Quand les premières grandes banques (Lehmann Brother, Hypo Real Estate) ont déposé leur bilan, en 2008, les gouvernements ont prié les contribuables de passer à la caisse. Cette attaque armée de la bourse des citoyens a été qualifiée médicalement d’«injection de liquidités». On a prétendu urgent de «répandre des liquidités sur le marché», afin d’assurer la survie des «banques indispensables au système». L’argent ne serait prêté que passagèrement et «l’on résorberait par la suite les liquidités excédentaires.» Le pistolet dans le dos, les parlements ont approuvé les programmes d’urgence des «experts» gouvernementaux ou ont été ignorés. Car il s’agissait d’un «cas d’urgence». Sa justification n’a plus fait l’objet de discussions.
A peine un an après, Goldman Sachs, la Deutsche Bank et de nombreuses autres grandes banques se félicitent d’avoir enregistré de nouveau des bénéfices trimestriels très élevés. On apprend aussi qu’il vaut de nouveau la peine d’effectuer un négoce de titres à haut risque.
De nombreuses personnes se croient sur une autre planète. En effet, le chômage a augmenté en Europe et aux Etats-Unis, et les recettes des communes et des villes s’effondrent, parallèlement aux dépêches du monde financier qui annoncent des «succès». On entend fréquemment que les banques n’ont pas transmis à l’économie l’argent qu’elles ont récolté. Visiblement, la crise économique ne fait que se dessiner, elle n’est pas encore là. Néanmoins, la presse fait constamment état de dépêches économiques positives, de sorte que le lecteur est convaincu qu’il voit l’horizon s’éclaircir. L’endettement des principaux Etats occidentaux est tel qu’aucun expert ne croit plus à un remboursement, à quelque moment que ce soit. Les analystes stratégiques des banques se demandent publiquement, à l’instar de Spyros Andreopoulos de Morgan Stanley dans la «Neue Zürcher Zeitung» du 26 octobre, s’il ne conviendrait pas, à moyen terme et par l’intermédiaire des banques centrales, de mettre l’endettement public à l’arrière-plan en accroissant l’inflation.
Qu’est-ce à dire? La valeur de la monnaie doit diminuer pour que les Etats puissent s’endetter plus rapidement. On y parvient en mettant toujours davantage de monnaie en circulation, comme le fait actuellement le Royaume-Uni («quantitative easing»). Toutefois, l’Etat ne retire pas les liquidités excédentaires du marché comme il l’avait promis. Il en résulte que la croyance en la valeur de la monnaie fléchit et que chacun réclame davantage de monnaie pour ses produits. Les prix montent, mais non les salaires. Nous devrons donc travailler plus longtemps pour recevoir les mêmes prestations pour notre argent. Il s’agit donc d’une réduction indirecte des salaires. En bon français, on peut dire que l’argent est passé de notre porte-monnaie à celui de quelques autres personnes.
www.horizons-et-debats.ch - 16.11.09
À procura de textos e pretextos, e dos seus contextos.
21/11/2009
Subscrever:
Enviar feedback (Atom)
Sem comentários:
Enviar um comentário