BP, et l'industrie pétrolière dans son ensemble, négligent les règles de sécurité. Résultat : une marée noire sans précédent qui pourrait bien ne pas rester isolée, vu l'état des diverses installations, l'absence de contrôle et la cupidité de certains responsables. Mais, au fait, ça ne vous rappelle rien ? La crise...
BP n'a pas fauté, elle a joué à la roulette russe... en pointant son flingue sur nos tempes. La firme était au courant que ses installations de forage étaient foireuses et qu'elles risquaient l'explosion à tout moment. Depuis des années. Mais elle n'a rien fait. Elle n'a rien contrôlé, elle n'a rien surveillé, elle n'a rien réparé. Les contrôles de l'administration ? D'une indépendance sans égale : certains rapports étaient rédigés par les compagnies elles-mêmes, sans parler des menus avantages en nature concédés aux "enquêteurs". Point de corruption (oula non, comme vous y allez !) juste quelques menus cadeaux d'affaires. Dont voici le résultat.
Garcimore au secours de BP
C'est terrifiant. D'une part, la fuite de Louisiane est une des plus grandes catastrophes environnementales et économiques de tous les temps (11 morts, 2 à 5 000 mètres cube de brut s'échappent quotidiennement depuis 45 jours). D'autre part, les révélations quasi-quotidiennes de la presse US montrent qu'il ne s'agit en rien d'un mauvais coup du sort. Au contraire, BP et la plupart des compagnies pétrolières négligent tellement leurs installations que ce genre de drame n'a finalement rien d'étonnant.
Enfin, la réaction du pétrolier suite à l'explosion est tout bonnement... ridicule. N'est-ce pas l'admirable amiral Thad Allen, chargé de coordonner les opérations pour BP, qui proposait - sans rire - "d'injecter sous très haute pression un tas de débris, des morceaux de pneus, des balles de golf et d'autres choses du même genre pour stopper la fuite" ? Et pourquoi pas des Tampax, pendant qu'on y est ? En bref, rien n'était prévu, pas plus du côté des pétroliers que de l'administration US. Et il a fallu improviser sur toute le ligne.
Crise environnementale contre crise économique
Les conséquences de ce drame se feront ressentir pendant des années, voire des dizaines d'années. Mais, au fait, ça ne vous rappelle rien ? La crise... Des spéculateurs en costume cravate, tout aussi délicieux, qui étaient tout aussi au courant des risques quasiment inéluctables qu'ils faisaient courir à l'économie mondiale, et qui continuaient de continuer, en se disant que ça finirait bien par passer. Et pouf ! Le forage économico-immobilier a cracké. Deux ans après, les banques vont bien, renflouées par les multiples opérations "Top Kill" de colmatage des fuites de liquidités. Enfin... il faut le dire vite car en réalité, rien n'a changé. Les banques refourguent à nouveau leurs contrats de type "subprime", autant sinon plus qu'avant crise. La spéculation a repris de plus belle, en bien pire (voir ici, ici et là), et les promesses de moralisation du capitalisme sautent les unes après les autres, comme de vulgaires couvercles de boue injectés au centre d'un cratère de forage pétrolier... Et, cette fois, ce ne sont pas les oiseaux qui restent englués, couverts d'une épaisse couche de bitume, ce sont les populaces de tous horizons.
Ironie du sort, ce drame intervient au moment où, suite à l'éruption du volcan islandais et aux perturbations du trafic aérien européen en découlant, de plus en plus de courageuses voix s'élevaient pour réclamer l'abrogation pure et simple du principe de précaution. Curieux, on ne les entend plus guère, ces rebelles peu précautionneux... peut-être se sont-ils organisé une petite partie de pêche en Louisiane ?
Le jour où l'on aura compris que "la santé dépend plus des précautions que des médecins" (Jacques-Bénigne Bossuet), alors les choses changeront vraiment. En attendant la prochaine catastrophe. Economique, nucléaire, sanitaire (OGM, nanotechnologies), ... ? Faites vos jeux, les jeux sont faits, rien ne va plus... Non, rien ne va plus !
(Article publié sur le site "Les mots ont un sens")
http://www.lesmotsontunsens.com/maree-noire-crise-economique-l-inconscience-atteint-ses-limites-7466
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