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23/04/2009

Enfermement , la méthode australienne.

Un nouveau centre de rétention pour immigrés, sur l’île Christmas en Australie, se prépare à accueillir plus de 800 personnes, y compris femmes et enfants. Les résidents de l’île et les associations de défense des réfugiés parlent d’un Guantanamo australien, avec un niveau de sécurité militaire.


«Nous ne savons pas pour qui cet enfer est construit», dit Pamela Curr, coordinatrice du centre de ressources pour les demandeurs d’asile (ASRC), «mais nous savons que quiconque emprisonné ici… sera privé de ses droits humains et n’aura pas accès aux droits que garantit la loi australienne.»

Mme Curr dit que les plans complets du centre ont été diffusés, suite à une fuite, le mois dernier auprès d’avocats, de chercheurs, de défenseurs des droits de l’homme. Ces plans indiquent que le centre sera la prison au plus haut niveau de sécurité jamais construite en Australie.
«Aucune prison en Australie n’a des grillages électrifiés dernier cri, des détecteurs de mouvements, des surveillances par micro-ondes, des caméras, des micros et une pièce de contrôle à distance à Canberra», dit-elle.
D’autres éléments incluent des bornes d’identification pour scanner les badges des détenus, des cellules d’isolement et des guérites blindées pour les gardes.
Le plus effrayant, dit Mme Curr, est la présence d’un «quartier des bébés» avec huit bâtiments, des aires de jeux, tout cela séparé du quartier des familles par des portes électriques et des caméras.
L’île Christmas est à 2.400 km de Perth, 360 km de Jakarta et presque 2.000 km de Darwin. Le centre de détention est au Nord-Ouest de l’île, un endroit de falaises et de rochers.
«Une personne qui s’échapperait n’aurait pas beaucoup de solutions, et on peut se demander pourquoi toute cette sécurité alors qu’il n’y a nulle part où aller», dit Mme Curr.
Depuis 2001, moins de 200 immigrés ont tenté d’arriver en Australie par la mer, ce qui pose des questions quant à la volonté du gouvernement de dépenser 400 millions de dollars pour un centre high-tech en plein océan indien.
«Même si notre politique d’immigration a pu enrayer le flux d’arrivées maritimes non-autorisées, nous devons avoir les capacités nécessaires si ce flux augmentait», a déclaré le Département de l’Immigration, cité par le Sydney Morning Herald.
Le président de l’assemblée de l’île Christmas, Gordon Thomson, a dit à La Grande Époque que le site est «massif», de la taille d’une vingtaine de terrains de football, et que le coût final est 60 % au dessus du chiffre initialement prévu. Des rumeurs circulent, confirme-t-il, selon lesquelles l’île pourrait servir de base militaire. Rumeurs abondamment alimentées par la visite d’une délégation militaire américaine courant 2006.
M. Thomson, s’exprimant en son nom personnel, se dit opposé au principe de centre de rétention. «Nous ne devrions pas enfermer ces personnes» dit-il. «Je crois que ceux qui échappent à toutes sortes de régimes oppressif méritent des encouragements et un traitement meilleur que d’être enfermés.»
Pour les insulaires s’ajoutent à ces considérations des aspects plus pragmatiques : la peur d’affecter le tourisme sur l’île et ses retombées économiques. «Nous ne voulons pas non plus être appelés "l’île-prison"», conclut M. Thomson.

Le Laboratoire - 23.04.09

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