Le gouvernement veut aligner le taux de cotisation retraite des fonctionnaires sur celui des salariés du privé. Ce qui équivaut à une hausse de près de trois points. Sans compensation, cette mesure serait synonyme de baisse du pouvoir d'achat, dénoncent les syndicats de la Fonction publique.
Un vent de rigueur souffle en Europe. Les principales victimes de ces coupes drastiques dans les dépenses publiques des Etats sont les fonctionnaires, dont les salaires sont au mieux gelés, au pire baissés. En France, terre de résistance à la récession, l'heure n'est officiellement pas à la rigueur. Hors de question donc de geler ou de baisser le salaire des 5 millions d'agents de la Fonction publique.
"La France ayant plutôt mieux géré" la crise, "il n'est pas question d'évoquer ce qui se passe dans à peu près la majorité des pays européens, à savoir la baisse des rémunérations et ensuite le gel des rémunérations", a déclaré George Tron la semaine dernière. "On n'est pas du tout dans cette actualité là", a assuré le secrétaire d'Etat à la Fonction publique. Et pourtant...
Au nom de "l'équité public-privé" de la réforme des retraites, leitmotiv du gouvernement, le taux des cotisations retraite des fonctionnaires sera vraisemblablement augmenté. Sans indiquer le montant de la hausse ni son rythme, les sources gouvernementales à l'origine de cette fuite ont précisé qu'elle rapporterait 3 milliards d'euros.
Une journée de salaire par mois en moins
Le Conseil d'orientation des retraites (COR) a récemment chiffré qu'une hausse d'un point de cotisation retraite des fonctionnaires rapporterait 720 millions d'euros. Pour parvenir aux 3 milliards d'euros, la hausse s'annonce brutale : le taux du public pourrait être tout simplement aligné sur celui du secteur privé, c'est-à-dire passer de à 7,85% à 10,65%.
Sur le principe, les syndicats de fonctionnaires ne sont pas hostiles à une hausse du taux de cotisation retraite. "Ce n'est pas un sujet tabou", confie Jean-Marc Canon (CGT Fonctionnaires). "Nous ne sommes pas contre", renchérit Anne Balthazar (FO Fonction publique). "Mais nous nous opposons à une baisse des salaires, or c'est ce qui s'annonce", poursuit-elle.
En effet, la hausse du taux de cotisation va amputer de facto de près de trois points le salaire des fonctionnaires, donc leur pouvoir d'achat. Selon les calculs du syndicat Solidaires, une augmentation du taux de cotisations retraites de 2,8% équivaut à ramener le point d'indice, qui sert de base de calcul aux rémunérations des fonctionnaires, à un niveau inférieur à celui de novembre 2005. Selon les calculs de la FSU, premier syndicat dans la Fonction publique d'Etat, un passage du taux de cotisation à 10,65% équivaut en moyenne à une journée de salaire par mois en moins.
Craintes d'un gel des salaires
"Si c'est vraiment la piste que suit le gouvernement, on se battra pour qu'il y ait une compensation à hauteur de la perte", confie Anne Balthazar. FO exigera, dans le cadre des négociations salariales triennales (pour la période 2011-2013) qui débutent le 25 juin, une "revalorisation d'au moins 3% du point d'indice salarial". Son collègue de la CGT n'y croit pas vraiment.
Cette année, en vertu de l'accord triennal conclu en 2008, le point d'indice salarial sera revalorisé de 0,5%. Mais pour les années à venir ? "Il y a fort à craindre que le gouvernement, dans le cadre du gel annoncé des dépenses publiques sur trois ans, n'annonce également un gel du point d'indice salarial pour les trois prochaines années", déplore Jean-Marc Canon. Ce qui, compte tenu de l'inflation (1,5% en moyenne par an sur 2011-2013) et de la hausse envisagée des cotisations retraite, signifie une "sacrée amputation du salaire des fonctionnaires", poursuit-il.
"Si on augmente la cotisation, que se passe-t-il pour le pouvoir d'achat des fonctionnaires, qui sont déjà à la diète depuis plusieurs années?", s'est interrogé Jean-Louis Malys, secrétaire national de la CFDT, en marge du congrès de son syndicat. "Les fonctionnaires sont des salariés comme les autres, qui consomment... ou pas", rappelle Jean-Marc Canon. "Que se passera-t-il pour la croissance française si cinq millions de ménages arrêtent de consommer ?", ironise-t-il.
http://www.lexpansion.com/economie/actualite-economique/pourquoi-le-salaire-des-fonctionnaires-risque-de-baisser_233729.html
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