Plus de 800 postes sont menacés, sur les 1 900 (dont plus de 700 ingénieurs et cadres) que compte l'usine. La direction de Freescale a invoqué la nécessité de fermer ses sites les "moins modernes" pour maintenir sa compétitivité. Le site de Sendai, au nord du Japon, devrait lui aussi fermer.
"Nous travaillons certes à 90 % pour le secteur automobile, en fabriquant des composants électroniques par exemple pour les airbags ou les systèmes ABS, et nous avions senti une baisse des carnets de commandes ces derniers mois. Mais nous sentions quand même un frémissement", déplore Eric Hirson, délégué syndical central CGT de l'usine de Toulouse.
Freescale, basée à Austin (Texas), rachetée en 2006 par un consortium mené par des investisseurs financiers (les fonds Blackstone, Texas Pacific Group, Permira et Carlyle) continue à perdre de l'argent (le résultat opérationnel affiche une perte de 351 millions de dollars au premier trimestre 2009, soit 269 millions d'euros). Son chiffre d'affaires trimestriel (840 millions de dollars) a diminué de 40 % par rapport au premier trimestre 2008. Mais son résultat net est positif au premier trimestre 2009 (1,75 milliard de dollars), à la suite de gains exceptionnels (2,26 milliards de dollars) enregistrés à l'occasion de la restructuration de sa dette financière.
"LA CRISE EST PRISE COMME PRÉTEXTE"
De fait, comme les autres grands du secteur des semi-conducteurs (Intel, Samsung Electronics, etc.), la société pâtit très durement de la récession mondiale. Selon une récente étude du cabinet Gartner, les ventes mondiales de semi-conducteurs se sont contractées de 5,4 % en 2008 et la chute pourrait atteindre 24 % en 2009. Mais, pour M. Hirson, de la CGT, "la crise est prise comme prétexte pour mettre en œuvre un plan de licenciement déjà prévu. Nous attendons de la direction des justifications un peu plus solides".
"Cette décision n'est absolument pas justifiée. Ce que veut la direction en réalité, c'est arrêter la technologie des tranches de “6 pouces” [des puces électroniques placées sur des galettes de silicium de 6 pouces de diamètre] de notre usine et de la japonaise, alors que notre usine ne perd pas d'argent, pour passer à la “8 pouces” qui serait produite aux Etats-Unis", estime pour sa part Laurent Montoni, également délégué CGT à Toulouse.
De fait, le site de Toulouse a déjà connu deux plans de départs –volontaires – depuis 2007 : 210 postes ont d'abord été supprimés, à la recherche et développement (R &D) et à la production, qui concernaient surtout "des préretraites" précise M. Hirson. Quelque 170 autres sont sur le départ, essentiellement en production. Par ailleurs, il y a quelques mois, la direction de Freescale avait annoncé vouloir arrêter la R &D sur les semi-conducteurs pour la téléphonie (250 salariés à Toulouse).
"Ce qu'on craint, c'est que la direction veuille transférer l'essentiel des usines chez les sous-traitants, les fondeurs asiatiques, et qu'elle ne conserve que de petites usines à côté des centres de R &D, uniquement pour faire du développement des produits", explique M. Hirson.
Les salariés toulousains ont été informés de la décision de leur direction mercredi matin. Une réunion de négociations est programmée vendredi 24 avril après midi. Dans un communiqué, mercredi, Martin Malvy, président (PS) de la région Midi-Pyrénées, a estimé que "Freescale est un pilier technologique de la région toulousaine" et a réclamé du préfet l'organisation "sans délais" d'une rencontre avec la direction de Freescale.
Le Monde - 23.04.09
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