La négociation a été moins ardue que prévu. Il a fallu moins d’une heure de dîner aux chefs d’État et de gouvernement des Vingt-Sept pour pourvoir aux nominations aux deux postes créés par le traité de Lisbonne. Le premier ministre du royaume de Belgique, Herman Van Rompuy, devient président du Conseil européen. Et la baronne Catherine Ashton of Upholland a été désignée haute-représentante de l’Union à la politique étrangère et de sécurité. C’est-à-dire chef de la diplomatie. La nomination de cette Britannique doit encore être acceptée par le Parlement.
« Le débat institutionnel est clos pour une longue période », s’est félicité Herman Van Rompuy. Depuis 2001, l’UE tentait de transformer ses institutions pour faire face à son élargissement. Le passage en force sur le traité de Lisbonne permet aux dirigeants de ne plus se pencher sur la nécessaire réorientation de l’UE, alors que 57 % des électeurs se sont abstenus en juin dernier, lors des élections européennes. La décision a été prise par consensus. Les personnalités choisies sont « peu connues du grand public », constatait hier la Gauche unitaire européenne. Toute la semaine, le mode de désignation a été critiqué. Ainsi, l’une des candidates à la présidence du Conseil, la Lettone Vaira Vike-Freiberga, a dénoncé une UE qui « fonctionne comme l’Union soviétique ». Á ce genre de critiques, Van Rompuy répondait sans rire qu’il avait été désigné par des « chefs de gouvernement élus démocratiquement », selon la procédure du traité de Lisbonne, ratifié « de manière démocratique » par les 27 États.
Ce traité, promettaient ses partisans, devait permettre à l’UE de mieux fonctionner et de s’imposer sur la scène internationale. La désignation de personnalités de second rang en rabat sur cette ambition. Président du Conseil, Herman Van Rompuy aura pour tâche de faire aboutir les négociations entre États. Il a été choisi pour sa capacité à avoir rassemblé Flamands et Wallons dans son propre pays. Or, à Bruxelles, un compromis n’est rien d’autre qu’un synonyme de grande coalition entre droite et socialistes. Le choix de l’ex-commissaire au commerce pour mener la politique extérieure est encore pis. La nomination de Cathy Ashton est une concession aux Britanniques, qui n’ont pu faire élire Tony Blair au poste de président du Conseil. Bien que le Royaume-Uni ait refusé que le haut-représentant ait le titre de ministre des Affaires étrangères de l’UE, c’est à ce pays que va le portefeuille.
Ce choix par défaut vient écarter le candidat des eurodéputés socialistes, l’ancien ministre italien des Affaires étrangères Massimo D’Alema. Ce dernier était jusqu’à la veille pressenti pour le poste qui revenait aux socialistes. Mais il faisait l’objet de critiques dans les capitales est-européennes du fait de son passé communiste. La presse italienne mais aussi la presse britannique font état de pressions israéliennes contre lui, jugé trop proche des Palestiniens. Dans l’après-midi de jeudi, les chefs de gouvernement socialistes ont désigné la travailliste Cathy Ashton, qui faisait partie du gouvernement Blair lors du lancement de la guerre en Irak. Pas sûr que l’UE développe une politique étrangère indépendante des États-Unis. De plus, la représentation de l’UE sera assurée par les présidents du Conseil et de la Commission, ainsi que la haute-représentante. Une situation illisible hors du continent.
L'Humanité - 20.11.09
Sem comentários:
Enviar um comentário