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14/06/2009

L’actualité de la crise : L’impardonnable est arrivé

François Leclerc

Rien d’un tant soi peu concret n’est sorti de la réunion du G8 qui vient de se terminer en Italie et qui a réuni les ministres des finances de l’Allemagne, du Canada, des Etats-Unis, de la France, de la Grande-Bretagne, de l’Italie, de la Russie et du Japon. La prudence des formulations très générales du communiqué final, comme le silence fait sur certaines questions sensibles (l’évaluation de l’état du système bancaire), illustrent ce qu’il faut bien désormais appeler la paralysie de nombreux gouvernements, en premier lieu européens quand il s’agit d’œuvrer de concert à une solution de la crise.

Loin de s’éclaircir, la situation se complique. L’opacité financière de départ n’est pas dissipée, les crises financières et économiques se contaminent mutuellement, la globalisation de la crise générale contribue à son approfondissement et non pas à son recul, les actions des gouvernements, comme leurs déclarations, se poursuivent en ordre dispersé et, il faut bien le dire, dans une confusion accrue qui ne fait que refléter l’expression d’intérêts nationaux antagoniques faisant obstacle aux réponses communes qui sont indispensables : la crise est internationale, les solutions sont mondiales. Mais celles-ci font toujours défaut, l’improvisation continue d’être la règle. Est-ce un répit ou le début d’une accalmie porteuse de nouveaux problèmes, nul ne le sait vraiment, bien que tout le monde ou presque affecte de le laisser entendre quand il ne l’annonce pas. Mais dans tous les cas de figure, la crise et ses effets vont être de longue durée et douloureux.

Expression de cette situation, la Banque Mondiale vient de rendre public ses dernières prévisions de croissance, revues à la baisse, annonçant pour 2009 une chute du PIB mondial de 3 %, contre 1,75 % précédemment. Cette moyenne ne devant pas masquer, comme toujours, de grandes disparités et des situations particulièrement alarmantes dans les pays en voie de développement. En revanche, le FMI a revu ses propres prévisions afin de préparer le G8 et se montre pour une fois nettement plus optimiste, il prévoit désormais une croissance mondiale de 2,4% en 2010, au lieu de 1,9% jusqu’à présent. Qui a raison ? Qui a tort ? Ces divergences d’appréciation ne sont-elles pas l’expression de l’incertitude qui continue de prévaloir, plutôt que le résultat d’analyses momentanément divergentes ? Que valent en réalité ces prévisions, comme tant d’autres, quand il n’y a plus de points de repère, quand les instruments de mesure mêmes devraient être réétalonnés ?

Une autre approche permet peut-être de trancher le débat. « La situation du commerce mondial a empiré. Et si je ne partage pas l’optimisme, parfois un peu de commande, des gouvernements ou de ceux qui cherchent à influencer les marchés financiers, c’est parce que (…) du côté du commerce international, je ne vois pas à l’heure actuelle de signe positif », a déclaré Pascal Lamy, le directeur général de l’OMC, vendredi dernier à Paris.

En volume, le commerce mondial devrait en effet chuter de 9% en 2009. Il faut remonter à la Seconde guerre mondiale pour trouver une contraction d’une telle ampleur, a-t-il fait remarquer. « Il n’y a rien qui démente qu’on soit toujours en plein dans cette crise qui commence et qui continuera », a également ajouté Pascal Lamy, prédisant que ses conséquences sociales étaient encore devant nous, en particulier dans les pays en voie de développement.

