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31/05/2011

Austérité et « tutelle » internationale poussent les Grecs dans la rue

Judith Duportail
« Quand je suis arrivé au boulot ce matin, la première chose qu'on m'a demandé c'est “tu y étais ? Moi, j'y vais ce soir ! ” »
Serge a 29 ans, il est professeur de français dans la capitale grecque. Dimanche, il était place de la Constitution où, selon la police, 30 000 « agnaktismeni » (révoltés, en grec) se sont rassemblés pour exprimer leur colère. Selon les organisateurs, ils étaient 100 000.
Depuis le 25 mai, des rassemblements sont organisés sur cette grande place du centre-ville de la capitale, où est situé le Parlement. Avant ce jour, quelques centaines de personnes seulement répondaient à l'appel des syndicats. Le professeur de français pense que les manifestations en Espagne ont été un déclic :
« Les révoltés de Madrid nous ont donné du courage. Il y avait même des banderoles écrites en espagnol. »

« Un genre de doigt d'honneur, en pire »

Serge vit en Grèce depuis près de neuf ans :
« C'est la première manifestation spontanée, le message a été relayé par les réseaux sociaux et non par les partis traditionnels. »
La foule s'est rassemblée devant le siège du Parlement et a hurlé de nombreux slogans :
« On ne paiera plus ! »
« Voleurs, voleurs ! »
Certains ont adressé des « moudzes » à l'attention des députés. Serge décode :
« C'est une malédiction proférée en écartant deux doigts vers quelqu'un, un genre de doigt d'honneur, en pire. »
Sur les banderoles des « agnaktismeni », on pouvait lire :
« Dehors le FMI ! »
« On veut de quoi manger ! »
Serge n'est pas venu seul :
« Certains de mes amis sont venus avec des casseroles et des cuillères, ils tapaient pour faire du bruit, mais aussi pour montrer qu'ils ne peuvent plus se payer à manger ! »
La police n'a eu a déplorer aucun débordement.
« Les manifestants sont venus en famille, il y avait des personnes âgées, des enfants… L'esprit était très pacifique. » (Voir la vidéo)

« Non au gouvernement mondial »

En échange des 110 milliards d'euros accordés à la Grèce par l'Union européenne et le FMI, le gouvernement du Premier ministre socialiste Georges Papandréou a mis en œuvre une politique d'austérité sévère. Les salaires des fonctionnaires et les pensions de retraite ont été revus à la baisse, alors que les impôts ont été augmentés : la TVA par exemple est passée de de 19 à 23%. Des augmentations de prix incompatibles avec le niveau de vie des grecs, assure Serge.
« Un litre d'essence coûte 1 euro 70 ! Alors que le salaire moyen d'un jeune diplômé est de 700 euros et que se loger dans la banlieue la moins chère d'Athènes coûte au moins 400 euros par mois. »
Des représentants du FMI, de la Banque centrale européenne et de l'UE se trouvent en ce moment à Athènes pour évaluer les résultats de cette austérité. Le FMI reproche notamment à Athènes des retards dans les privatisations des chemins de fer, des ports, des télécoms… Une situation qui révolte les grecs qui se sentent mis sous tutelle, comme on pouvait le lire, dimanche, sur de nombreuses banderoles. Sur la photo ci-dessous, on peut lire à droite :
« Non au gouvernement mondial. »
Manifestation à Athènes le 29 mai (DR).
Les journalistes grecs étaient également visés. Réunis sur le toit de l'hôtel de luxe le Grande-Bretagne, place de la Constitution, pour prendre en photo le rassemblement, les manifestants cherchaient à les éblouir avec des lumières vertes.
Beaucoup de grecs ont été déçus par les médias qu'ils considèrent comme trop passifs et incapables de dénoncer le train de vie des politiques quand eux doivent se serrer la ceinture.
Place de la constitution
Un nouveau rassemblement est prévu ce lundi soir, comme tous les soirs depuis le 25 mai. Serge, qui s'aprête à demander la nationalité grecque, a prévu de n'en manquer aucun.
Photos : manifestations à Athènes le 29 mai (DR).

http://www.rue89.com/2011/05/30/lausterite-et-la-tutelle-internationale-poussent-les-grecs-dans-la-rue-206691

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