer ce matin, avec amusement, après avoir considéré, lui aussi, que l’émission s’était plutôt bien déroulée, que la petite pique du chef de l’Etat rappelant à Claire Chazal et à lui-même, à propos de la problématique sécuritaire, les journaux de 20 heures de TF1 et de France 2 faisant la part bien belle aux incidents survenus à Grenoble à l’été 2010 [2], était malvenue le concernant puisqu’il était en vacances à cette époque ».
Amusant, non ?
À Jacques Julliard, pour l’ensemble de son œuvre
Le 18 novembre 2010, Jacques Julliard, 77 ans et jusqu’ici pimpant directeur délégué du Nouvel Observateur où il était entré en 1970, annonce dans une lettre aux salariés qu’il quitte le journal de Jean Daniel, pour rejoindre Marianne : « Deux sentiments ont inspiré ma décision. D’abord, le besoin de rompre avec mon confort intellectuel et de me remettre en cause. Ensuite, le sentiment qu’à la place que j’occupe, à l’âge que j’ai, je n’ai plus guère de chances de peser sur l’avenir de ce journal : ni sur ses orientations, ni sur sa formule, où je m’inquiète de voir trop souvent le côté magazine l’emporter sur notre vocation originelle et notre "cœur de métier". »
S’apercevoir en 2010 de l’évolution “magazine” du Nouvel Obs pour s’en consoler dans les bras de… Marianne, voilà donc la dernière facétie de cet ancien membre de la Fondation Saint-Simon.
Or celui-ci, le 18 janvier 2010, dans une tribune publiée par Libération et intitulée « Vingt thèses pour repartir du pied gauche », fustigeait le « capitalisme financier » et des « tendances » dont on ne se souvient pas qu’ils aient beaucoup ému en son temps… la Fondation Saint-Simon. « L’Europe, qui, à cause des positions de ses deux nations de tête, l’Allemagne et la France, aurait dû jouer un rôle de contrepoids aux tendances hyperlibérales du capitalisme anglo-saxon, a failli complètement […]. Conduite par des politiciens médiocres et sans vision, elle s’est faite l’instrument docile des tendances les plus dérégulatrices du capitalisme international [3].
À titre d’hommage au sparring-partner de Luc Ferry sur LCI (groupe Bouygues), rappelons d’autres exemples de cette lucidité borgne qui fait tout le charme du nouvel éditorialiste de Marianne :
Dans L’Année des dupes, (Le Seuil, 1996), celui-ci donnait quelques indications sur son « genre de vie » :
- Jeudi 9 février : « Dîner chez Anne Sinclair avec DSK, Olivier Duhamel et Évelyne » ;
- Lundi 13 mars : « Déjeuner avec Jacques Chirac au Nouvel Obs. En plus de l’état-major du journal, on avait invité une brochette de patrons prestigieux : Vincent Bolloré, Michel David-Weill, Jean-Luc Lagardère, Didier Pineau-Valencienne, Antoine Riboud, Serge Trigano, etc. »
- Lundi 20 mars : « Le soir, dîner chez Caroline Lang [...]. Il y a là tout le gratin de la presse, Giesbert, PPDA, Christine Ockrent, quelques intellectuels, BHL, etc. »
- Samedi 25 mars : « Joyeux et sympathique dîner chez Pierre et Blandine Rosanvallon. »
- Vendredi 31 mars : « Dîner avec Nicolas Sarkozy chez Bernard-Henri Lévy. »
Mais deux ans plus tard, dans L’année des fantômes (Seuil, 1998) Jacques Julliard ne décolérait pas contre la gauche caviar [4] :« Il y a dans la gauche caviar un tel décalage entre le discours public et le genre de vie, autrement dit une telle hypocrisie sociale, qu’elle dévalorise tout ce qu’elle touche. » Faut-il en conclure qu’il faut ajuster le discours public à la préservation du « genre de vie » ?
