Le 15 septembre 2008 et l’implosion de la bulle des subprimes marque l’entrée dans une ère nouvelle. D’abord parce que les peuples ébahis découvrent que la puissance de l’Amérique repose essentiellement sur une méga-industrie de la dette, laquelle repose elle-même sur un prodigieux échafaudage de falsifications quant à la valeur des biens gagés ou engagés. L’industrie financière globalisée vient en fait de montrer son hideux visage, celui d’un parasite de l’économie réelle, de l’économie productive centrée sur l’Homme et sur le développement des sociétés. Un « parasite » ou un « cancer » en passe de détruire la civilisation et le monde par un pillage sans limites des ressources naturelles et par les guerres qui accompagnent inévitablement la course hallucinée aux contrôles de ces richesses, particulièrement, la lutte inexpiable pour le contrôle des énergies fossiles, pétrole, gaz, charbon, unique et indispensable carburant de l’économie-monde… Qui contrôle les sources d’énergies, leur transport et leurs voies d’acheminement, qui en règle les prix, domine le monde !
L’amorce d’une « reprise » durant l’été 2009, le remboursement accéléré des dettes par les établissements bancaires, au demeurant renfloués par les deniers publics, montrent que non seulement le système n’a aucune envie de s’amender, mais qu’aucune réforme fondamentale n’est envisagée. Pour apaiser l’opinion, on lui jette en pâture les prétendus paradis fiscaux en omettant d’évoquer les États satellites des citadelles financières que sont l’état du Delaware, les Îles anglo-normandes, l’île de Man… et plus encore l’île de Manhattan et la Cité de Londres elles-mêmes. Chaque place financière crée son clone en extraterritorialité juridique pour se doter d’un avantage comparé au profit de ses seules exportations. Hong Kong ne saurait exister sans Macao, pas plus que la City sans les Îles Vierges.
Partant de la situation présente, quels enseignements tirer de la « crise » quant au système économique et financier mondial ? Et au-delà quant au « système d’économie-monde » dans ses relations et ses interactions avec le biotope, l’environnement, le vivant en général dont la dégradation accélérée est, hélas, constatable partout et par tous… cela indépendamment de l’actuel dérèglement climatique qui fait débat ?
En quoi cette crise « systémique » multiforme, est-elle ainsi révélatrice d’une réalité cachée, ou en tout cas bien peu visible, jusqu’à l’effondrement du 15 septembre 2008 ? Il faut en réalité considérer l’architectonie de la crise dans sa dimension « globale », c’est-à-dire très au-delà de ses seuls aspects financiers ou de ses premières conséquences économiques… En effet, la bourse aujourd’hui se porte bien alors qu’avec la propagation de l’onde de choc du 15 septembre 2008, la vraie crise arrive, elle, avec retard… autrement dit, sachons que le tsunami économique et social n’a pas encore déferlé.
Des effets différés qui vont se cumuler ou interagir avec d’autres crises latentes qui vont être alors actualisées voire exacerbées… au bout du compte, de ruptures en ruptures nous allons, en toute logique systémique, nous retrouver à une périlleuse croisée de houles scélérates…
Crises financière, économique, sociale, sociétale d’un côté, de l’autre écologique et alimentaire… avec à l’arrière plan des guerres de l’eau (la crise du Darfour, ce carrefour pétrolier, est aussi l’une des premières guerres de l’eau du XXIe Siècle) ; des crises sanitaires aiguës telles des pandémies bien réelles ou d’autres manipulée pour en faire des diversions médiatiques ; enfin des guerres énergétiques avec embrasements régionaux à la clef, autant de foyers de prolifération d’un terrorisme utile à justifier toutes les ingérences aboutissant in fine à l’émergence d’authentiques États voyous comme le nouvel État afghan, un narco-État premier producteur mondial d’héroïne !
