À procura de textos e pretextos, e dos seus contextos.

30/05/2011

De Bretton Woods à DSK, en passant par Kadhafi, ou cette guerre qui ne veut pas dire son nom

René BALME

Ne pas traiter l’information « à chaud » permet d’écrire et de dire moins d’âneries que d’autres ne l’ont fait à ce jour.

En effet, ramener « l’affaire » DSK - oui puisqu’affaire il y a - à une à une médiatique histoire d’agression sexuelle sur une femme de ménage, nous paraît être le degré zéro du journalisme d’investigation et une opération d’enfumage particulièrement bien huilée. A preuve, tout le monde a marché dans la combine et les plus éminents « politologues » et autre analystes confirmés – qu’ils soient experts en fellations en tout genre ou en psychologie appliquée en passant par les paparazzi officiels et patentés des nos inénarrables chaînes de télévisions publiques ou privées – ont une explication rationnelle de l’acte supposé accompli par DSK ou de celui subit par la femme de chambre. Deux camps s’affrontent maintenant – comme si cela était le plus important dans cette affaire ! D’un côté le monde féministe qui crie au machisme et à la banalisation des agressions sexuelles... en France. Et de l’autre, quelques hurluberlus, qui pour ne pas rester inaudibles dans tel parti ou tel journal, se croient autorisés à jouer la provocation graveleuse en minimisant « le crime », puisque crime il y a. L’affaire Georges Tron, venant en remettre une couche – salutaire ? - pour étayer la thèse officielle et démontrer que, les hommes politiques français sont vraiment de sales types !
Les 99,99 % qui n’ont rien à se reprocher apprécieront.

Les faiseurs de vérité vraie

Dont acte. Nous avons l’information, les journalistes et, parfois, les politiciens que nous méritons. Ils nous en envoient la preuve au quotidien, et bien au travers de la figure, comme autant de gifles cinglantes qui au lieu de nous éveiller nous assoupissent un peu plus. Nous avons tous, en nous, quelque chose de la grenouille que l’on plonge dans l’eau froide et que l’on porte lentement a ébullition.
Force est de constater qu’il n’y a pas de voix dissonantes dans le brouhaha médiatique depuis le début de cette affaire. Ni du côté des politiques, [1] ni de celui de la presse dominante. Le web non plus, et contrairement à son habitude, ne bruisse pas d’écrits ou de prises de positions opposées à la version officielle distillée par la police et la justice étasunienne à l’exception de l’excellent article de Thierry Meyssan publié par Voltairenet.org.
Si le néant existait, sa représentation tiendrait en un condensé de ce que la presse et les médias Français – et du monde entier - nous ont déversé depuis le début de cette histoire rocambolesque.
Au début, nous voulions intituler ce papier : « De JFK à DSK en passant par le 11 septembre ». Un ami nous en a vite dissuadé, et il a parfaitement raison, car disait-il : " De JFK à DSK " peut apparaitre comme un grand écart intellectuel qui apportera de l’eau au moulin de ceux qui ironisent sur la théorie du complot.

Du Far West à la CIA

Et pourtant, il ne serait pas fastidieux de démontrer l’évolution des méthodes mafieuses dans l’histoire des USA. Au début les éliminations des hommes politiques gênants se faisaient « à l’ancienne » , comme au Far West. La mafia jouait pleinement son rôle contrôlée par le CIA. La liste est longue, inutile de la rappeler.
Depuis quelque temps, les éliminations des personnalités politiques et économiques gênantes se font de manière plus soft : Watergate, affaire Clinton-Monica, armes de destructions massives pour justifier l’invasion de l’Irak, Madoff... DSK étant la dernière connue. En gros, on frappe l’individu sur son côté le plus faible et la chose n’en parait que plus crédible et exécrable pour le citoyen lambda et le bon peuple nourri a la tétine des séries B et autres « soap » made in USA. Le but étant toujours le même : assurer la mainmise étasunienne sur le reste du monde et sauver ce qui peut l’être en reculant pour mieux sauter... ou rebondir face aux désastres de tous ordres.
Pour ce qui concerne les désastres, celui qui s’annonce au pays de l’oncle Sam sera particulièrement gratiné. Le Figaro a publié sur le sujet un excellent article le 16 mai 2011 intitulé : Les États-Unis à moins de trois mois de la faillite. Et trois mois, c’est un peu court pour sauver les meubles ! Sauf que l’analyse faite par le titre parisien est connue des dirigeants étasuniens et du monde de la finance depuis pas mal de temps. Les États-Unis qui utilisent la planche a billet pour imposer au monde une devise qui n’a que la valeur monétaire que l’on veut bien croire qu’elle a, sont dans une perpétuelle fuite en avant. Porter le fer au quatre coins du monde est pour eux une une question de survie qui conforte la puissance de leur complexe militaro-indistriel.
Il y a urgence pour les USA à reprendre la main sur la marche financière du monde. Pour ce faire, éliminer, ou affaiblir, une monnaie (l’euro) qui les gène particulièrement et jeter le discrédit sur le FMI sont les deux mamelles du début de leur sauvetage temporaire. L’analyse de Clovis Casadue reprise par le site Mecanopolis, quoi que l’on puisse penser des supports qui l’ont publiée, nous paraît assez pertinente. L’attaque contre l’euro a débuté il y a bien longtemps et l’effet domino que certains avaient prédit lors du début de la crise grecque est en passe de devenir réalité puisque nombre de pays européens sont aujourd’hui touchés. Et si l’un d’eux s’avisait de sortir de la zone l’Euro, ce serait le bingo pour les USA car là encore, l’effet domino jouerait à plein régime.

