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18/02/2011

« Sortons de l’euro pour mener de vraies politiques de gauche ! »

 Jacques Nikonoff

Les pays voulant stopper l’hyper-austérité et conduire de vraies politiques de gauche n’ont pas d’autre choix que de mobiliser les citoyens pour sortir de l’euro.
1 : La zone euro n’a jamais été et ne sera jamais une « zone monétaire optimale ».
Cinq critères sur lesquelles s’accordent les économistes sont nécessaires. Aucun n’était réuni à la création de l’euro, ni dix ans après : accord politique (large convergence sur les priorités de la politique macroéconomique) ; structures économiques suffisamment proches ; diversification de la production ; mobilité géographique des facteurs de production ; budget central important et mécanismes de redistribution.
2 : L’euro n’a tenu aucune des promesses faites par ses partisans et ne les tiendra pas plus à l’avenir.
Inflation et taux de change euro/dollar instable. L’euro « fort » divise l’Allemagne (qui y a intérêt), et les autres pays (qui cherchent à le faire baisser). N’y parvenant pas, ils écrasent les salaires et l’emploi, délocalisent, transforment l’euro en rouleau compresseur de la protection sociale pour être « compétitifs ». Une politique monétaire unique s’est appliquée à des situations nationales différentes. Les taux d’intérêt vont du simple au quintuple selon les pays. « Bouclier » de carton-pâte, l’euro attire la spéculation car il est engagé dans une course effrénée à l’attraction des capitaux. L’union monétaire devait déboucher sur l’union politique ; en réalité l’inverse s’est produit, partout les forces nationalistes, xénophobes, racistes, d’extrême droite progressent dans l’Union européenne (UE).
3 : L’euro confirme toutes les tares qui avaient été dénoncées par ceux qui avaient défendu le « non » de gauche à la monnaie unique lors du référendum sur le traité de Maastricht en 1992.
L’euro n’avait pas qu’une vocation monétaire, il était un prétexte pour forcer la main aux États et les contraindre à s’engager dans une voie fédéraliste. Il devait être la pièce centrale de la « dictature » des marchés financiers et de l’instauration d’un ordre monétaire néolibéral. La Banque centrale européenne (BCE) échappant à tout contrôle démocratique, l’euro était conçu comme vecteur de l’accélération de la circulation du capital au service exclusif des intérêts des classes dirigeantes.
Les mauvaises « solutions ».
Certains veulent un nouveau traité pour que, notamment, la BCE achète directement des obligations des États. Ce n’est pas crédible, en tout cas dans un délai bref. Car pour changer les traités il faut obtenir l’accord des Vingt-Sept. Comment croire que ces pays, dirigés par la droite ou la « gauche » social-libérale, se transmutent brutalement pour mener une politique de gauche à l’échelle européenne alors qu’ils mènent des politiques très à droite dans leurs pays respectifs ?
Ne pas laisser la bataille pour la sortie de l’euro dans les mains de l’extrême droite et des gaullistes de droite.
La gauche doit combattre clairement et frontalement l’UE qui fait partie des piliers de l’ordre néolibéral mondial, au même titre que l’OTAN, la Banque mondiale, le FMI, l’OMC et l’OCDE. La sortie de l’euro est une revendication de gauche qui permet de sortir de l’ordre monétaire néolibéral et de repolitiser la politique monétaire. Elle est la suite logique des combats de 1992 et 2005.
Si la sortie de l’euro est la condition nécessaire à des politiques de gauche, elle n’est pas suffisante.
Il faudra :
  • Annoncer le défaut de paiement et restructurer la dette.
  • Dévaluer.
  • Financer une partie de la dette publique par la politique monétaire.
  • Nationaliser les banques et les compagnies d’assurance.
  • Démanteler les marchés financiers spéculatifs, fermer les marchés obligataires, organiser le dépérissement de la Bourse.
  • Contrôler les changes et les mouvements de capitaux.
  • Lancer une nouvelle politique économique fondée sur le droit opposable à l’emploi, des mesures protectionnistes dans le cadre universaliste de la Charte de La Havane, une mutation écologique du mode de production.
  • Agir pour une monnaie commune.
  • Désobéir à l’UE.
Un pays qui appliquerait ce programme susciterait l’enthousiasme et un puissant effet d’entraînement.

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