Est-ce encore le cas ? Le 3 novembre 2010, sur le site de Le nouvel économiste, le même estimait que « la lutte des classes, ce n’est pas un principe, c’est un constat ». Un constat, immédiatement tempéré par cet autre : « L’allongement de la durée des cotisations me paraît inéluctable. […] Le mot même de retraite et l’attachement qu’il a suscité indiquent bien combien ce pays est tourné économiquement et socialement vers le passé »… Traduisons : c’est parce qu’ils sont attachés « au mot même de retraites » que les salariés se sont mobilisés ; la lutte des classes les détournerait ainsi de l’avenir…
La liberté d’opinion des chroniqueurs et des éditorialistes ne leur crée aucune obligation de décence ou de cohérence. En passant du Nouvel Observateur à Marianne, Jacques Julliard témoigne en faveur de cette liberté… et de son absence d’attachement au mot même de retraite.
À Perico Légasse, franchisseur de limites
ÀMarianne, Jacques Julliard rencontrera sans doute Perico Légasse, rédacteur en chef de la rubrique « Art de vivre » et grand pourfendeur (à ce titre ?) des privilèges. De ceux qui ont les moyens de bénéficier de cet « art de vivre » ? Des patrons-voyous et des détenteurs de stock-options ? Evidemment pas. Dans un article finement intitulé « Les limites franchies de l’indécence syndicale », il s’agit du privilège de Didier Le reste, secrétaire de la Fédération des cheminots CGT, qui prend sa retraite à 55 ans. « Ce monsieur », écrit notre artiste « a le pouvoir de bloquer une partie du pays, de prendre parfois - un peu - en otage les salariés et les travailleurs de ce pays, »
Du reste, sa situation personnelle n’est pas en cause, poursuit l’esthète de Marianne, qui « trouve seulement qu’il y a une légère dichotomie entre le sort des uns et le statut des autres, entre le pouvoir d’embêter une population innocente pour préserver des acquis pas forcément justifiés et l’impuissance de ceux qui sont là pour subir, entre le discours misérabiliste de nantis sociaux et le silence d’une majorité de précaires qui eux aussi aimeraient bien que l’on se mobilise pour atténuer leur calvaire. Mais l’action syndicale est trop souvent l’apanage d’une certaine catégorie de privilégiés qui exigent la solidarité de ceux pour lesquels ils ne lèveront jamais le petit doigt ». Et puis d’ailleurs, est-il bien raisonnable de se « mobiliser », puisque « l’on sait que l’allongement de l’âge de la retraite à 62 ans n’est hélas qu’une étape provisoire vers celui, inévitable, à 65 ans » ?
Et si la situation personnelle de Le Reste n’est pas en cause, demeure tout de même cette question : « est-il le mieux placé pour exiger des pouvoirs publics une attitude de justice quand lui-même bénéficie d’une prébende aussi illégitime ? »
À la colère triste de Jean-François Achilli
Le 9 novembre, sur son blog, dans un billet pathétiquement intitulé « U troppu stroppia (trop, c’est trop) », le chef du service politique de France Inter laisse parler son cœur (brisé) : « Je voudrais au travers de ces lignes exprimer ma colère et ma tristesse ». La cause de tant d’émotions ?
Rien de moins qu’un écho du Canard Enchainé du mercredi 10 novembre 2010, où il « est dit qu’Europe 1, qui veut recruter un nouveau responsable pour son service politique, hésiterait sur ma personne, craignant “de se voir reprocher le recrutement d’Achilli, du genre plutôt tendre avec Sarkozy, à l’approche de 2012” ».
A la différence de sa consœur Françoise Degois qui a rejoint l’équipe de Ségolène Royal après avoir suivi sa campagne pour France Inter, Jean-François Achilli n’a pas intégré l’Elysée, après avoir suivi, pour la même station, Nicolas Sarkozy dans tous ses déplacements depuis 2004 [5]. Cette suspicion est donc infondée et insupportable : « Je suis en colère, parce qu’il y en a marre : je ne suis ni pour, ni contre Nicolas Sarkozy, Martine Aubry, ou qui que ce soit d’autre. L’antisarkozysme est insignifiant, et le militantisme est la fin du journalisme ».
Voilà pour la colère. La tristesse vient sans doute d’un autre constat : « Je constate une fois de plus, que la paresse l’a emporté sur le professionnalisme ». Car « si le courageux plumitif du Canard avait pris le soin de m’appeler, c’est-à-dire faire son job », il aurait eu des preuves décisives que le penchant sarkozique d’Achilli n’est que pur fantasme. Jugez plutôt : « il aurait découvert que je m’étais officiellement retiré du tour de table d’Europe 1, et que tous mes papiers dits sur l’antenne de France Inter, et signés, sont accessibles sur mon blog, en toute transparence ».