Une autre image de cette situation, mais cette fois-ci de la confusion qui règne, est le débat désormais permanent qui s’est engagé des deux côtés de l’Atlantique à propos des dangers respectifs de la déflation et de l’inflation. Avec pour conséquence, selon le choix qui est fait, la poursuite de la politique de création monétaire des banques centrales (ou son affirmation s’agissant de la BCE), ou, alternativement, la préparation de mesures afin d’assécher le marché des liquidités qu’elles ont abondamment répandues. La difficulté provenant non seulement de la valeur contestable des pronostics de reprise, que l’on continue à entendre sans qu’ils soient davantage fondés sur des données établies (ou correctement analysées), mais du fait que, d’un pays à l’autre, les situations sont dissemblables. Or, encore une fois, une réponse unique est indispensable dans notre économie globalisée.

De partout, nous entendons les mots de déflation et d’inflation, sans savoir trop bien où nous en sommes finalement, et surtout où nous allons. Allons-nous bientôt découvrir ceux de stagflation et, plus étrange encore, de slumpflation ? Contraction de l’anglais slump (crise) et d’inflation, ce dernier terme pourrait acquérir une certaine renommée, il caractérise une situation économique marquée à la fois par une récession et une forte inflation. C’est la version détériorée de la stagflation, mélange de faible croissance nulle ou faible et toujours d’une forte inflation. Le véritable choix devant lequel nous sommes placés, et que les politiques vont devoir assumer et nous avec, est plus probablement celui qui va devoir être effectué entre ces deux dernières hypothèses. Un spectre pouvant chasser l’autre.

Pour l’instant, ces mêmes politiques préfèrent évoquer une « inflation négative », toujours à l’affût d’une représentation des faits qui justifie leurs mesures ou leur inaction, afin de ne pas reconnaître la déflation que va selon toute vraisemblance connaître toute l’Europe dès ce mois de juin. Au G8, ils ont choisi de parler de « signes de stabilisation », ce qui est encore plus vague. Christine Lagarde, ministre française de l’économie, a pour sa part parlé de « repli de l’inflation » et de « signe négatif de l’inflation » dans un communiqué publié vendredi dernier, pour désigner l’inavouable, alors qu’elle confirme qu’aucune mesure de relance supplémentaire française n’est prévue (« nous n’avons pas besoin de rajouter de l’engrais à la croissance qui germe actuellement », dans son interview de vendredi dernier aux Echos). Etrange gymnastique que la sienne, destinée à justifier sa politique, quand elle en vient à expliquer que cette baisse des prix (signe précurseur d’une déflation qu’elle ne nomme pas) agit « comme un facteur de soutien à la consommation dans le contexte difficile de la remontée du chômage. » Il n’y a donc pas besoin de relance, elle se fait toute seule et cela coûte moins cher au budget de l’Etat, CQFD.

C’est à 1957 qu’il faut remonter, selon l’INSEE, pour retrouver une inflation annuelle négative en France. Et, si l’on voulait poursuivre dans la même veine et rechercher d’autres précédents historiques, on n’en trouverait pas à propos de la chute de la production industrielle de la zone euro enregistrée par Eurosat (l’office européen des statistiques), car cet indice n’a été crée qu’en 1990, avec cet organisme. La baisse enregistrée en avril dernier est de 21,6% sur un an, de savants calculs ayant permis de l’établir, la zone euro n’existant que depuis 1999. Voici le détail, sur un an : - 27,1 % pour les biens intermédiaires, - 26,7 % pour les biens d’investissement, - 22,4 % pour les biens de consommation durables, -12,3 % pour l’énergie et - 6,5 % pour les biens de consommation non durables.

Pour revenir à Christine Lagarde, et essayer de comprendre la situation, était-il utile de se référer à son appréciation de la situation, dans Les Echos de vendredi dernier, selon laquelle « de multiples petits signes (…) laissent penser que la chute s’est arrêtée » ? Car, dès le lendemain, vendredi, et en marge de la réunion du G8 italien, la ministre a voulu mettre les choses au point : « Il ne faut surtout pas s’emballer sur la reprise alors que l’on est encore en train de relancer, de stimuler et de s’assurer que les plans de relance fonctionnent ». François Fillon, le premier ministre français, avait quant à lui préféré évoquer, de Paris, « une sortie de crise qui s’amorce ». Comprenne qui pourra. Quand Sophie démarrait, Charles traînait et Pierre freinait…

