Manlio Dinucci - Mondialisation.ca, Le 15 février 2011
A la manifestation « Se non ora, quando ? » (« Si ça n’est pas maintenant, quand ? » manifestations de dimanche 13 février dans toute l’Italie, pour la démission de S. Berlusconi, Ndt) à laquelle ont participé à Pise des milliers de personnes et surtout des femmes, les groupes locaux de Jaegerstatter et Emergency ont décidé qu’il était temps de soulever, dans un tract, la question de la « Journée de la solidarité » promue cette année encore par la Mairie. Ce dont il s’agit est expliqué par l’administration communale elle-même : garçons et filles des écoles maternelles, primaires et collèges sont conduits par leurs enseignants à la caserne de la Brigade Folgore, après avoir été « inscrits dans un projet d’une durée de deux mois, durant lesquels il sera possible de faire connaître les nombreuses problématiques reliées aux missions humanitaires et de paix dans les zones de guerre ». Il s’agit d’une « grande leçon pour tous les enfants : celle des valeurs et des droits humains », qui a culminé le 28 avril dernier, à la caserne de la Folgore, en une « joyeuse journée dédiée aux enfants et à la condition des enfants dans les zones de guerre », présidée par le maire Marco Filippeschi (Pd) (Partito democratico, nouveau « centre-gauche », Ndt).
Cette année la leçon sur les « missions humanitaires de paix » sera plus significative : le drapeau de guerre du 186ème Régiment de parachutistes Folgore a déjà été transporté le 7 février dernier en Afghanistan, et les premiers bataillons ont déjà été engagés dans les combats de la zone de Farah où les chasseurs alpins, que les paras doivent relever, ont déjà infligé « un bon nombre de pertes aux agresseurs ». Le gros (des troupes, Ndt) de la Folgore arrivera en Afghanistan au printemps pour affronter ce qui est annoncé comme une bataille des plus sanglantes. La « Journée de la Solidarité » du prochain 28 avril sera ainsi plus « joyeuse » encore.
En dehors de la légitime curiosité de savoir comment les experts de la Folgore expliquent aux enfants des écoles maternelles (3-6 ans, Ndt) les « nombreuses problématiques reliées aux missions humanitaires et de paix dans les zones de guerre », on pose dans le tract de Jaegerstatter et Emergency quelques simples questions à la Mairie et aux écoles. Etes-vous sûrs qu’un lieu où on entraîne les gens à l’usage des armes soit un endroit adapté aux enfants ? En Afghanistan, une patrouille italienne a tiré contre une voiture dans laquelle ne voyageaient que des civils, en tuant une jeune adolescente de 13 ans : raconterez-vous ces épisodes aux enfants, en leur parlant des « missions de paix » ? En 2010, la dépense militaire italienne a été de plus de 23.000 millions d’euros, tandis que la dépense pour l’école publique a été brutalement réduite : expliquerez-vous aussi cela aux enfants, pendant que vous les amènerez de l’école à la caserne ?
Qui s’est déchaîné contre Jaegerstatter et Emergency à cause de ces questions irrévérencieuses ? Non pas un bataillon d’assaut de la Caserne de la Folgore, mais Maria Luisa Chiofalo (Pd), adjointe municipale aux politiques socio-éducatives et scolaires, ainsi qu’à la culture de la légalité. Dans une lettre ouverte elle affirme que dans le tract « sont écrites des choses fausses », qu’ « il n’y a pas de paix sans vérité » et que « les mensonges engendrent la violence ». Elle soutient ainsi que de nombreux manifestants ont quitté le cortège après avoir lu le tract. Ce que Chiofalo craint est bien autre chose : l’an dernier, de nombreux parents ont refusé d’envoyer leurs enfants à l’école de « paix » à la caserne.
Brigade Folglore en Afghanistan, enfant afghan.
Source :
http://www.militaryphotos.net/forums/showthread.php?140960-Italian-troops-in-afghanistan/page4
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