Les chiffres de janvier viennent doucher les espoirs d'une stabilisation du chômage. Face à cette alerte rouge sociale, il devient urgent d'aider les chômeurs en fin de droits. Il faut aussi renoncer à se lancer dès les prochains mois dans une politique de rigueur.
Mercredi 24 février 2010 ont été publiés les chiffres du chômage de janvier. Et ils ne sont pas bons. Le nombre des chômeurs qui cherchent un emploi sans avoir travaillé du tout pendant le mois, la catégorie A comme on dit, a progressé de 19 500 personnes et, surtout, celui de ceux qui sont inscrits à Pôle emploi dans les différentes catégories (ils sont 4 400 000) a augmenté lui de 51 000 personnes. On n'avait pas vu de hausse aussi importante depuis l'été dernier. Ces chiffres douchent les espoirs qui avaient pu être émis lorsqu'on avait annoncé il y a quelques semaines une baisse du chômage en décembre.
Cela avait semblé être une bonne surprise, et le gouvernement y avait vu un premier résultat encourageant de son action... Eh bien, en fait, non. Les chiffres publiés hier corrigent l'annonce qui avait été faite alors : le chômage n'avait pas vraiment baissé avant Noël, il avait seulement augmenté très légèrement... Mais au-delà, quand on regarde le détail des chiffres de janvier, l'évolution du chômage apparaît particulièrement inquiétante : le nombre de chômeurs inscrits à Pôle emploi depuis plus d'un an progresse encore de 36 000 en janvier. Ils représentent désormais plus d'un chômeur sur trois. Autre élément peu rassurant, on compte aussi maintenant 660 000 chômeurs de plus de cinquante ans, 120 000 de plus qu'il y a un an... Or ces chômeurs âgés n'ont à peu près aucune chance de trouver un emploi avec la situation du marché du travail actuelle. Ces évolutions rendent d'autant plus urgent de trouver une solution à la question de l'indemnisation des chômeurs en fin de droits, c'est-à-dire ceux qui cessent de toucher une indemnisation de la part de l'Unedic, parce que cela fait trop longtemps qu'ils sont au chômage.
Patronat et syndicats se retrouvent vendredi 26 février avec le gouvernement pour décider de ce qui sera fait. Ces chômeurs en fin de droits vont être un million cette année et 400 000 d'entre eux au moins n'auront droit à aucune des prestations sociales existantes. D'où une perte de pouvoir d'achat massive. Si on leur versait de l'ordre de 500 euros par mois, cela représenterait une dépense supplémentaire de 2,2 milliards par an. C'est certes non négligeable dans l'état actuel des finances publiques, mais ce n'est quand même pas grand-chose à côté des sommes mobilisées l'an dernier pour venir au secours des banquiers. Et ce ne serait quand même que justice d'utiliser les rentrées de la nouvelle taxe sur les bonus des traders pour indemniser un peu mieux les principales victimes de la crise.
Au-delà, il est difficile d'être optimiste pour les prochains mois. Ces mauvais chiffres du chômage interviennent après des mauvais chiffres de la consommation en janvier, − 2,7 %, une baisse beaucoup plus importante que prévu, et la crise grecque ne va pas manquer d'avoir des répercussions négatives sur toute la zone euro. Chez nos voisins allemands, le chômage a d'ailleurs déjà bondi en janvier dernier, avec 342 000 chômeurs de plus. Cette situation appellerait un virage à 180 degrés dans les politiques françaises et européennes. Que la Grèce, l'Irlande, le Portugal et l'Espagne doivent se serrer vraiment la ceinture, cela se comprend au vu de leurs errements passés. Mais si en plus l'Allemagne et la France s'engagent elles aussi dans des politiques d'austérité comme on a prévu de le faire pour l'instant, l'Europe court à la catastrophe sociale...
Retrouvez la chronique de Guillaume Duval sur France Inter ici
http://www.alternatives-economiques.fr/-chomage---alerte-rouge_fr_art_633_48135.html?PHPSESSID=2acrhrr1moi8prsklggm10t2a4
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