Plus prudent qu’à l’accoutumée, Jean-Claude Trichet, le président de la BCE, a qualifié, vendredi depuis Sofia, la situation de « très difficile, et impossible à prévoir ». Dans un accès de franchise, pour ne pas dire de clairvoyance, qui ne lui ressemble pas, il ajoutait : « Il est de notre devoir de rendre plus résistant le système financier mondial et de renforcer la stabilité de l’économie réelle mondiale. Nous ne pouvons pas permettre que dans quelques années une nouvelle crise semblable à la crise actuelle apparaisse. Ce serait impardonnable ».

« Rendre plus résistant le système mondial », puisque même le mot de régulation semble ne plus avoir cours dans les interventions de Jean-Claude Trichet, est une préoccupation qui fait l’objet de multiples débats publics, ainsi que de batailles qui le sont moins. Il est toutefois surprenant de constater que - que l’on soit aux Etats-Unis ou en Europe - les discussions portent sur les dispositifs de surveillance et non pas sur les mesures de régulation, reléguées pour l’instant au second plan. Avec toutefois des enjeux qui ne sont pas minces. Aux Etats-Unis, il s’agit de savoir si tous les pouvoirs vont être concentrés dans les mains de la Fed, ou si la multiplicité des organismes de contrôle (dont les agences d’Etat) peuvent contribuer à l’efficacité du dispositif qui sera finalement retenu. En Europe, on attend avec curiosité de lire les termes du compromis alambiqué qui permettra de mettre d’accord les Britanniques, qui veulent à tout prix que la City garde les mains libres, avec les autres pays européens, dont les Allemands, qui voudraient l’encadrer dans un dispositif commun. A moins que, comme des voix le suggèrent outre-Manche, les Britanniques fassent un esclandre et refusent ne serait-ce même qu’un accord à minima, encore jugé trop contraignant, prenant la responsabilité d’ouvrir une grande crise européenne qui est pour l’instant larvée mais contenue.

Car, sur ces dossiers très sensibles, on est plus que jamais dans le royaume des simulacres. On dit ainsi que Tim Geithner, secrétaire américain au Trésor, pousserait les Européens à rendre public les résultats des stress tests que les banques vont devoir subir, les Allemands s’y refusant avec véhémence et les Français ne se mouillant pas, mais que faut-il en penser quand on sait la farce que ceux-ci ont été outre-Atlantique ?

Que croire aussi, quand on lit les dernières déclarations de Larry Summers, conseiller économique en chef de Barack Obama, réfutant les attaques républicaines selon lesquelles c’est une politique industrielle « socialiste » et à l’européenne qui était menée par l’administration démocrate, assurant que les interventions dans le secteur des entreprises étaient « temporaires, basées sur les principes du marché et intrusives au minimum » ? Le pragmatisme le plus total règne, en réalité, au fur et à mesure des urgences, les mesures qui sont adoptées sont habillées pour la circonstance de manière plus ou moins convaincante. Dans les faits, les grands principes ont été balayés et l’on ne s’y réfère plus que pour la galerie. D’autant, en l’espèce, que Larry Summers a donné comme exemples de ce soi-disant respect des principes du marché le fait qu’il n’était plus nécessaire que l’Etat fasse l’acquisition des actifs toxiques présents au bilan des banques, et que la réforme du secteur financier, qui devrait être annoncée la semaine prochaine sera « l’élément central » de la révision de la régulation financière. Deux décors dressés pour masquer, sous couvert du changement, ce qui s’affirme essentiellement comme la volonté déterminée de laisser à l’oligarchie financière sa liberté d’action. En témoigne, très symboliquement, l’abandon qui vient d’intervenir de toute règle contraignante en matière de rémunération des cadres supérieurs des institutions financières bénéficiant d’aides publiques.

