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06/06/2010

On a inventé la vie synthétique

La création de la première cellule vivante dotée d'un génome synthétique a été dévoilée jeudi, ouvrant la voie à la fabrication d'organismes artificiels, selon les auteurs de la recherche réalisée au États-Unis.

«Il s'agit de la création de la première cellule vivante synthétique, au sens où celle-ci est entièrement dérivée d'un chromosome synthétique», explique Craig Venter. Le créateur de l'Institut du même nom est le coauteur du premier séquençage du génome humain, rendu public en 2000. «Ce chromosome - élément porteur de l'information génétique contenant un groupe de gènes de l'organisme - a été produit à partir de quatre flacons de substances chimiques et d'un synthétiseur, et tout a commencé avec des informations dans un ordinateur», poursuit-il, qualifiant ce succès d'«étape importante scientifiquement et philosophiquement». Cette percée «change ma vision de la définition de la vie et de son fonctionnement», ajoute ce chercheur. En 2008, lui et son équipe avaient annoncé avoir fabriqué un génome bactérien 100% synthétique en collant des séquences d'ADN synthétisées afin de reconstituer le génome complet de la bactérie mycoplasmes genitalium. Il avait ensuite été transplanté dans une autre bactérie, mais sans que celle-ci ne puisse fonctionner.

À partir de deux techniques datées de 2008

Pour créer une cellule contrôlée par un génome synthétique, les chercheurs ont repris ces deux techniques élaborées en 2008. Le génome qu'ils ont fabriqué est la copie d'un génome existant, celui de la bactérie mycoplasme mycoïde, mais avec des séquences d'ADN supplémentaires pour l'en distinguer. Ils ont ensuite transplanté ce génome synthétique dans une autre bactérie, appelée microplasme capricolum, réussissant à «activer» ses cellules. «Si ces techniques peuvent être généralisées, la conception, la synthèse, l'assemblage et la transplantation de chromosomes synthétiques ne seront plus des obstacles aux progrès de la biologie synthétique», écrivent-ils.

Des vaccins à l'étude

C'est ainsi que selon Craig Venter, ces chercheurs vont tenter de concevoir des algues capables de capturer le dioxyde de carbone (CO2), principal gaz à effet de serre, et de produire de nouveaux carburants propres. Des recherches sont aussi en cours notamment pour accélérer la production de vaccins, fabriquer de nouvelles substances chimiques, des ingrédients alimentaires et des bactéries capables de purifier l'eau. Le Craig Venter Institute a déposé des brevets recouvrant certaines des techniques décrites dans les travaux publiés jeudi.

«Boîte de Pandore»

Qualifiant ces travaux de «boîte de Pandore», Pat Mooney, directeur de l'ETC Group, organisme international privé de surveillance des technologies dont le siège est au Canada, estime que «la biologie synthétique est un champ d'activité à haut risque mal compris motivé par la quête du profit». «Nous savons que les formes de vie créées peuvent devenir des armes biologiques et menacer aussi la biodiversité naturelle», ajoute-t-il. Même perplexité et inquiétude à Rome où de hauts prélats catholiques italiens se sont prononcés contre «un saut dans l'inconnu» potentiellement «dévastateur». «C'est la nature humaine qui donne sa dignité au génome humain, ce n'est pas l'inverse. Le cauchemar à combattre est la manipulation de la vie, l'eugénétique»», a estimé MgrMogavero.

http://www.letelegramme.com/ig/generales/france-monde/monde/sciences-on-a-invente-la-vie-synthetique-22-05-2010-925243.php

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