Djemila et Marie, 14 et 10 ans d’ancienneté, à peine plus que le smic
Au sein de la fonction publique territoriale, la catégorie C représente les trois quarts des effectifs, et se situe au plus bas de l’échelle des salaires. Deux agents témoignent. A lire aussi:
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Les difficultés liées au pouvoir d’achat, les fonctionnaires territoriaux de catégorie C les connaissent. Ils représentent les trois quarts des effectifs et sont situés au bas de l’échelle des salaires. Alors que le conseil supérieur de la fonction publique territoriale a récemment publié un rapport sur la précarité de ses fonctionnaires (« La précarité dans la fonction publique territoriale », mars 2011, 110 pages), deux agents ont accepté de témoigner.
Marie Coté et Djemila Ben Kerrou sont toutes les deux agents territoriaux à la mairie de Montreuil (93). La première est ambassadrice du tri sélectif pour un développement durable, « depuis dix ans à la ville », et gagne 1 400 euros net par mois. La deuxième est agent de maîtrise, et travaille avec les entreprises dans la gestion des déchets. Fonctionnaire depuis quatorze ans, Djemila touche chaque mois 1 450 euros, en comptant l’indemnité à laquelle elle a droit pour ses deux enfants. Le loyer de son F2 représente le quart de ses revenus. « Et encore, nous avons de la chance d’être en HLM », explique Marie. « J’en connais qui sont contraints d’être dans le privé, où les loyers flirtent parfois avec les mille euros », poursuit-elle.
« Ils n’écoutent pas les êtres humains »
Le pouvoir d’achat précaire de ces agents supporte difficilement les aléas privés ou professionnels. Le projet de communauté d’agglomération Est Ensemble, qui prévoit de regrouper les communes de Bagnolet, Bobigny, Romainville, Le Pré-Saint-Gervais, Les Lilas, Montreuil, Noisy-le-Sec et Pantin, va entraîner un transfert des compétences des agents. Djemila et Marie devront désormais se rendre chaque matin à Romainville, elles qui avaient choisi de travailler dans la ville où elles habitent. « Les horaires vont changer, explique Djemila, plus question de pouvoir emmener mes enfants à l’école, il va falloir trouver une nourrice. » Car ce projet d’agglomération a été élaboré sans consulter les agents. « Ils n’écoutent pas les êtres humains », souffle Marie.
Sentiment d'appauvrissement
En habitant près de leur lieu de travail, elles n’avaient pas à se soucier du coût des transports. « L’employeur prend en charge 50 % des frais, mais encore faut-il avoir les moyens de sortir l’autre moitié ! » s’exclame-t-elle. Le midi, elles pouvaient jusque-là déjeuner à la maison. Il va leur falloir maintenant payer un repas supplémentaire chaque jour. Des dépenses nouvelles en garde d’enfant, en alimentation et en transport, pour un salaire qui ne varie pas en conséquence. « D’autant que, contrairement aux autres, nous n’avons pas de treizième mois », précisent-elles. C’est avant tout la revalorisation des compétences, et donc des salaires, qui semble leur tenir à cœur. Toutes deux déplorent de ne toucher qu’à peine plus du smic, avec dix et quatorze ans d’ancienneté, et deux enfants à charge. « Mon mari est au service de la ville depuis trente-deux ans, ajoute Marie, il est qualifié, agent de maîtrise, et il ne touche que 1 880 euros brut par mois. » Une augmentation des dépenses, des efforts de mobilité, une expérience qui s’accumule, mais un salaire qui ne suit pas. Voilà ce qui nourrit le sentiment d’appauvrissement des agents de catégorie C.
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