La société X créé la polémique après l’annonce d’un plan social qui concerne 700 salariés malgré des bénéfices records cette année. On se souvient notamment du montant du salaire annuel de son PDG, qui a vendu toutes ses stock-options l'année dernière…
La routine, me direz-vous. C’est vrai.
Ou bien ceci vous choque a chaque fois. Peut-être êtes vous idéaliste, d’extrême gauche ou alter-mondialiste. Pour vous la rigueur morale et les principes priment sur tout, quelque soit le contexte. Dans le cas contraire, vous ne voyez pas ce qu’il y a de choquant : l’histoire continue. Les salariés, comme ce licenciement est illégal puisque l'entreprise n'est pas menacée, réclament l’aide du gouvernement ou de la justice, ils n’ont pas gain de cause et seront licenciés dans un à 3 mois.
La routine, me direz-vous. C’est vrai.
Ou bien ceci vous choque à chaque fois. Peut-être êtes-vous à tendance de gauche modérée. Pour vous, l’Etat doit intervenir pour protéger les citoyens… Dans le cas contraire, vous ne voyez pas ce qu’il y a de choquant : l’histoire continue. Beaucoup de ses salariés sont des ouvriers, ils ont peu de qualifications, la quarantaine bien tassée, ils ne trouvent pas de travail, car outre les préjugés des recruteurs, ils subissent de plein fouet la crise. L’échéance approche, Monsieur Y ancien salarié de la société X est au chômage depuis 23 mois, il n’a désormais plus non plus d’assedics. Il n’arrive plus à rembourser ses crédits : il vend sa maison à perte (c’est la crise), peine à trouver un appartement avec un seul salaire. La femme travaille, retrouve tous les soirs un homme maussade, aigri, qui n’a rien fait de sa journée, se prive chaque jour un peu plus car ils n’ont plus les moyens de s’offrir des vacances, puis des loisirs, puis des vêtements et finit par quitter son conjoint. L’homme est seul, sans logement, sans travail, sans salaire, avec un RMI de 300 € par mois. Il se désocialise, se marginalise, devient SDF.
La routine, me direz-vous. C’est vrai.
Ou bien ceci vous choque a chaque fois. Peut-être êtes vous chrétien démocrate. Seule la misère noire vous touche et vous fait réagir. Dans le cas contraire, vous ne voyez pas ce qu’il y a de choquant. Etudions l’histoire sous un autre angle. Vous êtes un bon citoyen français, marié, père de famille. Vous avez un bon travail, un chien. Vous partez au ski en hiver, au soleil en été. Vous pensez que tout le monde a ce qu’il mérite. A côté de ça, vous payez des impôts. Des impôts pour que le gouvernement que vous avez élu assure vos droits. Ces impôts servent aussi à payer les indemnités chômage. « La société X créé la polémique après l’annonce d’un plan social qui concerne 700 salariés malgré des bénéfices records cette année. On se souvient notamment du montant du salaire annuel de son PDG, qui a vendu toutes ses stock-options l'année dernière… » ou version traduite : « La société X qui a déjà touché le jackpot l’année dernière va à nouveau rafler la mise cette année en se débarrassant illégalement de 700 employés. Des milliers de bons citoyens français vont apporter leur contribution en tolérant leur démarche et en finançant 700*70% du SMIC pendant 24 mois soient 15,5 millions d’euros (montant à multiplier bien sûr par le nombre de plan sociaux) qui n’iront pas dans la sécurité sociale qui soutient tous les français qui paient des impôts, dans la recherche qui assure leur avenir, les écoles qui préparent l’avenir de leurs enfants, l’entretien des transports en commun qu’ils utilisent, la retraité des parents qui les ont élevés. Et ceci, pour qu’une poignée de privilégiés dont ils ne feront jamais partie s’offre un jet, plusieurs villas et un yacht pour inviter un couple Bling Bling et se paient des experts comptables qui leur feront bénéficier de toutes les niches fiscales…
La routine, me direz-vous. C’est vrai.