Le G8 Finances a surtout été consacré à la situation européenne, car celle-ci est désormais considérée comme la plus fragile du moment. Non seulement parce que les banques européennes sont soupçonnées de ne pas avoir effectué autant de progrès (relatif) que leurs consœurs américaines dans le nettoyage de leur bilan, mais parce que de menaçants nuages orageux se présentent à l’horizon des semaines et des mois à venir. La crise financière dans les pays baltiques, qui menace l’édifice bancaire européen, lui-même tenté de ne plus soutenir à bout de bras ses filiales des pays de l’Est, ayant ses propres problèmes à régler. Les conséquences de la rareté et de la cherté du crédit bancaire pour les entreprises (on sait le rôle déterminant que les banques jouent à cet égard en Europe, au contraire des Etats-Unis), en premier lieu celles dont l’acquisition a été financée par l’emprunt (LBO), ainsi que sur le marché obligataire, auquel seules les grandes entreprises ont accès.

La révision des normes engagée par l’IASB, dans la foulée des Américains (l’abandon de la comptabilisation à la valeur du marché), est désormais en cours, après avoir eu quelques difficultés de démarrage. Tout est fait pour que ce soulagement accordé aux banques, qui pourront ainsi améliorer leur bilan par de simples jeux d’écriture, intervienne à temps pour que les nouvelles normes puissent être utilisées pour l’exercice 2009. On verra d’ailleurs si tout le chemin que les banques souhaitent voir accompli par l’IASB le sera effectivement, ou s’il ne le sera seulement qu’en partie, mais il est de toute façon clair que le compte n’y sera pas et que d’autres mesures, non comptables, seront nécessaires.

Les récentes fanfaronnades de certaines banques françaises, qui laissent entendre qu’elles souhaiteraient suivre l’exemple des américaines et rembourser les fonds publics qu’elles ont reçus, ne sont pas crédibles. Elles seraient irresponsables si elles devaient connaître ne serait-ce que d’un commencement d’exécution pour certaines d’entre elles. La situation alarmante des banques régionales allemandes, des caisses d’épargne espagnoles ou de la Caisse d’Epargne-Banque Populaire en France n’est que le sommet visible de l’iceberg, étant donné ce qui peut être valablement craint de la suite des évènements, sans compter ce qui est actuellement dissimulé.

D’où l’important regain de pressions en cours pour que des stress tests soient systématiquement engagés en Europe. L’enjeu étant moins sur le principe, car ils ont déjà plus ou moins eu lieu, en ordre dispersé, que sur leurs modalités et, par la suite, sur la publicité donné à leurs résultats. Ce ne sera toutefois qu’un coup d’épée dans l’eau, lorsque qu’ils auront été effectués, si des mesures financières ne sont pas dès rapidement appliquées ensuite. Les Allemands y travaillent activement, bien qu’ils souhaitent faire l’économie des tests politiquement scabreux, ayant en réalité bien mesuré la désastreuse situation de leur système bancaire. Les Britanniques ont, dès la première heure ou presque, pris le taureau par les cornes en nationalisant plusieurs banques. Pour résumer les mesures déjà adoptées, les Allemands (pour leurs Landesbanken, les banques régionales), ainsi que les Irlandais, ont annoncé la création de « bad banks », les Britanniques ont préféré assurer les banques contre les éventuelles pertes occasionnées par leurs actifs toxiques. Mais cela laisse de grands trous dans le système bancaire européen.