Mais tout est bien qui finit bien, car Jean-François a heureusement « décidé de ne pas me laisser dégoûter de [son] métier. » Ouf ! Interrogé dans le Paris Match du 4 novembre 2010 sur son émission « Dimanche soir politique » sur France Inter, Achilli donnait une idée de son « cœur de métier », comme dirait Julliard : « Notre but est d’être repris aux 20 heures des télévisions et dans la matinale du lundi ». Noble cause.
Au Figaro, lecteur de Karl Marx
Le titre est prometteur : « Les Leçons d’une crise sociale et sociétale ». C’est celui d’un article d’Yves de Kerdrel, paru dans Le Figaro, mardi 2 novembre 2010. Sans surprise, le penseur-maison se félicite du vote de la réforme des retraites et du « dégonflement plus rapide que prévu des mouvements sociaux ». Parmi les leçons qu’il tire de « cet épisode », celle-ci : « le social n’existe pas, il n’existe plus ». Diable ! Mais c’est sans doute une opinion, cette fois solidement fondée : « Karl Marx avait raison lorsqu’il tentait de prouver que tout est économique. » Pas de doute : il avait raison de tenter de prouver une telle stupidité !
À l’« ultra-violence » d’Elise Lucet
Lundi 18 octobre 2010, l’émission « Pièces à conviction » est consacrée à « l’ultra-violence ». Des guerres en Irak et en Afghanistan ? Pas exactement. Interrogée par le « blog TV news », la présentatrice de l’émission, Elise Lucet, apporte quelques précisions. C’est d’abord la violence des jeunes : « Ces derniers temps, nous avons assisté à des faits de violence extrêmement graves qui impliquent très souvent des jeunes ou des très jeunes. Nous nous sommes donc interrogés sur cette ultra-violence et nous avons voulu essayer de comprendre d’où elle venait ». Et d’où vient-elle ? « ... nous avons voulu essayer de comprendre d’où elle venait pourquoi certains caps ont été dépassés, car même les jeunes qui ont aujourd’hui 20 ans dans les cités reconnaissent n’avoir jamais atteint ce niveau de violence ».
L’ultra-violence, c’est donc la violence des jeunes des cités. Un raccourci malheureux ? Non, une confusion que confirme toute la suite de l’interview qui alterne généralisations fantasmatiques et clichés apocalyptiques sur les « banlieues » - et sur elles seules : « Nous sommes allés en Seine-Saint-Denis, dans plusieurs villes de la région parisienne, et à Grenoble, dans le quartier de la Villeneuve [...] Aujourd’hui, quand les pompiers interviennent dans une cité, ils doivent se protéger de projectiles divers faits pour tuer, comme un frigo lancé du huitième étage [...] Dans ces zones de non-droit, tout le monde est armé . Dans une cité, nous avons rencontré un garçon qui vend des armes de catégorie 4 [...] On voit des gamins armés qui n’ont, eux, peur de rien et qui n’ont plus du tout de repères moraux . Quand ils parlent de leurs victimes, ils disent : "Il n’avait qu’à pas être au mauvais endroit au mauvais moment". »
Pour enrichir la réflexion, après le reportage, « le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, sera notre invité en plateau ». Et, par un juste souci d’équilibre, « nous aurons aussi un ou des représentants de la police en plateau », qui trouveront là « l’occasion de rappeler leur malaise face aux délinquants qu’ils interpellent et qui sont relâchés 48 heures plus tard ».
La conclusion fait froid dans le dos : « Très clairement, la peur a changé de camp : avant, les policiers faisaient peur, désormais c’est l’inverse ». Ils doivent trop regarder la télé !
Et pour finir...
À la titraille du JDD
Dès le 8 octobre, alors qu’une journée de grève était d’ores et déjà prévue le 12, le Jdd.fr, à la suite de l’annonce d’une nouvelle journée d’action pour le 16 octobre, publie un article d’information à peu près correct. Avec, en guise de titre, cet éditorial : « Les syndicats collés à la rue »... Elégant, non ?
