À procura de textos e pretextos, e dos seus contextos.

24/04/2009

Voyage au dollaristan

Où sont passés les 18 milliards de dollars investis par la communauté internationale pour reconstruire l’Afghanistan, pour développer les écoles, les hôpitaux et éradiquer le trafic d’opium ? C’est la question à laquelle j’ai essayé de répondre dans le documentaire que Canal plus diffuse vendredi à 22 15.
Alors que les donateurs américains de USAID clamaient à Paris, en juin 2008, qu’ils avaient construit 680 écoles dans tout le pays. Nous avons vérifié par le réel cette affirmation à Kaboul. Notre contre-enquête révèle que, par manque de place, les enfants suivent les cours dehors, dans un froid glacial. Huit ans après la chute de Kaboul, pas une seule école n’a été construite dans la capitale par USAID.
Il existe pourtant un secteur où la construction ne traîne pas. Celui des villas de luxe. Dans un quartier de Kaboul, de véritables palais sont bâtis à la vitesse de l’éclair.
Des maisons de 400 000 à 500 000 dollars pièce. Le quartier de Shirpour est un étrange dollaristan défendu par des gardes privés et dont on a exproprié les pauvres qui y vivaient à coups de bulldozers.
C’est le premier scandale du gouvernement Karzaï.
Notre investigation établi que ces terrains du domaine public ont été spoliés par des seigneurs de guerre, ancien lieutenants du commandant Massoud. Alors que le portrait du martyr à l’intégrité morale intacte sont placardés partout dans la ville, ses proches ont fait main basse sur le pays et s’enrichissent de manière mystérieuse.
L’argent de la reconstruction est pillé par millions.
Nous enquêtons sur un hopital de Kaboul qui tombe littéralement en ruines. La qualité des matériaux est en cause. Le budget de la reconstruction était géré par l’UNOPS, une agence des Nations Unies. Le responsable local à l’époque des faits, Gary Helseth, est mis en examen par l’ONU, suspecté d’avoir détourné 500 000 dollars.
Ce niveau de corruption, cette absence de sens du service public est le premier argument utilisé par la propagande des Talibans. Et sans doute, ce regard sur l’état de l’économie du pays recèle la clé pour comprendre la progression des insurgés non seulement sur le terrain mais dans le cœur et les âmes des Afghans.
Le Nouvel Observateur - 24.04.09

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