L’enregistrement intégral et systémisé de toutes les données personnelles d’un individu pendant sa vie entière (images, sons, traces biographiques, écrits, emails, mais aussi idées, relations, weblogs, réseaux sociaux, déplacements GPS, données biométriques, paramètres biologiques et médicaux, données financières, etc…) est parfaitement envisageable, puisque la DARPA en a fait un programme officiel de recherche, LIFELOG (voir ailleurs plusieurs billets à ce sujet sur ce blog).
Non seulement cette tendance est déjà lancée, mais il est parfaitement clair que sous la pression de l’infostructure et des Etats, un plan d’ensemble pour la collecte systémique des données personnelles va inexorablement se mettre en place avec le soutien législatif approprié, sous divers prétextes (du déficit de la sécurité sociale à la lutte contre l’évasion fiscale ou contre la piraterie).
L’un des aspects de cette intéressante perspective est de nous promettre une sorte d’e-mortalité, ou plutôt d’e-immortalité. Ces données accumulées s’entasseront par exabytes et plus personne ne pourra s’aviser d’en réclamer la révision ou l’effacement.
On pourra notamment créer, à partir de ces données de toute nature, créer des robots symboliques capables de simuler ou de mimer quelqu’un après sa mort. On pourra le faire revivre non seulement en extrayant de la base de données accumulées sur lui ce qu’il ou elle pouvait dire ou faire le 14 juillet 2022 ou le 11 novembre 1999, mais, plus intéressant encore on pourra googliser tout ce fatras et fournir à la demande ce que le disparu pouvait bien penser de la cérémonie du thé, de la chute du mur de Berlin ou de la liberté nouménale selon Kant.
Bref, au lieu de continuer à se taper des tamagochis infantiles ou des programmes ELIZA de style psy lacanien, on pourra passer d’excitantes soirées à faire dialoguer les morts avec les vivants.
Le blog de Philippe Qéau - 20.07.09
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