Un Collectif d’Acrimed
À la lucidité d’Alain Minc
Au détour d’un article par ailleurs sans grand intérêt sur Sarkozy et les journalistes, cette observation d’Alain Minc : « Un homme politique qui déconne, il est battu. Un chef d’entreprise qui prend une mauvaise décision, il fait faillite. Un journaliste qui dit une connerie, il est là vingt ans après ».
Il en va malheureusement de même de certains essayistes conseillers des princes, et convaincus de plagiat [1].
À l’unanimité des « experts »
Deux titres repérés, le 24 novembre 2010, sur Google News, dont la contradiction flagrante est un hymne aux "experts", aux agences, et aux médias qui les relaient :
- Reuters : « USA - Les stocks de brut ont augmenté moins que prévu ». Et dans le corps de la dépêche, cette précision : « Les stocks de brut ont augmenté d’un million de barils à 358,6 millions [...] Les économistes attendaient en moyenne 2,1 millions de barils de hausse ».
-AWP/AFP : « PÉTROLE/USA : hausse inattendue des stocks de brut (DoE) ». Et dans le corps de la dépêche : « Les stocks de brut ont progressé de 1,0 million de barils à 358,6 millions de barils [...] Les analystes [...] anticipaient à l’inverse un repli de 1,9 million de barils ».
Aux publicités du Figaro.fr
Après l’acquittement du gendarme qui a tué un Gitan, le figaro.fr a osé un rapprochement audacieux , mais sans doute involontaire. Il serait par conséquent malveillant de l’attribuer à son orientation éditoriale :
Capture d’écran du 17 septembre 2010 :
Aux conférences des « Echos »
« Médias 2010 » : la conférence annuelle organisée le 16 décembre 2010 par le groupe Les Echos (en partenariat avec Médiamétrie, TNS-Sofrès, etc.), invite les participants à « Monétiser les contenus et la marque ». Pour celles et ceux qui souhaiteraient y assister, c’est « 950 € HT (soit 1 136,20 € TTC) par personne ». Avec tout de même « 20% de réduction à partir de la deuxième inscription d’une même société ».
« À qui s’adresse cette conférence ? » La présentation (en .pdf) sur le site de la TNS-Sofres dresse la liste : « Présidents, présidents-directeurs généraux,, directeurs généraux, Directeurs du développement et de la stratégie, Directeurs marketing et communication, Directeurs publicité et directeurs commerciaux, Directeurs diversification et produits dérivés, FAI, Agences de publicité, Banques et sociétés d’investissement, Opérateurs télécoms, Consultants, Journalistes... Et tous ceux qui sont concernés par l’évolution du secteur des médias ».
« Tous ceux qui sont concernés » ? Aucune réduction ne semble prévue pour les précaires.
Aux lapsus non-révélateurs
- Les repères de l’Alsace
Ce titre relevé dans l’Alsace : « La mosquée, un espace de foi et un repaire ». Rappelons qu’un « repaire » est, selon le dictionnaire, un lieu qui sert de refuge à une bête sauvage ou à des individus dangereux.
Quelques heures plus tard, le titre est corrigé...
...mais demeure dans l’adresse URL :
- La « privattitude » du Monde
Un titre étrange sur le site du Monde.fr, le 24 novembre 2010 : « Les banques irlandaises en voie de privatisation ». Et nous qui croyions qu’elles étaient déjà privées !
La première phrase de l’article rétablit la vérité : « Les fonds massifs que l’Etat irlandais s’apprête à injecter dans les banques du pays grâce au plan d’aide international devraient conduire à une nationalisation quasi totale du secteur bancaire de l’ex-Tigre celtique, assure, mercredi 24 novembre, la presse irlandaise ». Mauvais réflexe ?
