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24/12/2009

L'ennemi

C'est en Allemagne que ça se passe mais ne doutez pas une seconde que c'est à nos portes.

"Les magasins "sociaux" se multiplient en Allemagne"
Dans tout le pays, ces commerces caritatifs connaissent un véritable essor. On estime leur nombre à 350 et, chaque mois, de nouveaux magasins ouvrent leurs portes. Les experts des grandes organisations caritatives mettent cette évolution sur le compte d'Hartz IV, une réforme très controversée entrée en application en 2005 et qui a durci les conditions d'indemnisation des chômeurs de longue durée. (...)
En même temps, plusieurs études attestent d'une stagnation des salaires depuis plusieurs années et d'une montée des inégalités outre-Rhin. Depuis le début des années 1990, le salaire net a très peu progressé et la proportion de la population qui n'a pas ou très peu de patrimoine a vu sa contribution à la richesse nationale baisser de 1,5 % entre 2002 et 2007."

La paupérisation jette donc de plus en plus de catégories sociales vers ces magasins pour très nécessiteux qui poussent comme champignons dans cette Allemagne dont on ne cesse de nous vanter depuis des années le "dynamisme" économique ; hors, quand on entend le mot "dynamisme", il faut toujours, toujours entendre : libéralisme. Et jamais celui ou celle qui emploie ce mot ne parlera de l'inévitable corollaire de tant d'élan enthousiaste : la pauvreté. Cette pauvreté endémique qui ronge tous les pays occidentaux et se propage comme un cancer de nos sociétés en sapant toutes les bases sociales, toutes les solidarités et est devenue une arme de terrorisme idéologique pour faire se tenir tranquilles les masses laborieuses.

Hein ? Ça vous semble un peu trop vintage, comme expression, "masses laborieuses" ? C'est comme "lutte des classes", ça vous évoque comme un parfum suranné, des fragrances d'une époque révolue aux couleurs sépia, voire même une sorte de nostalgie de l'après-guerre et de Trente Glorieuses qui serait aujourd'hui complètement dépassée, n'est-ce pas, puisqu'on a le Wi-Fi et des parkas en Gore-Tex...
Vous êtes soit très stupides, soit très naïfs, soit les deux en même temps.
Et votre aveuglement, même si il est très largement dû au lavage de cerveau de ces trente dernières années qui a consisté à accréditer l'idée de la disparition des classes sociales et à déclarer que partant, il n'y avait plus nulle "lutte" d'intérêts antagonistes entre elles, n'est pas pour autant excusable, pour la bonne et simple raison que ces masses en questions, vous en faites partie.
Vous avez des diplômes ? Vous avez de l'éducation, voire même un vernis de sophistication, vous allez voir vos films en VO, vous triez vos déchets et vous vous pensez fort loin de l'ouvrier crasseux et un peu con ? Vous ne possédez que quelques hochets symboliques, des caractères de distinction qui n'empêchent pas le moins du monde que sur le strict plan économique et social, vous êtes dans le même bain que les autres. Se raccrocher à son catalogue Ikéa et à la filmographie d'Almodovar n'empêchera pas la glissade dans le grand mouvement descendant que tous connaissent ou vont connaître dans les années qui viennent ; mais au fond, ce que j'écris là, vous le savez déjà...

Mais cette conscience, angoissante et douloureuse, du paupérisme qui guette ne va pas, du moins pas encore, jeter les fameuses masses dans les bras de la radicalité politique. Les prolos désespérés vont chercher le sursaut dans la démagogie de droite sans se rendre compte qu'ainsi ils votent pour ceux qui les brisent ; les classes moyennes éduquées vont reculer jusqu'au dernier moment, celui où il sera peut-être trop tard, et continuer de faire absurdement confiance aux sociaux-démocrates, soit dans leur version solférinesque, soit dans les supplétifs rabatteurs de voix de ceux-ci, FdG ou Europe Écologie...

1 000 000 de chômeurs en fins de droits en 2010, voilà qui va fournir de nouveaux bataillons de braves pauvres plein d'entrain qui vont aller faire un tour dans les prochains magasins "sociaux" qui seront la nouveauté française de l'année prochaine ; puisque de plus en plus de gens ne pourront même plus bouffer en achetant de la merde dans les hard-discount. La précipitation de pans entiers de la population dans une survie indigne alors que nous vivons dans des pays riches qui préfèrent renflouer des banques à coups de milliards dont on nous expliquait il n'a encore un an qu'ils ne se trouvaient nulle part : la voilà, la réalité sociale et politique du libéralisme. Ce libéralisme dont toutes les "élites" ne peuvent même plus envisager de se passer et encore moins envisager de le balancer dans les poubelles de l'Histoire où il a pourtant toute sa place. Et qui vont encore et toujours nous expliquer que c'est "moderne", que c'est le "progrès", que c'est "la seule solution raisonnable", et dont le message sera inlassablement relayé par tous les abrutis libéraux dans les colonnes des journaux, dans les blogs, dans les bureaux et les hôpitaux, et par ce collègue avec qui vous discutez autour de la machine à café...

Il faut se mettre dans la tête que ce type est votre ennemi. Le libéral, aussi mielleux et sympathique qu'il puisse paraître, est un ennemi, votre ennemi. Qu'ils soit bourgeois cynique ou perroquet de la domination, il défend une idéologie qui veut votre perte et qui travaille activement à votre chute. Il ne faut plus le considérer comme un "adversaire" honorable ni même comme un "égal" ni chercher à discuter raisonnablement avec lui, il en est de toute façon incapable puisque tellement bouffé par sa vulgate qu'il ne peut plus changer. Fini, la "pédagogie". Terminé, le "dialogue". Aux chiottes, la "tolérance". Pas avec ces gens là. Pas avec eux. Libéral = ennemi, point barre.

C'est le moment des bonnes résolutions paraît-il. Alors que cette fin d'année coïncide enfin avec le sursaut de conscience le plus vaste, pour identifier les vrais coupables, pour tourner les têtes dans les bonnes directions, par cette résolution d'arrêter de penser qu'il est encore possible de discuter avec ces gens et les placer dans la case qu'ils méritent : celle des gens dont il faut stopper la démence à tout prix, en les combattant le plus férocement possible, tout simplement parce que notre survie en dépend.

http://comite-de-salut-public.blogspot.com/2009/12/lennemi.html

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