Faut-il de ce point de vue, et dès à présent, parler d’une nouvelle guerre mondiale larvée ? Guerre de basse intensité dont les enjeux seraient les matières vitales nécessaires au moteur économique universel et à satisfaire la voracité de sociétés démesurément technophages, cela au prix fort, au prix d’une mort prévisible de pans entiers de la Planète ?
Nous assistons donc bien à une rupture civilisationnelle se traduisant par un désordre non seulement sociétal, mais encore biologique et environnemental croissant : destruction massive des espaces naturels, exploitation intensives voire mise en coupe réglée des ressources naturelles et des terres arables, déforestation massive, épuisement des réserves halieutiques, mort des mers et des océans dont l’acidification progresse de façon vertigineuse, pollution généralisée, empoisonnement de l’air et des eaux souterraines, incapacité d’éliminer ou de simplement gérer les déchets d’un système essentiellement productiviste-consumèriste… Les scientifiques parlent sans être contredits d’une « Septième extinction des espèces », plus rapide et plus complète que toutes les précédentes identifiées au cours des âges géologiques. Les signaux d’alerte sont au rouge, mais sur le fond rien ne bouge.
À cela s’ajoute et se combine, une crise alimentaire sous-jacente liée à des pénuries réelles ou également systémiques (emprise des géants de l’agriculture imposant des normes industrielles à l’instar du semencier Monsanto, mais surtout spéculations sur les marchés et fluctuations erratiques des cours) ; des crises sanitaires présentes ou à venir, l’humanité vivant maintenant sous la menace de pandémies bien réelles… Un risque engendré par l’industrialisation à outrance des productions agricoles et singulièrement par des modes d’élevage concentrationnaire avec en arrière plan la « financiarisation » d’un secteur pourtant vital pour la vie des hommes ; un secteur dans les faits soumis aux mêmes normes et aux mêmes règles de rendement financier, aux mêmes rythmes que les industries ordinaires. Or le travail de la terre n’est pas et ne sera jamais une « industrie » au sens propre du terme, que l’Organisation Mondiale du Commerce le veuille ou non, parce qu’on ne peut « forcer » la nature au-delà de certaines limites. Car l’agriculture moderne désormais tue littéralement les sols désertés de toute présence biologique, de toute vie micro organique, après avoir été lessivés par des épandages irraisonnés d’intrants, engrais et pesticides. Certes nous mangeons « mieux, mais à quel prix : l’obésité et le cortège des maladies dégénératives cancers en tête…
Visiblement, nombreuses sont donc les lignes mortelles qu’un système dérégulé et déréglé a franchies en toute inconscience ou pire, avec un complet cynisme… Après nous le déluge !
Quelles réponses à ce nouveau désordre international ? Les uns voient là l’occasion de promouvoir un néo-communisme ! Les autres croient avoir découvert la panacée dans le capitalisme vert, lequel n’est en fait que le dernier avatar d’un anarcho-libéralisme ayant pour habitude de surfer sur les vagues successives des nouveaux secteurs économiques en vogue, lesquels font aussitôt l’objet d’une spéculation frénétique créant illico de nouvelles « bulles ». Souvenons-nous de la bulle Internet qui éclate en mars 2000, précurseur de la crise des crédits hypothécaires à risques, nos fameux subprimes…
Les dernières grandes peurs millénaristes globales, largement artificielles et/ou politiquement instrumentées que sont le « Terrorisme », le réchauffement climatique et les pandémies, constituent in fine autant de moyens d’ouvrir de nouveaux marchés et de créer de vastes débouchés aux industries aujourd’hui florissantes de la sécurité, aux industries de la séquestration du carbone et des énergies renouvelables, aux industries de la pharmacie dopées par une conjoncture de pleine aubaine ! Il est donc temps de faire la peau aux fausses solutions, aux fausses sorties de crise qui ne feront au bout du compte que nous y enfoncer davantage…
http://www.geostrategie.com/2268/l%E2%80%99onde-de-choc-du-15-septembre-2008-et-le-continuum-des-crises
Sem comentários:
Enviar um comentário