À France Inter, paisiblement piraté
Le lundi 1er novembre 2010, dans la séquence matinale d’Inter activ’, un auditeur se fait évacuer manu militari de l’antenne par l’animateur Bruno Duvic, au beau milieu d’une question, dont on ne saura pas la teneur exacte
- Bruno Duvic : « Allez, nous allons au standard (...) Bastien nous appelle d’Ile-de-France, Bonjour ! »
- Bastien : « Bonjour »
- Bruno Duvic : « Bienvenue sur France Inter, Sylvie Guillem et Dominique Meyer vous écoutent. »
- Bastien : « Oui, comme vous le savez c’est uniquement à son amitié avec Carla Sarkozy que Philippe Val doit sa tête, sa place à la tête de [Les derniers mots de la retranscription sont à peine audibles à l’antenne car Bastien est bruyamment interrompu par Bruno Duvic. Peut-être que Bastien voulait dire « c’est uniquement à son amitié avec Carla Sarkozy que Philippe Val doit sa place à la tête de France Inter » ?] »
- Bruno Duvic : « Ah tiens donc un appel pirate, on est ravis [au point de fermer le micro à l’auditeur], eh bé écoutez, alors, on va, on va préciser une chose, il y a un médiateur de Radio France qui intervient tous les mois sur l’antenne de France Inter et vous pouvez adresser vos messages, vos coups de gueule les plus puissants au médiateur de France Inter. Vous trouverez son adresse sur franceinter.com, il s’appelle Jérôme Bouvier et il intervient une fois par mois à l’antenne pour faire dialoguer de manière totalement paisible les auditeurs et la direction de France Inter dont je ne suis pas le porte-parole. La question pipeau que nous avait suggérée Bastien sur la fiche qui a été transmise, elle est tout de même intéressante : "Sylvie Guillem, en ces temps de crise, est-ce que vous avez des témoignages sur le thème : la culture nous fait du bien, ça nous fait du bien de venir nous, de venir vous voir sur scène ? " »
Tant il est vrai que, à ce point « ravi » d’un « appel pirate », l’animateur peut finalement trouver « intéressante » une « question pipeau »... Pour les relations entre la direction de France Inter et l’exécutif en revanche, il faudra repasser...
À l’indignation de Ségolène Royal
Souvenez-vous : Ségolène Royal, indignée, avait brandi cette couverture de Challenges en coupant le titre de cet hebdomadaire (Lire « Quelle horreur ! Ségolène Royal a découpé un confrère de France Inter)
Un correspondant, dont la mémoire n’a pas flanché, nous incite à compléter l’information. Le 29 mars 2007, Challenges offrait sa « Une » à… Ségolène Royal.
Challenges un jour, Challenges toujours !
À Renaud Revel, enquêteur en coulisses
Deux jours (d’enquête) après l’interview de Sarkozy par un trio de porte-micros triés sur le volet, Renaud Revel « spécialiste » média de L’Express, nous décrit avec éclat les « coulisses » de l’épisode. Les révélations sont fracassantes : y assistait « une brochette de professionnels de télévisions qu’entouraient les conseillers du chef de l’Etat et…Carla Bruni ». Autre surprise : « d’un avis unanime, le chef de l’Etat est apparu très content et détendu au terme de ce long entretien ». Et pour cause : « aucune questions (sic) n’avait été occultée, (à l’exception de l’attentat de Karachi, faut-il corriger, même si l’oubli est involontaire ) ». M. Revel a le sens de la « correction ».
Professionnels, conseillers, président, présidente, tous sont bien contents. Seule ombre au tableau : « Rodolphe Belmer, de son côté, a seulement regretté que David Pujadas coupe parfois la parole -et l’herbe sous le pied – à Michel Denisot. Une critique à la marge. »
Mais le véritable scoop est dans le dernier paragraphe, à savourer : « Quant à David Pujadas, il me faisait remarquer ce matin, avec amusement, après avoir considéré, lui aussi, que l’émission s’était plutôt bien déroulée, que la petite pique du chef de l’Etat rappelant à Claire Chazal et à lui-même, à propos de la problématique sécuritaire, les journaux de 20 heures de TF1 et de France 2 faisant la part bien belle aux incidents survenus à Grenoble à l’été 2010 [2], était malvenue le concernant puisqu’il était en vacances à cette époque ».
Amusant, non ?