Le marché, toujours le marché, rien que le marché

Le silence de Monsieur Sarkozy et d’une majeure partie de la classe politique française sur ce dossier est particulièrement consternant et révélateur. Essayer de caser Madame Lagarde à la Tête du FMI est un piètre contre-feu, annoncé comme par hasard à la veille du G8, qui en dit long. Sauf que notre ministre de l’économie et des finance du moment a toujours démontré qu’elle était plus proche des milieux d’affaires et « du marché » que des préoccupations hexagonales ou européennes. Ce pourrait être, au vu de son passé, le cheval de Troie au service de ces marchés, de la trilatérale et de Bilderberg réunis, porté à la tête du FMI pour achever le travail. Entendez par là : tout faire pour sauver la prédominance du Dollar que le projet Zhou [2] [3], dont le processus aurait du aboutir lors du G8 du 26 mai 2011, avait décidé qu’il cesserait d’être ma monnaie de référence.
DSK hors jeu, plus de projet Zhou et plus de Bancor.

L’euro et l’Europe dans le collimateur

Il nous semble que si le scénario dont il est question ci-dessus voyait le jour, nous serions à la veille de quelque chose qui risque fort d’atomiser l’Europe et ses pays membres.
Il sera intéressant, alors, de suivre l’évolution économique et le positionnement de l’Angleterre qui a toujours été la tête de pont étasunienne en Europe – et a gardé sa propre monnaie.
Et si les choses ne se passent pas comme annoncé, c’est la Chine qui pourrait bien prendre la main et accentuer sa domination. Nous sommes donc à l’aube d’un cataclysme dont personne ne sait ce qu’il va entrainer sur son passage.
Les élections présidentielles en France sont désormais anecdotiques, même si elles vont mobiliser les esprits et les médias dans les mois à venir.

Le hasard n’existe pas

Comment ne pas supposer, également, que tout est lié : les révolutions arabes n’ont pas été le fruit du hasard ou de la conscience politique de quelques "révolutionnaires" que l’oppression aurait sorti de l’ombre. A notre sens, tout a été planifié par les USA et le monde de la finance. Si la France n’a rien vu venir, c’est que la naïveté de Monsieur Sarkozy lui a laissé croire que les USA étaient des alliés loyaux. Il n’en est rien, l’entrée de la France dans l’OTAN a été la première manœuvre destinée à donner l’illusion à la France de jouer égal à égal avec les USA. Ce fut, aussi, la première faute politique. En fait le piège destiné à l’envoyer en première ligne a parfaitement fonctionné. Après l’enlisement en Afghanistan, les frappes sur la Libye en sont un exemple flagrant et l’intervention en côte d’Ivoire un autre. Les USA on fait faire le sale boulot à la France tout en en connaissant les conséquences néfastes.
Ce qui se passe, aujourd’hui, en Espagne et que l’on voudrait voir s’étendre à d’autres pays européens s’inscrit dans la continuité d’une déstabilisation du vieux continent pour mieux l’affaiblir. Il n’y a, malheureusement plus de révolutions spontanées. Les mouvements populaires, quels qu’ils soient, servent, à un moment donné, les intérêts de ceux qui les ont fait naître ou qui les récupèrent.
Ce n’est pas un hasard si Sarkozy a été élu, par défaut - avec la complicité des médias - en face d’une Ségolène Royal inexistante mais désignée par le PS qui affirme, toujours, à qui veut bien l’entendre qu’il est « la gauche ».
Le capitalisme a un projet de société écrit et planifié. Celui qui tient les médias est sûr de gagner le combat, toujours. Et la guerre aussi. Pendant 50ans on a nourri le peuple avec des séries télévisées et des films qui préparaient, en fait, à ce qui se passe aujourd’hui. Si les enfants ne font plus la différence entre les jeux vidéo, le virtuel et la réalité, il faut être conscient que le peuple ne fait plus la différence, non plus, entre les films made in USA et la réalité. Même chose pour la télévision qui rend la réalité acceptable grâce au fait que les images de guerre (la vraie) ressemblent aux images de la guerre mise en scène au cinéma. Il n’y a plus de morts, tout est virtuel. C’est un jeu, comme à la télé. L’interpellation de DSK et ce qui s’en est suivi ressemble comme deux gouttes d’eau à n’importe quel feuilleton étasunien. De telle sorte que tout parait crédible, normal, évident et tellement quotidien car enfoui au fond de la mémoire. Et dans ce jeu subtil les bouffons qui mélangent le sujets sérieux et le divertissement, la politique et le comique parachèvent la stratégie de décervellement.
Guerre économique, guerre psychologique, guerre physique, manipulation, etc., ne sont possible que parce que le monopole des médias et de l’information est sous contrôle, non pas des états, mais des firmes transnationales et des complexes militaro-industriels qui sont les vrais décideurs. Ils placent leurs pions en fonction de leurs intérêts du moment et suivent - ou accélèrent - la partition écrite pour que prospère le capitalisme.
Le « politique » n’étant que le pantin que l’on exhibe, que l’on flatte, que l’on fait réélire – ou pas - et à qui l’on dicte les mots et les actions qui écriront la feuille de route au service des transnationales, du marché, et des quelques uns qui les administrent en même temps qu’ils décident de la marche du monde.
Le pitoyable G8 qui s’est déroulé à La Baule en est une illustration parmi tant d’autres. Mais tout le monde croit, encore, que ces pantins dirigent le monde !
La méthode Coué à de beaux jours devant elle.

Notes
[1] Entendez par là : cette classe politique parisianiste à qui l’on tend le micro et qui noircit de ses tribunes et autres interviews les colonnes de la presse aux ordres.
[2] Zhou Xiaochuan gouverneur de la Banque centrale chinoise

http://www.oulala.net/Portail/spip.php?article5145

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