Ou bien ceci vous choque pour la première fois. Peut-être êtes-vous comme moi, un peu égoïste et de droite. Peut-être ne creusez vous jamais les questions de société parce que le Figaro, TF1 et votre entourage vous servent un discours ronronnant et agréable qui vous permet de vivre dans un confort d’esprit et une bonne conscience rassurante. Peut-être aussi que cet article va vous pousser à chercher ce qu’il y a derrière, à lire la presse étrangère, à vérifier ce qu’on vous dit, à aller à la source de l’info, à lire le Canard Enchaîné et découvrir que nombre d’articles sont malheureusement trop vrais… Dans le cas contraire, vous ne voyez pas ce qu’il y a de choquant. Là, je ne vois plus que deux options : vous êtes, disons ultra libéraliste, totalement cynique, un golden boy ou un grand patron !!!
Trêve de plaisanterie. Si à un moment de ce récit, vous vous êtes reconnus dans la catégorie des personnes choquées, à présent, regardez le Monde selon Monsanto, Blood Diamond, Lord of War, les films de Michael Moore (Bowling for Columbine, Sicko, Farenheit 9 :11), Thank you for smocking, les documentaires d’Envoyé Spécial, de la Cinquième, de l’effet papillon sur Canal, l’information d’I-télé. Et surtout ne vous comportez plus comme un mouton : VERIFIEZ. Michael Moore aussi vous ment et a des propos tendancieux. Mais il peut vous aider à ouvrir votre réflexion et adopter des points de vue que vous ne voyiez pas avant. Arrêtez de rabâcher des idées qu’on a formatées pour vous, faites-vous votre propre opinion. Bien sûr, cela ne vous poussera probablement pas à partir hurler votre rage dans la rue, mais peut-être à réfléchir à deux fois avant... 2012
Réponse synthétique aux futures critiques :
Tout d’abord, je ne parle en aucun cas des entreprises en péril, ni des PME-PMI où le patron, souvent fondateur mouille sa chemise autant que ses salariés. Je parle bien évidemment de multinationales malheureusement célèbres Arcelor Mittal que l’on ne présente plus.
Je ne crois pas que l’emploi en France est garanti parce que l’Etat baisse le pantalon à chaque caprice de grands patrons. L’actualité nous prouve aujourd’hui le contraire : les délocalisations et les licenciements illégaux vont bon train, notamment parce que le gouvernement ne dit rien, ferme les yeux et tolère n’importe quoi.
Pourquoi sommes nous moins touchés par la crise que nos voisins avec un gouvernement de droite ? Je pense que c’est parce que nous sommes le pays qui a le plus de fonctionnaires.
Question bourdieusienne : « c’est bien beau de critiquer, mais quelle solution apporter ? »
Peut-être qu’enfin on arrêtera un jour de faire deux poids deux mesures : un voyou, on le sanctionne. Au même titre qu’un voyou fait de la prison, un patron voyou mérite des représailles : suppression des aides de l’Etat, sanctions financières, boycott des citoyens, TVA supplémentaires (ou grosse taxe carbone) pour les entreprises qui ont délocalisé leurs sites de production (et qui pollueront plus pour importer leur marchandise dans notre pays), prison pour ceux qui ont pillé dans les caisses (exemple récent porté en appel). Nous disposons de nombreux leviers. Au même titre, aidons davantage les patrons intègres : ceux qui associent TOUS leurs employés à leurs bénéfices, ceux qui créent de l’emploi, ceux qui ont une valeur, une éthique dans leur pratique. Boycottons les entreprises qui licencient bon train, qui délocalisent, privilégions celles qui respectent l’emploi en Europe. Car pour les entreprises qui font de gros bénéfices, les délocalisations, les licenciement à grande échelle, ce n’est pas pour baisser les prix mais pour augmenter leurs marges. Ceci pourrait être fait à l’échelle de l’Europe : pourquoi tolérons-nous l’importation de biens à prix cassé (parce que la masse salariale est exploitée comme au XIXe siècle), et qui génère une concurrence déloyale pour nos entreprises et est à l’origine de tous nos problèmes ? Arrêtons de nous leurrer avec des propos néocolonialistes niaiseux qui nous donnent bonne conscience : ce n’est pas en encourageant les pratiques quasi-esclavagistes qu’on va permettre aux pays sous développés d’accéder à la démocratie mais au contraire en se montrant exigeant vis à vis de nos partenaires économiques. A défaut de se comporter en bon chrétien puisque nous vivons dans un pays laïc, efforçons nous au moins de devenir quelque de bien…
(travail d'écrivain public de Kraken-Art, 16/06/09)
À procura de textos e pretextos, e dos seus contextos.
17/06/2009
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