Ce qui est en cause, ce n’est pas seulement le risque, toujours présent, que représente un édifice financier globalement très fragilisé, susceptible de connaître des incidents ayant des répercussions en chaîne non maîtrisées. C’est aussi l’impact très négatif que va avoir cette situation d’incertitude sur la croissance future, si ce même système, incapable de jouer son rôle pendant de nombreuses années à venir (s’il parvient à échapper à de nouveaux dérapages). Justifiant les sombres pronostics de croissance atone entendu de toutes parts, lorsque la récession sera passée, avec une double et lourde conséquence : sur l’emploi et la situation sociale (et donc politique), ainsi que sur le déficit des Etats, qu’il faudra pourtant bien résorber, soit par des mesures fiscales et des coupes budgétaires claires, soit par l’inflation. Avec un effet en boucle sur la situation sociale.

La proposition d’un député français de l’UMP de créer une « Caisse européenne d’amortissement de la crise financière », où seraient logées les dettes européennes nées de la récession, qui emprunterait sur le marché international, est sans doute fondée. Au regard de l’accroissement prévisible de la dette des pays européens et de la solidarité que l’on pourrait attendre entre eux, ainsi que des difficultés qu’elles vont inévitablement rencontrer à la financer, de son coût accru, et au final de ses conséquences quant à la solidité de la zone euro, ou de l’Europe tout court. Mais elle se heurte dès maintenant à une réalité qui ne peut que croître, sauf sursaut dont on ne voit pas l’origine. C’est de plus en plus le chacun pour soi qui domine et toute solution collective, assise sur une mutualisation des problèmes et des risques, est écartée par ceux qui pensent pouvoir s’en sortir par eux-mêmes. C’est le cas de l’Allemagne, mais aussi celui de la Grande-Bretagne, qui considérant que la City est le seul levier dont elle dispose pour se tirer d’affaire, cherche à tout prix à la prémunir de toute régulation européenne contraignante.

L’emploi est et va être la question la plus importante en Europe dans les prochaines années, en dépit des « boucliers sociaux » des Etats. Les chiffres de « destruction » de l’emploi - la brutalité du mot évoque celle de la réalité sociale auquel il correspond - donnés tout dernièrement par l’INSEE pour la France, risquent de n’être qu’un avant-goût de la vague qui touche et va déferler sur toute l’Europe. Ce n’est pas seulement le chômage qui va grimper, c’est aussi la précarité de l’emploi, qualifiée de flexibilité par ceux qui la préconisent. C’est pour cette raison que le prochain sommet de l’Organisation Internationale du Travail (OIT), du 15 au 17 juin à Genève, va être très fréquenté par les chefs d’Etat et de gouvernement, qui vont s’en servir de tribune à leur avantage. L’objectif, selon Juan Somavia, le directeur du secrétariat de l’OIT, est de réduire au maximum la durée de la crise de l’emploi, qui pourrait s’étaler sur « six à huit ans » et se prolonger bien au-delà si « on laisse les choses en l’état ». Un « Pacte mondial pour l’emploi » va être proposé à la signature des 183 membres de l’OIT, afin de mettre la lutte contre le chômage au centre de gigantesques plans de relance. Il ne restera plus qu’à mettre sur pied ceux-ci, les moyens financiers des Etats étant prioritairement consacrés au sauvetage des banques.

Ce chômage accru va avoir une conséquence inévitable sur la consommation, et donc sur la croissance économique. Sans que les plans de relance ne puissent y suppléer. On commence à mieux appréhender combien le coût du sauvetage du système financier, tel qu’il a été engagé, va être lourd et long à payer. Ce ne sont pas seulement les Etats-Unis qui vont devoir payer ce tribut et céder leur place de leader du monde libre, ni les Américains qui vont en subir les conséquences. Plusieurs phénomènes se conjuguent pour que le déclin des pays occidentaux s’accélère. Le vieillissement de leur population, avec ses fortes conséquences sur les comptes sociaux, le changement d’axe de la croissance mondiale (déjà bien entamé, mais qui va se poursuivre plus rapidement), et les conséquences de la crise du système financier dont ils avaient le contrôle quasi exclusif et dont le coût prohibitif est en premier lieu à leur charge.

Blog de Paul Jorion - 14.06.09

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