2,6 millions de fonctionnaires étaient appelés à protester contre la baisse de leurs salaires, décidée par le gouvernement socialiste de José Luis Zapatero pour tenter d'enrayer la dégradation des déficits publics. Une soixantaine de manifestations était prévues dans tout le pays.
Les fonctionnaires espagnols ont fait grève mardi et manifesté contre la baisse de leurs salaires, premier test social pour le gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero qui risque d'être bientôt confronté à une grève générale en pleine cure d'austérité.
Syndicats et gouvernement ont livré à la mi-journée des estimations très divergentes, les premiers assurant que la grève était suivie à 75% dans la matinée, contre seulement 10,99% selon la secrétaire d'Etat à la Fonction publique Consuelo Rumi. Mme Rumi a souligné que son estimation n'incluait pas les secteurs santé et éducation, qui fournissent le gros des bataillons de fonctionnaires, car ils sont gérés par les régions autonomes qui n'avaient fourni d'estimation. Le gouvernement "aurait tort d'entrer dans une guerre de chiffres car le malaise de milliers de travailleurs ne peut se mesurer au suivi d'une grève, il est beaucoup plus profond", a averti un responsable d'UGT, Julio Lacuerda.
"La crise, que la payent les coupables!"
A Madrid, où un grande manifestation était prévue en fin d'après-midi, des milliers de fonctionnaires ont protesté dans la matinée devant certains ministères aux cris de "Zapatero démission!", "Zapatero rend l'argent!", dans un concert de sifflets, a constaté l'AFP. "La crise, que la payent les coupables!", lisait-on sur une pancarte devant le ministère de l'Economie. "J'ai voté pour Zapatero lors des deux dernières élections, à présent je vais y réfléchir, même si je pense que la droite est pire", grognait José, jardinier municipal de 54 ans, qui va perdre chaque mois 60 euros.
Une soixantaine de manifestations était prévues dans tout le pays. Au total, 2,6 millions de fonctionnaires étaient appelés à cesser le travail. Ils protestent contre les mesures d'austérité décidées par le gouvernement pour tenter d'enrayer la dégradation des déficits publics qui se sont envolés à 11,2% du PIB en 2009 et fragilisent l'Espagne sur les marchés. Le gouvernement leur impose une baisse de salaires moyenne de 5% dès le mois de juin et leur gel pour 2011.
M. Zapatero, qui entretenait jusqu'à présent de bons rapports avec les syndicats, s'est résolu à ces mesures sous la pression des marchés et des grands pays de la zone euro. Le patron des patrons espagnols, Gerardo Diaz Ferran, a jugé mardi la grève des fonctionnaires "inopportune", estimant que ces derniers avaient bénéficié de hausses de salaires excessives en 2009.
Cette journée de mobilisation pourrait n'être qu'une répétition avant une probable grève générale, que CCOO a estimé la semaine dernière "inévitable". Les syndicats menacent de faire descendre tout le monde dans la rue si le gouvernement adopte une réforme du marché du travail trop dure pour les travailleurs. L'exécutif a annoncé qu'il présentera un projet le 16 juin faute d'improbable accord préalable entre partenaires sociaux.
Il souhaite notamment de réduire la forte dualité entre travailleurs stables et précaires, alors que le taux de chômage dépasse 20%, le double de la moyenne de la zone euro. Le gouvernement envisagerait de faciliter le recours au licenciement économique pour les entreprises et de réduire son coût.
http://www.lexpansion.com/economie/actualite-economique/les-fonctionnaires-espagnols-en-greve_233706.html
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