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07/06/2010

La solution de Bruxelles à la crise : toujours plus du même !

Laurent Pinsolle

Il fallait être bien accroché hier pour suivre l’actualité européenne. Le Monde nous a appris coup sur coup que Jean-Claude Trichet souhaite la création d’une fédération budgétaire puis que la Commission souhaite que la SNCF devienne une société anonyme.

La menace fédéraliste

Les déclarations d’hier lèvent le léger voile qui peut subsister pour certains. L’interview du président de la BCE est proprement hallucinante. Quand on lui demande si l’euro est en danger, Jean-Claude Trichet dresse un petit bilan rapide, où il tire deux éléments de succès, l’inflation inférieure à l’objectif de 2% et le fait que « cette capacité de préserver sa valeur est un élément capital pour la confiance des investisseurs domestiques et étrangers ». On voit bien où sont ses priorités. Le chômage et la croissance n’ont aucune importance du moment que les investisseurs sont satisfaits…

Puis, l’ancien président de la Banque de France, après avoir constaté que nous avons construit une « fédération monétaire » en appelle à une évolution vers une « fédération budgétaire ». Pourtant, en 1992, on nous avait assuré que l’Europe n’évoluait pas vers un modèle fédéral et qu’adopter une monnaie unique n’était pas une perte de souveraineté puisque nous ne pouvions déjà plus mener la politique que nous souhaitions… C’est exactement ce que les opposants au traité de Maastricht annonçaient lors de la campagne référendaire et que ses partisans refusaient d’admettre.

La menace néolibérale

C’est bien le seul avantage de ces technocrates européens : ils expriment tout haut ce que les hommes politiques qui les soutiennent n’osent jamais dire aux citoyens. Et ce n’est pas tout, la Commission de Bruxelles souhaite également que la SNCF devienne une simple Société Anonyme et renonce à son statut d’établissement public qui représente une garantie de facto de l’Etat qui lui permet d’emprunter à de meilleures conditions. Pire la Commission veut avancer la date de fin de monopole de la SNCF et de la RATP sur les trains de banlieue, le RER et le métro de 2039 à 2030.

Cette demande amène deux remarques. Tout d’abord, il faut se demander qui, en France, a accepté la fin de ce monopole et s’il y a eu un débat sur ce sujet. Ensuite, comment ne pas s’interroger sur les motifs d’une telle libéralisation ? La privatisation du rail a été une catastrophe en Grande-Bretagne. Et s’il y a bien un domaine qui est un monopole naturel, c’est bien le transport ferroviaire, avec la lourdeur de ses investissements. La privatisation de ce secteur économique n’a aucun sens. Mais Bruxelles n’en a cure, enfermée qu’elle est dans ses dogmes économiques.

La résistance s’organise

Heureusement, les projets des eurocrates ont pour l’instant peu de chances de voir le jour. Si l’Allemagne a acceptée d’être « violée » sur le plan de soutien à la Grèce, il est totalement improbable qu’elle accepte le moindre système de fédération budgétaire qui représenterait pour elle le risque de payer encore plus pour les autres. La fourmi Allemande n’aura guère envie de payer pour les cigales du Sud… Et la Grande-Bretagne demeure allergique à toute forme de transfert de sa souveraineté nationale vers les technocrates européens. Voici deux garde-fous solides.

Car il y a tout de même quelque chose d’hallucinant à voir Bruxelles demander à poursuivre exactement dans la même voie alors que l’Europe va de plus en plus mal. Nous nous sommes pris un mur, mais les technocrates européens ne voient pas pourquoi il faudrait changer de direction. Continuons vers plus de supranationalité et plus de libéralisation même si cet agenda n’a vraiment pas réussi à l’Union Européenne depuis une dizaine d’années. L’absence totale de remise en cause rappelle les dirigeants de l’Union Soviétique de la fin des années 80.

http://www.observatoiredeleurope.com/La-solution-de-Bruxelles-a-la-crise-toujours-plus-du-meme-_a1385.html

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