À Jacques Julliard, pour l’ensemble de son œuvre
Le 18 novembre 2010, Jacques Julliard, 77 ans et jusqu’ici pimpant directeur délégué du Nouvel Observateur où il était entré en 1970, annonce dans une lettre aux salariés qu’il quitte le journal de Jean Daniel, pour rejoindre Marianne : « Deux sentiments ont inspiré ma décision. D’abord, le besoin de rompre avec mon confort intellectuel et de me remettre en cause. Ensuite, le sentiment qu’à la place que j’occupe, à l’âge que j’ai, je n’ai plus guère de chances de peser sur l’avenir de ce journal : ni sur ses orientations, ni sur sa formule, où je m’inquiète de voir trop souvent le côté magazine l’emporter sur notre vocation originelle et notre "cœur de métier". »
S’apercevoir en 2010 de l’évolution “magazine” du Nouvel Obs pour s’en consoler dans les bras de… Marianne, voilà donc la dernière facétie de cet ancien membre de la Fondation Saint-Simon.
Or celui-ci, le 18 janvier 2010, dans une tribune publiée par Libération et intitulée « Vingt thèses pour repartir du pied gauche », fustigeait le « capitalisme financier » et des « tendances » dont on ne se souvient pas qu’ils aient beaucoup ému en son temps… la Fondation Saint-Simon. « L’Europe, qui, à cause des positions de ses deux nations de tête, l’Allemagne et la France, aurait dû jouer un rôle de contrepoids aux tendances hyperlibérales du capitalisme anglo-saxon, a failli complètement […]. Conduite par des politiciens médiocres et sans vision, elle s’est faite l’instrument docile des tendances les plus dérégulatrices du capitalisme international [3].
À titre d’hommage au sparring-partner de Luc Ferry sur LCI (groupe Bouygues), rappelons d’autres exemples de cette lucidité borgne qui fait tout le charme du nouvel éditorialiste de Marianne :
Dans L’Année des dupes, (Le Seuil, 1996), celui-ci donnait quelques indications sur son « genre de vie » :
- Jeudi 9 février : « Dîner chez Anne Sinclair avec DSK, Olivier Duhamel et Évelyne » ;
- Lundi 13 mars : « Déjeuner avec Jacques Chirac au Nouvel Obs. En plus de l’état-major du journal, on avait invité une brochette de patrons prestigieux : Vincent Bolloré, Michel David-Weill, Jean-Luc Lagardère, Didier Pineau-Valencienne, Antoine Riboud, Serge Trigano, etc. »
- Lundi 20 mars : « Le soir, dîner chez Caroline Lang [...]. Il y a là tout le gratin de la presse, Giesbert, PPDA, Christine Ockrent, quelques intellectuels, BHL, etc. »
- Samedi 25 mars : « Joyeux et sympathique dîner chez Pierre et Blandine Rosanvallon. »
- Vendredi 31 mars : « Dîner avec Nicolas Sarkozy chez Bernard-Henri Lévy. »
Mais deux ans plus tard, dans L’année des fantômes (Seuil, 1998) Jacques Julliard ne décolérait pas contre la gauche caviar [4] :« Il y a dans la gauche caviar un tel décalage entre le discours public et le genre de vie, autrement dit une telle hypocrisie sociale, qu’elle dévalorise tout ce qu’elle touche. » Faut-il en conclure qu’il faut ajuster le discours public à la préservation du « genre de vie » ?
Est-ce encore le cas ? Le 3 novembre 2010, sur le site de Le nouvel économiste, le même estimait que « la lutte des classes, ce n’est pas un principe, c’est un constat ». Un constat, immédiatement tempéré par cet autre : « L’allongement de la durée des cotisations me paraît inéluctable. […] Le mot même de retraite et l’attachement qu’il a suscité indiquent bien combien ce pays est tourné économiquement et socialement vers le passé »… Traduisons : c’est parce qu’ils sont attachés « au mot même de retraites » que les salariés se sont mobilisés ; la lutte des classes les détournerait ainsi de l’avenir…
La liberté d’opinion des chroniqueurs et des éditorialistes ne leur crée aucune obligation de décence ou de cohérence. En passant du Nouvel Observateur à Marianne, Jacques Julliard témoigne en faveur de cette liberté… et de son absence d’attachement au mot même de retraite.
