Frédéric Lordon
Les sciences sociales se sont beaucoup posé la question des effets des institutions mais fort peu la question de la production de ces effets. Par quels mécanismes concrets les institutions tiennent-elles les individus à leur norme, par quel modus operandi les font-elles vivre sous leurs rapports ? Une approche spinoziste en sciences sociales est spécialement bien armée pour répondre à des questions de ce genre précisément en tant qu’elle offre des concepts pour penser l’efficacité – à entendre comme : la production d’effets. Ces concepts sont la puissance (conatus) et les affects. Faire quelque chose à un individu et lui faire faire quelque chose est l’effet de la puissance comme pouvoir d’affecter. Or, indiscutablement, les institutions font « quelque chose » aux individus – elles les affectent. Étant des réalités sociales, une théorie spinoziste des institutions doit faire jouer ces concepts au niveau collectif. Ils y prennent la forme de la « puissance de la multitude » qui apparaît comme le principe fondamental de toute norme et de toute autorité institutionnelle. - Texte
(et leurs crises) », Revue de la régulation [En ligne], n°7 | 1er semestre 2010, mis en ligne le 09 juin 2010, Consulté le 25 septembre 2010. URL : http://regulation.revues.org/index7748.html
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