À Perico Légasse, franchisseur de limites
ÀMarianne, Jacques Julliard rencontrera sans doute Perico Légasse, rédacteur en chef de la rubrique « Art de vivre » et grand pourfendeur (à ce titre ?) des privilèges. De ceux qui ont les moyens de bénéficier de cet « art de vivre » ? Des patrons-voyous et des détenteurs de stock-options ? Evidemment pas. Dans un article finement intitulé « Les limites franchies de l’indécence syndicale », il s’agit du privilège de Didier Le reste, secrétaire de la Fédération des cheminots CGT, qui prend sa retraite à 55 ans. « Ce monsieur », écrit notre artiste « a le pouvoir de bloquer une partie du pays, de prendre parfois - un peu - en otage les salariés et les travailleurs de ce pays, »
Du reste, sa situation personnelle n’est pas en cause, poursuit l’esthète de Marianne, qui « trouve seulement qu’il y a une légère dichotomie entre le sort des uns et le statut des autres, entre le pouvoir d’embêter une population innocente pour préserver des acquis pas forcément justifiés et l’impuissance de ceux qui sont là pour subir, entre le discours misérabiliste de nantis sociaux et le silence d’une majorité de précaires qui eux aussi aimeraient bien que l’on se mobilise pour atténuer leur calvaire. Mais l’action syndicale est trop souvent l’apanage d’une certaine catégorie de privilégiés qui exigent la solidarité de ceux pour lesquels ils ne lèveront jamais le petit doigt ». Et puis d’ailleurs, est-il bien raisonnable de se « mobiliser », puisque « l’on sait que l’allongement de l’âge de la retraite à 62 ans n’est hélas qu’une étape provisoire vers celui, inévitable, à 65 ans » ?
Et si la situation personnelle de Le Reste n’est pas en cause, demeure tout de même cette question : « est-il le mieux placé pour exiger des pouvoirs publics une attitude de justice quand lui-même bénéficie d’une prébende aussi illégitime ? »
À la colère triste de Jean-François Achilli
Le 9 novembre, sur son blog, dans un billet pathétiquement intitulé « U troppu stroppia (trop, c’est trop) », le chef du service politique de France Inter laisse parler son cœur (brisé) : « Je voudrais au travers de ces lignes exprimer ma colère et ma tristesse ». La cause de tant d’émotions ?
Rien de moins qu’un écho du Canard Enchainé du mercredi 10 novembre 2010, où il « est dit qu’Europe 1, qui veut recruter un nouveau responsable pour son service politique, hésiterait sur ma personne, craignant “de se voir reprocher le recrutement d’Achilli, du genre plutôt tendre avec Sarkozy, à l’approche de 2012” ».
A la différence de sa consœur Françoise Degois qui a rejoint l’équipe de Ségolène Royal après avoir suivi sa campagne pour France Inter, Jean-François Achilli n’a pas intégré l’Elysée, après avoir suivi, pour la même station, Nicolas Sarkozy dans tous ses déplacements depuis 2004 [5]. Cette suspicion est donc infondée et insupportable : « Je suis en colère, parce qu’il y en a marre : je ne suis ni pour, ni contre Nicolas Sarkozy, Martine Aubry, ou qui que ce soit d’autre. L’antisarkozysme est insignifiant, et le militantisme est la fin du journalisme ».
Voilà pour la colère. La tristesse vient sans doute d’un autre constat : « Je constate une fois de plus, que la paresse l’a emporté sur le professionnalisme ». Car « si le courageux plumitif du Canard avait pris le soin de m’appeler, c’est-à-dire faire son job », il aurait eu des preuves décisives que le penchant sarkozique d’Achilli n’est que pur fantasme. Jugez plutôt : « il aurait découvert que je m’étais officiellement retiré du tour de table d’Europe 1, et que tous mes papiers dits sur l’antenne de France Inter, et signés, sont accessibles sur mon blog, en toute transparence ».
Mais tout est bien qui finit bien, car Jean-François a heureusement « décidé de ne pas me laisser dégoûter de [son] métier. » Ouf ! Interrogé dans le Paris Match du 4 novembre 2010 sur son émission « Dimanche soir politique » sur France Inter, Achilli donnait une idée de son « cœur de métier », comme dirait Julliard : « Notre but est d’être repris aux 20 heures des télévisions et dans la matinale du lundi ». Noble cause.
Au Figaro, lecteur de Karl Marx
Le titre est prometteur : « Les Leçons d’une crise sociale et sociétale ». C’est celui d’un article d’Yves de Kerdrel, paru dans Le Figaro, mardi 2 novembre 2010. Sans surprise, le penseur-maison se félicite du vote de la réforme des retraites et du « dégonflement plus rapide que prévu des mouvements sociaux ». Parmi les leçons qu’il tire de « cet épisode », celle-ci : « le social n’existe pas, il n’existe plus ». Diable ! Mais c’est sans doute une opinion, cette fois solidement fondée : « Karl Marx avait raison lorsqu’il tentait de prouver que tout est économique. » Pas de doute : il avait raison de tenter de prouver une telle stupidité !
À l’« ultra-violence » d’Elise Lucet
Lundi 18 octobre 2010, l’émission « Pièces à conviction » est consacrée à « l’ultra-violence ». Des guerres en Irak et en Afghanistan ? Pas exactement. Interrogée par le « blog TV news », la présentatrice de l’émission, Elise Lucet, apporte quelques précisions. C’est d’abord la violence des jeunes : « Ces derniers temps, nous avons assisté à des faits de violence extrêmement graves qui impliquent très souvent des jeunes ou des très jeunes. Nous nous sommes donc interrogés sur cette ultra-violence et nous avons voulu essayer de comprendre d’où elle venait ». Et d’où vient-elle ? « ... nous avons voulu essayer de comprendre d’où elle venait pourquoi certains caps ont été dépassés, car même les jeunes qui ont aujourd’hui 20 ans dans les cités reconnaissent n’avoir jamais atteint ce niveau de violence ».
L’ultra-violence, c’est donc la violence des jeunes des cités. Un raccourci malheureux ? Non, une confusion que confirme toute la suite de l’interview qui alterne généralisations fantasmatiques et clichés apocalyptiques sur les « banlieues » - et sur elles seules : « Nous sommes allés en Seine-Saint-Denis, dans plusieurs villes de la région parisienne, et à Grenoble, dans le quartier de la Villeneuve [...] Aujourd’hui, quand les pompiers interviennent dans une cité, ils doivent se protéger de projectiles divers faits pour tuer, comme un frigo lancé du huitième étage [...] Dans ces zones de non-droit, tout le monde est armé . Dans une cité, nous avons rencontré un garçon qui vend des armes de catégorie 4 [...] On voit des gamins armés qui n’ont, eux, peur de rien et qui n’ont plus du tout de repères moraux . Quand ils parlent de leurs victimes, ils disent : "Il n’avait qu’à pas être au mauvais endroit au mauvais moment". »
Pour enrichir la réflexion, après le reportage, « le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, sera notre invité en plateau ». Et, par un juste souci d’équilibre, « nous aurons aussi un ou des représentants de la police en plateau », qui trouveront là « l’occasion de rappeler leur malaise face aux délinquants qu’ils interpellent et qui sont relâchés 48 heures plus tard ».
La conclusion fait froid dans le dos : « Très clairement, la peur a changé de camp : avant, les policiers faisaient peur, désormais c’est l’inverse ». Ils doivent trop regarder la télé !
Et pour finir...
À la titraille du JDD
Dès le 8 octobre, alors qu’une journée de grève était d’ores et déjà prévue le 12, le Jdd.fr, à la suite de l’annonce d’une nouvelle journée d’action pour le 16 octobre, publie un article d’information à peu près correct. Avec, en guise de titre, cet éditorial : « Les syndicats collés à la rue »... Elégant, non ?
Un Collectif d’Acrimed
Notes
[1] Voir l’article de PLPL sur cet aspect vite oublié de la trajectoire d’Alain Minc.
[2] Lire notre article.
[3] Lire également ici même « Deux girouettes inamovibles : Jacques Julliard et Alain Minc sur France Culture », avril 2010
[4] Voir, dans le Plan B n°5 (décembre 2006), une synthèse de l’opus julliardien dans l’article « Ces fats qui nous informent ».
[5] Selon la présentation du livre qu’il a tiré de cette expérience : Carnets de Campagne. Présentation qui précise : « Jamais complaisant ni dupe, Jean-François Achilli nous offre un récit de terrain, vivant, drôle, plein d’anecdotes et de confidences inédites ».
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